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De quel droit les USA se font-ils payer des réparations par le Soudan?

C’est l’illustration grandeur nature de la force dans les relations internationales. Les États-Unis d’Amérique imposent au Soudan de leur verser une réparation pécuniaire de l’ordre de 188 milliards 259 millions 659 milles 004 FCFA, soit 335 millions de dollars (environ 287 millions d’euros).

Cette régularisation lui permettrait d’être retiré de la liste noire américaine des pays soutenant le terrorisme. Cette issue concourra dès lors à reconnecter le Soudan aux financements internationaux. Il en est exclu depuis plus de 20 ans. Mais au fait, en vertu de quel argument de droit les USA réclament-ils cette réparation? Pourquoi les autres pays dans le monde, l’ONU et l’Union africaine sont-ils muets?

Mafia
Il y a 9 mois, le 3 janvier 2020, les États-Unis d’Amérique ont abattu le général iranien Qasem Soleimani. La frappe de drone a eu lieu à l’aéroport de Bagdad et a également ôté la vie à plusieurs autres personnes qui accompagnaient cette figure du régime insoumis de Téhéran. Au mépris de toutes les règles internationales de droit, les États-Unis ont-ils été soumis à la moindre inquiétude?

Depuis le 3 février 1962, les États-Unis d’Amérique font peser sur Cuba un embargo économique, commercial et financier (légèrement assoupli en 1992). En 2009, l’Assemblée générale des Nations unies a condamné cet embargo pour la 18e fois. À l’origine de cette ignominie, la conclusion, par Cuba le 4 février 1960, d’un accord commercial avec l’Union soviétique. Le monde était alors au plus fort de la guerre froide. Bien plus, Cuba va infliger en 72 heures une cuisante défaite aux troupes de mercenaires américains venues le soumettre violemment à son autorité.

En 2014, soit 6 ans aujourd’hui, les pertes économiques directes de l’embargo se chiffraient à 116 milliards de dollars, soit l’équivalent de 64 949 milliards 163 millions 561mille 996 francs CFA (99 milliards 014 millions 282 mille 075 euros).
Les embargos américains ne concernent pas seulement les États. Friands à s’arroger le droit à se rendre justice, les États-Unis d’Amérique éprouvent des difficultés à laisser triompher la justice internationale. Après avoir annulé en 2019 le visa de la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), l’administration Trump a gelé les avoirs de responsables de la CPI et interdit leur accès au territoire américain à compter du 11 juin 2020. Tout ceci, c’est en représailles à une enquête potentielle en Afghanistan (agissements des ressortissants américains et israéliens) de la CPI.

Postérité
Dans un tel monde sous l’égide du droit de la force et non de la force du droit, à quel destin est voué les incessants appels à la réforme des instances décisionnelles de l’Organisation des Nations unies, des institutions de Bretton Woods, etc. Au moment où le monde entier est ligué, même séparément, à induire une relance économique post-Covid-19, il revient cette tentation de conclure qu’il n’existe pas de «communauté internationale» ni de «concert des nations».

Comment opérer la relance économique du Soudan après les graves ravages du Covid-19? Aucun financement conséquent pour le développement ne peut parvenir au Soudan. Le gouvernement soudanais est condamné à obtenir la mansuétude de Washington. Khartoum a intérêt à pousser à l’accélération du calendrier, car le contentieux doit être dénoué avant l’élection présidentielle du 3 novembre prochain. Il faudra aussi parvenir à un éventuel accord de normalisation avec Israël, le Soudan étant vu comme le prochain pays arabe à pouvoir reconnaitre l’État hébreu. Dur, dur, dur…

Rémy Biniou

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