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Indice de gouvernance : L’Afrique diabolisée?

Selon le rapport Mo Ibrahim, en 2020, six Africains sur dix vivent dans un pays où la gouvernance s’est améliorée.

La gouvernance au brouillon en Afrique

La directrice exécutive de la Fondation Mo Ibrahim est formelle: «60% (61,2%) des Africains vivent dans des pays où la gouvernance est meilleure en 2019 qu’en 2010». Nathalie Delapalme confirme que «depuis 2010, des progrès ont été faits par les différents gouvernements en Afrique».

Pour être plus précis, sur la décennie 2010-2019, l’indice Mo Ibrahim de la gouvernance africaine (IIAG) évalue que la performance des pays africains en matière de développement humain s’est améliorée de 3% (51,9 sur 100 en 2019), tandis que celle en matière de fondements pour les opportunités économiques a augmenté de 4,1% (47,8 sur 100 en 2019).

Enfin de compte, l’Afrique n’est peut-être pas cet enfer à ciel ouvert que présentent certains schèmes de pensée. La gouvernance en Afrique réalise donc des avancées. Bien entendu, la vitesse est peut-être celle d’une tortue. Mais, le rapport Mo Ibrahim fait remarquer qu’il y a de bonnes choses réalisées. Depuis 2010 jusqu’en 2019, la gouvernance s’est améliorée en Afrique chaque année. «Car l’Afrique s’inscrit toujours dans une tendance longue d’amélioration de la gouvernance» affirme Nathalie Delapalme.

Stagnation et recul
Malgré une appréciation globale encourageante caractérisée par des chiffres positifs, le niveau de gouvernance en Afrique est en berne depuis plusieurs années et a carrément chuté. La Fondation Mo Ibrahim fait remarquer que l’Afrique a démarré la décennie 2010 avec une importante énergie d’amélioration de la gouvernance. Tous ces progrès ont «ralenti assez considérablement depuis 2015. C’est la raison pour laquelle on aboutit à une chute de 0,2 point en 2019. Cette baisse est légère, mais il faut y porter attention, car l’impact de la Covid-19, particulièrement sensible sur les plans économiques et sociaux, va nécessairement aggraver les tendances», explique Nathalie Delapalme.

Cette stagnation et ce recul font que 2020 soit la première année, en 10 ans, que la gouvernance, en appréciation globale, recule en Afrique. Selon le nouveau rapport, la moyenne africaine, en ce qui concerne l’indice Mo Ibrahim de la bonne gouvernance, est de 48,8 en 2019 contre 49 sur 100 en 2018, soit un recul de 0,2 point. En réalité, l’Afrique n’a jamais franchi la barre de 100%. Pour Abdoulie Janneh, le directeur exécutif de la Fondation chargé de la liaison avec les gouvernements et les institutions en Afrique, ce résultat est «préoccupant» et tous les décideurs devraient «aller voir ce qu’il y a derrière ces données, quelle histoire elles racontent» en matière de chute de la gouvernance.

Covid-19
La pandémie sera un accélérateur de la chute de la gouvernance en Afrique. Pour Camilla Rocca, chef du département recherche de la fondation , «le rapport une image de la situation juste avant la pandémie, nous avons réfléchi aux conséquences que celle-ci allait avoir pour le continent. Il est évident que tout ce qui concerne la participation des citoyens à la vie publique et le respect des droits risque d’être touché, alors qu’on observait déjà une dégradation».

«La pandémie aura des répercussions conséquentes sur le recul de la gouvernance. D’une part, parce qu’elles sont de nature à aggraver les dégradations observées en matière de participation et de droits, et d’autre part, parce que l’impact de la Covid-19 en Afrique est d’abord économique et social. De plus, le continent est déjà frappé par une insécurité alimentaire assez forte, aggravée par l’invasion acridienne à l’est du continent, en cours depuis plus d’un an, qui est sans doute la plus grave depuis 70 ans. La Covid-19 risque fort de mettre à mal les progrès accomplis en termes de développement économique et humain. La conjugaison de ces différents facteurs risque d’aggraver les tensions nationales internes et l’instabilité, voire d’allumer de nouvelles mèches» prévient Nathalie Delapalme.

Bobo Ousmanou

Évaluation de la gouvernance

Performance en Afrique

L’Afrique australe domine et l’Afrique centrale, fidèle à elle-même clôture le baromètre.

Le classement par région du continent montre que l’Afrique australe réalise la meilleure performance en matière de bonne gouvernance avec une note de 53,3. Vient ensuite l’Afrique de l’Ouest (53,1), l’Afrique du Nord (52), l’Afrique de l’Est (46,2) et l’Afrique centrale (38,8). On peut conclure que la logique est respectée.

Pour ce qui est des pays, Maurice reste le meilleur pays africain en termes de gouvernance, avec un indice de 77,2, tandis que la Somalie est le pire pays du continent en la matière avec un indice de 19,2. Au cours de la dernière décennie, c’est la Gambie qui a réalisé la plus forte progression (+9,2) alors que la Libye détient la palme de la plus forte détérioration avec -5,5. Le Cameroun dégringole en passant de la 36e à la 37e place. Sa note est de 43,5/100, alors qu’elle était de 46,3 l’année dernière.
Dans toute l’Afrique, sur la décennie tant saluée, seuls 8 pays sur 54 ont amélioré leurs performances dans toutes les catégories d’évaluation. Il s’agit de l’Angola, du Tchad, de la Côte d’Ivoire, de l’Éthiopie, de Madagascar, des Seychelles, du Soudan et du Togo.

Mo Ibrahim
L’indice Mo Ibrahim de la gouvernance africaine (IIAG) «est conçu comme un outil, un tableau de bord qui permet aux décideurs politiques de prendre leurs décisions. Il ne peut pas y avoir de politique publique adéquate si elle ne repose pas sur des données fiables», précise Nathalie Delapalme. Il évalue la performance de la gouvernance dans 54 pays africains sans faire de recommandations ou donner des leçons. Il fournit un cadre d’appréciation à tout public intéressé afin de se faire une idée sur l’offre de services publics en Afrique, mais surtout sur la portée des politiques publiques dans les pays africains.

L’IIAG constitue l’ensemble de données le plus complet mesurant la gouvernance africaine, fournissant des scores et des tendances spécifiques aux niveaux continental, régional et national. Il est composé de 79 indicateurs répartis dans les 4 catégories que sont: participation, droits et inclusion; sécurité et État de droit; développement humain; fondements des opportunités économiques.

Publié depuis 2007 par la Fondation Mo Ibrahim, l’IIAG est devenu l’arme d’influence du riche homme d’affaires anglo-soudanais Mo Ibrahim. Après avoir fait fortune avec sa compagnie de téléphonie mobile Celtel, il la revend en 2005. Il crée en 2006 sa fondation, dont le siège est à Londres et qui se donne pour mission de promouvoir la bonne gouvernance en Afrique.

Bobo Ousmanou

Migration occidentale vers l’Afrique

L’Afrique, cet eldorado qui s’ignore!

Et si l’Afrique était la nouvelle terre de destination des migrants internationaux! L’équation sonne faux lorsqu’on mesure les paramètres techniques pour y arriver. Au regard des développements sur la grippe en Occident, des taux de ravage de la maladie à coronavirus, l’idée grandit de plus en plus. L’Afrique sera la terre d’accueil du futur.

C’est l’une des conclusions du cycle des visioconférences qu’a ouvert l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) sur le thème «Comprendre le monde». Pour Pascal Boniface, directeur de l’Iris, le monde post Covid-19 sera particulier. L’Afrique va accueillir les Occidentaux qui fuient le froid et la grippe. Ces Occidentaux qui veulent moins dépenser en argent pour du chauffage et bénéficier des sources de chaleur naturelle, tout en étant à l’abri du Covid-19. Dans le monde post Covid-19, les préjugés et autres grandes conjectures risquent de laisser place au réalisme de la survie.

Mobilité estudiantine
Dans le cadre de la mobilité estudiantine, l’Afrique opère déjà une percée importante. En 2019, l’Afrique subsaharienne, à elle seule, a accueilli près de 2 millions d’étudiants occidentaux parmi lesquels 13 455 étudiants américains. Le rapport américain Open Doors de l’Institut international pour l’éducation du département d’État américain précise la cohorte américaine en Afrique au cours de l’année académique 2018/2019. 

La répartition sous régionale montre que c’est l’Afrique australe qui a accueilli le plus grand nombre d’étudiants, soit 6799 personnes. Elle est suivie de l’Afrique de l’Est 3775, l’Afrique de l’Ouest 2815 et enfin l’Afrique centrale avec 66 étudiants. L’Afrique du Sud, le Ghana et la Tanzanie sont les trois principales destinations, avec respectivement 5278, 2147 et 1334 étudiants. 

Dans le cadre de sa réflexion stratégique sur les migrations intracontinentales, l’Union africaine publie le chiffre de près de 2 millions d’étudiants provenant d’Europe, d’Amérique du Nord, qui ont séjourné en Afrique dans le cadre d’un cursus académique. De quoi illustrer les propos de Pascal Boniface.

Bobo Ousmanou

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