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Le dividende démographique se noie dans la gouvernance africaine !

Présentement, l’Afrique présente une pyramide des âges très spécifique avec un nombre maximum de jeunes adultes en âge de travailler, et un nombre faible d’enfants et de personnes âgées. Le processus de transition démographique du continent africain n’est pas encore à son apogée. Il se caractérise toutefois par une population active très productive et une grande capacité d’épargne, puisque les besoins pour les enfants et les parents sont relativement faibles.

Données
Le continent africain compte aujourd’hui environ 1 milliard d’habitants contre 670 millions en 2000. D’après les prévisions de la Banque africaine de développement, la population devrait atteindre 1,3 milliard de personnes en 2030 et 2,5 milliards de personnes, soit pratiquement 25 % de la population mondiale, en 2060. À cette date, le Nigeria comptera plus de 400 millions d’habitants, la RDC et l’Éthiopie près de 200 millions, la Tanzanie 150 millions, alors que le Kenya ou l’Angola avoisineront les 100 millions. Cette croissance démographique résulte d’une baisse des taux de mortalité, combinée à une baisse proportionnellement plus lente de la fécondité. Certes, la démographie africaine se caractérise par de nombreux contrastes régionaux.

L’Afrique australe a déjà réalisé sa transition démographique avec des taux de fécondité inférieurs à trois enfants par femme. Inversement, plusieurs pays connaissent des taux supérieurs à six enfants par femme, à l’instar de la RDC, de la Somalie, du Niger et du Nigeria. Pourtant, il est établi qu’un pays en cours de transition démographique bénéficie, provisoirement, d’une population active très productive et d’une grande capacité d’épargne. C’est la naissance d’une classe moyenne, qui produit, épargne, consomme, investit et finance l’économie.

Transformation
La démographie constitue une immense opportunité de croissance, pour peu que le dividende démographique soit exploité à bon escient. Outre l’épargne, la transition démographique a plusieurs impacts sur les sociétés africaines. C’est le cas de l’urbanisation accélérée. Cela suppose que la population active soit formée afin de disposer des compétences nécessaires aux emplois offerts, et que les investissements étrangers soient présents pour apporter les capitaux indispensables au développement du secteur privé. À l’image de la forte présence de Pékin en Éthiopie, des investissements chinois, moyen-orientaux ou turcs sont actuellement réalisés en Afrique.

Mise en bière
Les dynamiques africaines ne sont pas univoques sur le continent. On assiste davantage à des Afriques qu’à une Afrique unanimement dynamique. Tout ceci est le fait du logiciel de gouvernance. La récente publication de l’indice Mo Ibrahim nous renseigne à suffisance. L’Afrique n’a pas mal à sa démographie productive, elle ne lui crée juste pas suffisamment de conditions. Entre chômage, accroissement de la main-d’œuvre et sous-emploi, le combat contre les sirènes de la méditerranée n’est jamais loin.

L’érection d’un dividende démographique transformationnel nécessite l’optimisation d’une gouvernance sociale, économique, financière, minière, monétaire, humaine, technologique. Laquelle gouvernance tuerait les maux tels que corruption, tribalisme, népotisme, favoritisme, détournement de bien public, inégalités et avancée de la pauvreté. Des maux porteurs de fractures sociales et de conflictualité de classe ou d’ethnies liées à l’insuffisante répartition des richesses autour desquelles règne l’omerta la plus lugubre de l’histoire du monde !

Laurence Daziano et

Zacharie Roger Mbarga

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