Gouvernance mondiale : Ces femmes africaines…
Les six fantastiques Africaines
«Leadership féminin: Pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19», ce thème retenu par ONUFEMMES pour la 36ème édition de la Journée Internationale de la Femme ne pouvait pas tomber à point nommé.
Dans un monde de plus en plus marqué par l’incertitude mais toujours caractérisé par la domination écrasante des puissants, les femmes s’emploient à ramener l’espoir.
Le continent africain l’entend bien mieux ! Face aux affres de la pandémie de Covid-19, les femmes sont montées en première ligne. Parfois, elles ont été les plus exposées. En tant que professionnelles de santé et pourvoyeuses de soins, elles ont portées le combat contre la maladie. Dans la société, au travers des associations, les femmes ont organisé la résilience. En Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest, des associations de femmes ont densifié la production de savon et autres détergents pour faciliter l’application des mesures barrières dans des zones enclavées sans ressources en eau.
Même au sein des grandes instances mondiales, les femmes ont sonné la révolte du continent : pour la résilience économique comme Vera Songwe, pour l’accès aux vaccins avec Ngozi Okonjo-Iweala, pour les violences pendant le confinement avec Mlambo-Ngcuka…
Quel ne fut donc pas le courroux de l’Afrique toute entière lorsque les Etats-Unis d’Amérique ont tenté de bloquer la désignation évidente de sa fille à la tête de l’organisation mondiale du Commerce. Dans un contexte où les USA ont eux-mêmes contribué à affaiblir le poids de l’organisation dans la régulation des échanges.
Une illustration, si besoin en était encore, que la pandémie a renforcé les inégalités entre pays pauvres et pays développés. Les uns ont du mal à avoir pleinement accès aux vaccins, aux financements et aux médicaments contre la Covid-19 et ses incidences. Les autres, eux aussi frappés par la crise sanitaire, ne ménagent aucun effort pour renforcer la dépendance de l’Afrique vis-à-vis de leur piédestal.
Ce 1er mars 2021, Ngozi Okondj-Iweala entame son mandat de directeur général de l’OMC. La première femme à la tête de l’organisation et le premier ressortissant du continent à ce poste !
Intégration rend hommage à ces femmes africaines qui dirigent les organisations internationales.
A l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala
De l’avis de certains experts en commerce, la nomination de Dr Ngozi Okonjo-Iweala au poste de directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) serait un game changer pour les réformes attendues dans la régulation des échanges commerciaux dans le monde.
Ce n’est un secret pour personne : l’organisation du commerce est en roue libre. Cette inadaptation de l’organisation a été dévoilée aux yeux du monde lorsqu’elle s’est montrée impuissante face aux sanctions douanières imposées unilatéralement par les États Unis d’Amérique à plusieurs pays : Chine, Canada, Union Européenne. La cristallisation entre la Chine et les États Unis d’Amérique puis les répercussions qui en issues pour le monde entier, dans une impuissance ubuesque de l’OMC, ont clairement engagé le pronostic vital de cette organisation.
D’autres facteurs ne plaident pas en faveur de l’OMC, la marginalisation des petits exportateurs ou encore la prolifération du commerce électronique sans réelle régulation, le développement des monnaies électroniques etc…
Contexte
La démission du directeur général de l’OMC Roberto Azevedo le 14 Juin 2020 et le grabuge dans la désignation de son successeur n’ont pas ramené la sérénité susceptible d’impulser les changements dont a besoin l’organisation et l’écosystème mondial du commerce.
Pourtant au milieu, une lueur d’espoir émerge. Elle se nomme Ngozi Okonjo-Iweala. La nouvelle directrice générale de l’OMC enthousiasme la planète des experts du commerce mondial. Une large frange semble accueillir avec beaucoup de confiance l’arrivée de l’ancienne ministre des finances du Nigéria et ancienne directrice des opérations de la banque mondiale.
Espoir
Les premiers témoignages sont rapportés par l’Agence de presse du Nigeria (NAN). Alors que le mandat de la première femme et première ressortissante du continent à diriger l’OMC débute ce lundi 1er mars 2021, ses futurs conseillers et collaborateurs sont dans de bonnes dispositions.
Dr Chijioke Ekechukwu, ancien directeur général de la chambre de commerce et d’industrie d’Abuja estime qu’au regard de sa casquette d’économiste du développement et «compte tenu de son expérience et de son pedigree, il est évident qu’elle [Ngozi Okonjo-Iweala] va veiller à ce que les affaires et les échanges commerciaux soient équitables entre les pays et au sein des pays».
Sur l’intérêt de l’Afrique et des petits pays exportateurs, l’économiste estime que la nouvelle Chef de l’OMC pourrait envisager les avantages des négociations du cycle de Doha pour le bien des économies africaines en développement en réduisant les subventions à l’agriculture et à d’autres secteurs des pays développés.
Pour Sand Mba-Kalu, expert consultant en commerce international et investissement, actuellement directeur exécutif à Africa International Trade & Commerce Research, Okonjo-Iweala devrait immédiatement prendre fermement position sur les attentes actuelles en matière de commerce mondial et accroître la participation des pays en développement aux activités de l’OMC. Entre autres urgences, il évoque la cruciale et très sensible rupture des droits de propriétés intellectuelles liés à la COVID-19. Spécifiquement les vaccins ! Il est quasiment impossible aujourd’hui de multiplier les vaccins car les brevets d’invention des grandes firmes internationales sont frappés du saut de la propriété intellectuelle. Pourtant la maladie étant une menace de santé publique internationale, le vaccin aurait dû être érigé au rang de bien public international. Cette suspension permettrait de garantir aux pays en développement l’accès aux vaccins, médicaments et autres fournitures médicales et à en avoir les moyens.
Bobo Ousmanou
Vera Songwe
Organisation des Unies, Sous-Secrétaire/ Secrétaire Exécutive de la Commission Economique pour l’Afrique
Le détail technique de Vera Songwe parfois méconnue c’est qu’elle a été conseillère et «disciple» de Ngozi Okonjo-Iweala à l’époque directrice générale de la Banque. Elle a été la conseillère de la nigériane puis a travaillé à ses côtés quatre ans.
La Camerounaise est depuis août 2017 à la tête de la Commission économique des nations unies pour l’Afrique. C’est la première femme à occuper cette fonction. Elle est l’ingénieur technique de l’opérationnalisation de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Elle appuis également les États africains pour l’appropriation de l’accord, l’identification des opportunités et des avantages à travers l’érection de stratégie nationale et régionale de mise en œuvre.
Toute sa carrière, Vera Songwe l’a roulée au sein des grandes institutions financières internationales : notamment 19 ans au sein de la Banque mondiale, qu’elle intègre en 1998 comme économiste principale aux Philippines.
En 2016, elle dirige depuis Dakar le bureau Afrique de l’Ouest et Afrique centrale, qui gère 23 pays, pour le compte de la Société́ financière internationale (IFC), la filiale de la Banque mondiale chargée du secteur privé.
Louise Mushikiwabo
Organisation Internationale de la Francophonie, Secrétaire Générale
Depuis le 3 janvier 2019, la Rwandaise est à la tête de la plus importante organisation mondiale francophone. Quelques mois auparavant, elle présidait le conseil exécutif de l’Union Africaine dans le cadre de la présidence rwandaise de l’UA. Le conseil exécutif est l’organe réunissant les ministres des affaires étrangères (ou relations extérieures) chargé de préparer les réunions des chefs d’État. Elle était au cœur de la préparation de la réforme de l’union africaine dont le président Kagame assure la présidence dédiée.
Son élection intervient le 12 octobre 2018.
Elle a dirigé pendant 10 ans la diplomatie de l’État du Rwanda en qualité de ministre des affaires étrangères.
Aujourd’hui, sa préoccupation particulière demeure l’amélioration de l’efficacité organisationnelle de l’OIF. Elle a toiletté plusieurs incongruités et curiosités. Elle veille également à renforcer l’efficacité du processus décisionnel.
Mais les défis stratégiques de l’OIF demeurent : la promotion de la langue française, les échanges économiques, la défense des droits de l’homme ou encore la lutte contre l’obscurantisme ou l’oppression faite aux femmes. Après les balbutiements de la francophonie économique sous Michaelle Jean, il y a lieu d’approfondir cette dynamique. Elle met un accent sur les NTIC afin de ne pas céder le leadership aux pays anglo-saxons. Le recul de la langue française dans le monde demeure un défi entier. Face à l’anglais, au chinois et même à l’arabe, le français perd clairement du terrain dans les enceintes du multilatéralisme. Un chantier important pour les pays membres qui se sentent de plus en plus l’obligation de s’arrimer au diktat anglo-saxon.
…qui portent la révolution du continent
Winnie Byanyima
Organisation des Nations Unies, Sous-Secrétaire général/Directrice exécutive de l’ONUSIDA
L’ingénieure aéronautique était promise à belle carrière dans l’encadrement de la logistique aérienne de l’Ouganda. Elle lance sa carrière professionnelle au sein de la compagnie aérienne Uganda Airlines. Femme de convictions et de combat, Winnie participe à la révolution et la rédaction de la nouvelle constitution de l’Ouganda.
Centrée en politique lui permet de s’ouvrir une carrière diplomatique. Elle a été ambassadrice de son pays en France. Par la suite, elle intègre l’Union Africaine où elle porté e à la tête de la direction Femmes, Genre et Développement de 2004 à 2006. Puis elle rejoint le bureau des politiques de développement du Pnud. Elle y reste jusqu’en 2013, année où elle devient directrice exécutive d’Oxfam International. Elle va co-présider, deux ans plus tard, le Forum économique mondial de Davos.
Depuis novembre 2019, Winnie Byanyima dirige l’Onusida. C’est la première femme nommée à la tête de cette organisation, créée en 1995.
A peine nommée à l’Onusida, Winnie Byanyima ne se débarrasse son côté révolutionnaire: elle s’est engagée à remettre de l’ordre dans l’organisation, épinglée pour sa mauvaise gestion, et a dans sa ligne de mire l’objectif fixé par l’ONU de voir éradiquer le sida d’ici à 2030.
Phumzile Mlambo-Ngcuka
Organisation des Nations Unies, Sous-Secrétaire/Directrice exécutive de ONUFemmes
A la tête de l’agence onusienne depuis 2013, la sud-africaine est une femme de challenge. Elle est en train de boucler la dernière année de son second mandat à la tête de ONUFemmes. C’est une aventure au cours de laquelle elle a donné le meilleur d’elle-même. On se remémore ses positions courageuses sur la fin du fallacieux prétexte des prédispositions naturelles ou encore le poids de la culture pour ne pas introduire l’autonomisation de la femme dans les processus décisionnels.
Mlambo-Ngcuka est coutumière des présidiums et des challenges. Elle est la première femme à occuper le poste de vice-présidente de la République dans son pays l’Afrique du Sud en 2005. Elle est colistière de Jacob Zuma. Bien avant, elle avait occupé le très sensible et stratégique ministère des mines et de l’énergie. Elle a été portée à cette fonction par Thabo Mbeki en 1999. Le secteur des Mines Sud-africain est parmi les plus gros employeurs du pays. C’est aussi celui qui enregistre le plus de mouvements sociaux (grèves). C’est aussi un des secteurs qui amènent plus de recettes à l’Etat.
Phumzile Mlambo-Ngcuka est une enseignante de profession. C’est en 1994 qu’elle démarre sa carrière politique en devenant députée sous les couleurs de l’ANC lors des premières élections multiraciales. Elle entre dans le gouvernement Mandela deux ans plus tard, en tant que vice-ministre du Commerce et de l’Industrie.
Yap Mariatou
Organisation Internationale de la Protection Civile, Secrétaire Générale
Jusqu’au 13 Octobre 2020, elle occupait le poste de directeur de la Protection civile au ministère de l’administration territoriale du Cameroun. La 24ème session de l’Organisation Internationale de la Protection Civile tenue le 14 octobre à Genève en Suisse viendra l’introniser dans l’organisation. Elle a battu son adversaire par 32 voix contre 23.
Yap Mariatou devient la première civile et la première femme à diriger cette organisation. Son ambition : restaurer les valeurs originelles de l’organisation.
Ce professeur des Sciences de la Vie et de la Terre a rejoint la direction de la Protection Civile en l’an 2000. Elle y a notamment dirigé la cellule des Études et de la Prévention des risques. Pendant quatre ans, elle a été à la tête de cette direction stratégique du ministère de l’administration territoriale. Elle a ainsi pendant 20 ans été active sur les divers lieux de sinistre. C’est sur la zone affectée par les inondations dans l’Extême-Nord qu’elle sorti indemne d’un accident de la route il y a un mois. L’expertise acquise depuis lors, elle l’enseignait déjà à l’École Supérieure de Guerre de Yaoundé et à l’EIFORCES. Elle appartient aussi à des groupes internationaux d’experts sur la gestion des crises. Musulmane, présidente de l’association des épouses de magistrat, elle est mère de trois enfants.
C’est un mandat de 6 ans qu’a ainsi déjà démarré la nouvelle SG de l’organisation compétente dans la gestion des risques et catastrophes.