Covid-19 : Le temps de l’obligation vaccinale
À Yaoundé, des «astuces» coercitives sont conçues pour faire passer les injections anti-coronavirus.

Au Cameroun, certaines structures publiques et privées ont déjà commencé à mettre en œuvre une obligation vaccinale. À l’hôpital général de Yaoundé par exemple, l’idée a fait son chemin et est entrée en vigueur le 12 août dernier. Depuis cette date en effet, «le personnel non vacciné contre la Covid-19 et sans poste de travail ne sera plus admis à l’Hôpital général de Yaoundé (HGY) mais continuera à percevoir son salaire sans les compléments liés au travail (primes de rendement, transport, garde, astreinte et technicité) jusqu’à nouvel avis». En plus de cette nouvelle disposition, le Pr Vincent de Paul Djientcheu (le patron de cette structure sanitaire) via la note de service qu’il a signée, précise que «le personnel soignant et non soignant non immunisé ne pourra plus servir dans les endroits où les patients sont précaires (réanimation, hémodialyse, oncologie, urgences…)».
Dans certaines entreprises du secteur privé, un nouveau protocole sanitaire intégrant l’obligation vaccinale a été communiqué. Chez un opérateur de téléphonie mobile par exemple, à ce jour, un questionnaire a été soumis à ses salariés pour avoir une vision globale de la situation sanitaire de l’entreprise. «Ils sont presque tous vaccinées, ou ont des rendez-vous prévus. J’ai aussi une très faible minorité d’entre eux qui m’a indiqué qu’ils ne souhaitaient pas se faire vacciner», renseigne un cadre chargé des ressources humaines. À en croire ce dernier, tout refus pourrait entraîner de lourdes conséquences. «Après le 30 août, le contrat de travail des salariés qui ne seront pas en mesure de présenter un passe sanitaire sera suspendu, de même que leur rémunération, si aucune solution alternative n’est trouvée», menace notre interlocuteur.
Forcing
Dans l’arsenal coercitif qu’elles mettent en œuvre, certaines chancelleries étrangères ont prévu la «sélection». Pour pousser tous les usagers rétifs à sauter le pas de la vaccination, plus rien ne s’oppose au filtrage des entrées. «Pour prétendre obtenir un visa, il faudra avoir achevé son parcours vaccinal, présenter la preuve d’un test de dépistage négatif de moins de quarante-huit heures pour accéder à ces lieux», avise un agent de sécurité à l’ambassade de France à Yaoundé.
La même ligne est tracée par plusieurs agences d’immigration implantée dans la capitale politique du Cameroun. «Depuis le 9 août 2021, nous renvoyons systématiquement les candidats au voyage non vaccinés, ou partiellement vaccinés, en application des directives qui nous viennent des ambassades des pays qui forment le package de nos destinations», explique Sandra Mahel, consultante auprès d’une structure d’immigration vers l’Amérique du Nord.
Approbation
Contre une opinion publique qui s’accroche au caractère «toujours volontaire de la vaccination», Malachie Manaouda semble dire que cela relève du débat d’arrière-garde. «Sous d’autres cieux, vous avez compris qu’il y a une obligation déjà de vaccination du personnel de santé et que celui qui n’est pas vacciné n’aura pas de salaire», a déclaré le ministre de la Santé publique (Minsanté), lors d’une rencontre avec les responsables des hôpitaux le 14 juillet dernier à Yaoundé. Pour le moment, selon les données publiées par l’université John Hopkins de Boston (USA) et reprises par le site TV5 Monde le 12 août 2021, le taux de couverture vaccinale anti-covid-19 au Cameroun est de 0,24%.
Jean-René Meva’a Amougou