De 13 équipes à l’origine (1930), la Coupe du monde va passer à 48 à partir de la 23e édition, en 2026. Programmé aux États-Unis, au Canada et au Mexique, le prochain Mondial de football sera celui des innovations.
Aux plans du nombre de participants, de la formule de compétition et des gains financiers, le monde du ballon rond s’avance vers un rendez-vous exceptionnel. Au chapitre du nombre d’admis, l’Afrique va tirer son épingle du jeu. Le total de ses représentants pouvant passer du simple au double. Autre grand bénéficiaire du passage du Mondial à 48 équipes : la zone AFC (Asie et Australie). Comme l’Afrique, elle va gagner quatre places supplémentaires d’office, ce qui lui fera huit représentants, et pourra en prendre une cinquième avec les barrages.
Dans tous les cas, on aura minimum 80 matches à partir de 2026 (contre 64 actuellement). Et l’argent coulera à flot. Un rapport de la FIFA, repris par le quotidien sportif français, annonce des gains supplémentaires de 640 millions de dollars. Les trois pays organisateurs tablent de leur côté sur un chiffre d’affaires de 14 milliards de dollars. «La Coupe du monde la plus lucrative de l’histoire», promettent-ils.
Sur le fond, cette décision est le résultat d’un long processus. En réservant au moins 9 places au continent africain, la FIFA a adopté une vraie position «politique». À savoir que si l’on gardait le système en vigueur, l’Afrique serait toujours défavorisée au profit des continents qui, à la place de dessins, présentent des clichés de football très développés. En ce sens, le format de la prochaine coupe du monde de football donne à voir les implications géopolitiques d’une ère de réparation d’une injustice longuement entretenue au profit d’un ordre occidental. C’est donc une décision essentielle. Pourquoi ?
Premièrement, il s’agit de rendre justice au football africain, qui a tant apporté et qui apporte tant au football mondial en termes de talents pour les clubs, mais aussi pour les équipes nationales, et ce, depuis de longues décennies. Deuxièmement, cette décision permet de «corriger» les injustices de notre monde, de donner une chance à tous les continents, une «vraie» chance, et aussi de montrer que la FIFA a un rôle particulier à jouer et par là une responsabilité à assumer lorsqu’elle choisit d’organiser des compétitions. Troisièmement, l’Afrique reçoit cette décision en toute confiance. Celle-ci est enrobée dans l’afro-optimisme lancé au reste du monde, et selon lequel nous nous devons de traiter l’Afrique avec plus de générosité, avec plus de considération, mais aussi de manière plus responsable.
En ce sens, la Coupe du monde 2026 s’inscrit dans le double combat de l’Afrique, à la fois politique, concernant ses indépendances et sa place sur la scène internationale, et footballistique, sur la place du football africain au sein de la FIFA. Neuf ou dix places, est-ce assez ? Sans doute non, mais en attendant, il faut rendre un grand hommage aux chefs du football africain, les présidents de la CAF, l’Égyptien Abdelaziz Mustapha, l’Éthiopien Ydnekatchew Tessema, le Camerounais Issa Hayatou et bien d’autres qui défendirent sans relâche la place de l’Afrique au sein de la FIFA. Pour ceux que ce débat intéresse, ils ne manqueront pas de porter un nouveau regard sur l’Afrique. Car la Coupe du monde 2026 va valoriser l’image d’une Afrique qui se bat, qui est professionnelle, ouverte et bien intégrée dans l’Histoire, dans le monde, et consciente que son destin lui appartient.
Jean-René Meva’a Amougou