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Coronavirus : Le update sous-régional

Affaire de tous

Ce n’est en effet qu’aujourd’hui que l’on devrait commencer à voir leurs premiers effets dans les chiffres de l’épidémie, étant donné l’inertie importante de ce coronavirus: les personnes sont contagieuses plusieurs jours avant de développer les premiers symptômes, et ces derniers mettent encore plusieurs jours avant de développer une forme suffisamment grave pour entrer dans les décomptes officiels. Les métaphores guerrières le disputent à celles chères aux marins les jours de gros temps. “C’est la guerre, disent les soignants, cette fois, on y est. » « La vague arrive. » Au stade où nous en sommes, on ne peut s’empêcher de repenser au film Contagion, de Steven Soderbergh (2011) : une jeune femme, de retour de Hongkong, meurt d’une infection inconnue. Son jeune fils, contaminé, décède quelques heures plus tard.

C’est le début d’une épidémie à l’échelle mondiale. Tandis que scientifiques et médecins tentent de trouver un remède, la panique se répand plus vite que le virus et les sociétés commencent à se désagréger… La crise du coronavirus, avec ses conséquences humaines, économiques, sociales voire démocratiques, est un révélateur du chemin qu’il nous reste à parcourir pour une Afrique centrale maîtresse de son destin. Les mesures draconiennes prises aujourd’hui par les gouvernements d’Afrique centrale vont peut-être permettre cette fois-ci de casser l’épidémie, mais il faudra attendre un peu pour le savoir. En attendant, tout le monde doit participer à cet effort collectif. Chacun peut à son niveau sauver des vies.

En Afrique centrale, presque tous les pays sont touchés. État des lieux.

Cameroun
C’est le premier pays d’Afrique centrale à annoncer des cas du nouveau coronavirus. Le premier porteur du virus est «un citoyen français, âgé de 58 ans, arrivé à Yaoundé le 24 février», précisait Manaouda Malachie, quelques heures avant la publication d’un second communiqué annonçant un «deuxième cas», «une citoyenne camerounaise qui a été en contact étroit avec le premier sujet confirmé». «Des équipes sont sur le terrain pour retracer le parcours des deux cas confirmés», a indiquait le Minsanté, insistant sur les 149 contacts du premier cas et 30 contacts du deuxième cas. Last but not the least, sur son compte twitter, Manaouda Malachie a fait part d’un 3e (un Camerounais résidant en Italie ayant transité par Paris et arrivé au Cameroun le 7 mars) puis d’un 4e cas (“d’un suspect identifié le 14 mars 2020 par le dispositif de l’aéroport de Yaoundé sur le vol SN Brussels en provenance de Paris”.

Gabon
Un étudiant gabonais de 27 ans qui revenait de Bordeaux, en France, a été diagnostiqué porteur du coronavirus le 12 mars dernier. «A son arrivée à Libreville le 8 mars, il a été thermoflashé et ne présentait aucun symptôme», selon le communiqué reçu par l’AFP.

«Le lendemain, se plaignant de toux, de maux de gorge et de gêne respiratoire, il a été admis à l’hôpital», poursuit le texte. «Aussitôt, des échantillons ont été prélevés (…). Les résultats obtenus ce jour (…) sont positifs au Covid-19», a annoncé Lambert Noël Matha, ministre gabonais de l’Intérieur. Dans un communiqué, ce dernier martèle que “tous les établissements scolaires seront fermés jusqu’au 30 mars, les rassemblements de plus de 50 personnes sont interdits et les bars et les boîtes de nuits sont fermés «jusqu‘à nouvel ordre». De même, l’attribution de visas touristiques est suspendue «en provenance des zones les plus infectées, à savoir l’Union européenne, la Chine, la Corée du Sud et les Etats-Unis».

RCA
Selon l’AFP (Agence France Presse), le ministère centrafricain de la santé a annoncé dans la soirée de ce samedi 14 mars 2020 un premier cas confirmé de Coronavirus en Centrafrique. Le virus a été détecté sur un ressortissant italien âgé de 74 ans, œuvrant dans la localité de Mbaïki à une centaine de kilomètres au Sud de Bangui. Le porteur du virus est entré sur le territoire centrafricain le 8 mars 2020 par l’aéroport international Bangui Mpoko via un vol Royal Air Maroc en provenance de Milan en Italie. La confirmation a été faite à l’Institut Pasteur de Bangui. « Les dispositions sont en cours pour la prise en charge du patient, la recherche et le suivi des contacts » a indiqué Dr Pierre Somsé, le ministre de la Santé publique, rassurant le public que « des mesures adéquates sont prises pour réduire les risques de propagation de la maladie. »

Congo
A Brazzaville, le premier cas confirmé est «un ressortissant franco-congolais âgé de 50 ans, arrivé au Congo le 1er mars 2020 en provenance de Paris après un bref séjour à Amsterdam au Pays-Bas. Le patient est dans un état stable», a annoncé Thierry Lézin Moungalla, le porte-parole du gouvernement. Selon le communiqué, l‘épouse du concerné, de nationalité française ainsi que leur fillette de 6 ans ont été isolés et sont sous surveillance permanente alors que le traçage et la recherche des autres sujets entrés en contact avec le patient sont en cours.

Pour contrer le virus, Brazzaville avait annoncé le 4 mars 2020 une batterie de mesures. Parmi lesquelles, la mise en quarantaine de tout passager en provenance de pays à risque (la France, l’Italie, la Chine, la Corée du Sud et l’Iran).

Guinée-Équatoriale

Dans ce pays, un premier cas a été identifié le 14 mars 2020. Dans une declaration sur la radiotélévision publique, Salomon Nguema Owono, le ministre de la Santé a précisé qu’il s’agit d’une Équato-guinéenne de 42 ans qui revenait d’Espagne. “Les analyses ont permis de confirmer le diagnostic de la maladie du coronavirus, Covid-19″, a indiqué le membre du gouvernement. Malabo a renforcé les mesures préventives en vue d’éviter l’introduction ou la propagation du Covid-19 en Guinée équatoriale, en limitant notamment l’accès aux frontières terrestres, maritimes et aériennes.

Les compagnies aériennes internationales opérant en Guinée Equatoriale sont limitées à un vol hebdomadaire.Tous les voyageurs des pays touchés, nationaux et expatriés, qu’ils présentent ou non des symptômes à leur arrivée, doivent également être mis en quarantaine pour une période de quatorze jours. À la suite de ce premier cas suspect du coronavirus dans le pays, le gouvernement a appelé la population au calme et a invité à respecter toutes les mesures préventives.

Tchad
Au moment où nous allions sous presse, aucun cas officiellement déclaré. Mais tout cela ne suffit pas, estime le président du Parlement, le docteur Haroun Kabadi: «Nous estimons que face au péril imminent, ces mesures méritent d’’être renforcées. L’Assemblée nationale invite le gouvernement à assurer la surveillance sanitaire complète du territoire national par la mise en place des équipes à tous les postes d’entrée au Tchad, à développer la sensibilisation, mais aussi, et surtout l’éducation de la population pour mieux se protéger contre la propagation du virus». «Nous faisons de notre mieux pour mobiliser la solidarité africaine», explique le ministre de la Santé, le professeur Mahmoud Khayal qui annonce que des discussions ont été ouvertes avec les représentants des pays ayant déjà été atteints par le coronavirus.

Synthèse de Ongoung Zong Bella

 

Prévention et riposte

L’Oceac portée aux avant-postes

L’Organisation de coordination et de coopération pour la lutte contre les grandes endémies en Afrique centrale (Oceac) est chargée d’implémenter les mesures et actions prioritaires d’urgence communes.

 

Sur invitation du Pr Daniel Ona Ondo, président de la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), les ministres de la Santé des Etats membres de l’institution sous-régionale se sont retrouvés à Douala les 10 et 11 mars 2020. Point d’orgue des échanges : la validation des travaux de direction de l’Oceac relatifs à la prévention et à la riposte contre le coronavirus et quelques endémies en Afrique centrale.

Tenant compte de l’urgence du moment, les ministres ont arrêté une feuille de route en deux séquences. La première s’étale sur trois mois, de mars à mai 2020. La seconde va de juin à décembre de l’année en cours. Au niveau de la mise en œuvre de cet agenda, les ministres ont chargé l’Oceac de mobiliser les ressources nécessaires (2 031 156 500 FCFA) auprès de la Cemac et des partenaires.

Par ailleurs, l’agence d’exécution de la Cemac en matière de santé devra coordonner les quatre principaux axes stratégiques retenus à Douala. Il s’agit du renforcement du leadership, coordination, collaboration et de mise à jour ; du renforcement des mesures de surveillance aux points d’entrée par voies aériennes, maritimes et terrestres) ; du renforcement des capacités sous régionales et nationales essentielles pour la surveillance, le laboratoire et la prise en charge des cas et la mise en place d’un canevas de mesures concrètes pour assurer la disponibilité des médicaments et autres produits de santé y compris les produits de laboratoire.

Il est à relever que face à la propagation du coronavirus, l’Oceac a organisé des réunions et ateliers. Le 31 janvier dernier à Yaoundé, l’institution spécialisée de la Cemac a tenu une réunion de crise axée sur les ravages causés par l’épidémie. Sous la houlette du Dr Manuel Nso Obiang Ada, Secrétaire Exécutif de l’Oceac, la rencontre visait à faire l’état des lieux dans le monde et surtout la réactivation de la cellule de veille. Du 12 au 14 février 2020, la même structure a organisé un atelier technique dans le but d’identifier les besoins éventuels de renforcement ou d’appui aux pays.

En rappel, l’Oceac est l’Organisation de la Coordination pour la lutte contre les Endémies en Afrique Centrale. C’est une Institution spécialisée de la Cemac qui a été érigée en agence d’exécution de la communauté, pour les questions de santé publique, par acte additionnel n°03/13-Cemac-176-CCE-SE-2.

Alain Biyong

 

Antonio Pedro

Malheureusement, pour l’Afrique centrale, le volume des ventes (et des prix) des produits de base joue un rôle surdimensionné dans la collecte des recettes fiscales pour aider à financer les dépenses publiques.

Le directeur du Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) décortique la situation et avise que les gouvernements des pays africains en général et ceux de l’Afrique centrale en particulier, doivent, dès maintenant, prendre des mesures de mitigation de l’impact de la pandémie.

 

«Tous les pays souffriront»

En plein fouet de la débandade sanitaire et économique causée par le coronavirus, la CEA sort des scénarii sur son impact en Afrique. Ne s’agit-il pas plutôt d’opinions informées comme le fait tout le monde maintenant?
La CEA, en tant que think tank des pays africains, assure la veille économique sur le continent. C’est ainsi qu’avec les premières difficultés commerciales rencontrées par plusieurs pays africains, nous nous sommes tout de suite intéressés à l’analyse de l’impact potentiel de cette pandémie pour les économies du continent. À cet effet, nous avons tablé sur plusieurs scénarii, allant du plus optimiste (qui suppose que la pandémie serait contenue d’ici avril 2020, avec très peu de cas sur le continent) au plus pessimiste (qui suppose que la pandémie perdurera au-delà de l’année 2020, avec la moitié de la population du continent infectée) pour estimer l’impact potentiel de cette pandémie sur les économies africaines et celles de l’Afrique centrale en particulier, en termes de croissance économique, des exportations, des importations et des emplois, etc.

Pouvons-nous avoir un aperçu général de la mise au point de la CEA sur l’impact du COVID-19 sur les économies africaines? L’image est-elle sombre?
D’après nos projections, et sur la base des scénarii évoqués précédemment, la croissance économique connaitra une baisse comprise entre 0,13 et 1,4 point de pourcentage en 2020 sur le continent. Ce qui ramène les projections de croissance à 1,8 % au lieu de 3,2 %. Avec la baisse de la demande mondiale due à cette pandémie, l’Afrique pourrait perdre jusqu’à 29 milliards de dollars américains de recettes d’exportation et revenus liés au tourisme notamment. Enfin, compte tenu de la possibilité d’une augmentation des déficits budgétaires due aux effets intérieurs et extérieurs du coronavirus, la dette du continent pourrait dépasser le seuil de 60 % de la dette par rapport au PIB.

Vos projections sur le moyen terme parlent d’une régression du taux de croissance sur le continent de 4,7 % à 3,3 % en 2020. Quels seront les secteurs qui seront les plus touchés?
En l’état actuel de nos prévisions, les secteurs les plus touchés sont les industries extractives (pétrole, gaz et autres minerais), le tourisme avec tous les sous-secteurs (transport, hébergement, restauration, etc.) liés à ce secteur, les transferts, les investissements étrangers, les produits pharmaceutiques ainsi que les recettes publiques, en raison de la baisse des recettes d’exportation de nos États membres.

De manière concrète, comment le COVID-19 va-t-il impacter sur le tourisme en Afrique centrale, sachant que cette zone reçoit annuellement le plus bas nombre des touristes? De 44 millions de touristes qui devraient visiter l’Afrique subsaharienne en 2020 selon des prévisions, seuls 7 millions devraient venir en Afrique centrale. Savez-vous les nouvelles prévisions sur ce secteur? Et en quoi un pays comme le Cameroun sera-t-il perdant?
La baisse de la fréquentation touristique en Afrique centrale est estimée entre 0,4 % et 1,1 % du total des exportations, ce qui représente une perte de revenue comprise entre 395 et 1 186 millions de dollars américains pour 2020. Dans la sous-région, Sao Tomé et Principe sera le pays le plus touché en raison de sa dépendance excessive à l’égard des arrivées de touristes (principalement du Portugal). Les restrictions de voyage réduiront leurs perspectives de revenus, ce qui affectera plus sévèrement ce pays.

Jusqu’ici, les échanges commerciaux entre nos pays et la Chine ont été d’une importance capitale. Qui «souffrira» le plus du hold-up commercial que le COVID-19 pourra engendrer – la Chine ou les pays comme le Cameroun, la Guinée Équatoriale, etc. ?
Tous les pays souffriront, puisque le commerce international implique au moins deux parties à savoir un acheteur et un vendeur. Il faut rappeler que la Chine est le premier partenaire commercial des pays d’Afrique centrale. En effet, dans l’ensemble, en 2018, l’Asie a représenté 62 % des exportations totales de l’Afrique centrale (la Chine à elle seule a représenté 41,8 % des exportations centrafricaines) et la sous-région a importé 37 % de ses marchandises en provenance d’Asie (la Chine fournit 15,6 % des importations en Afrique centrale).

Par conséquent, il est projeté que la Chine importera moins. Il est déjà prévu que la consommation mondiale de pétrole diminuera de 1,5 million de barils par jour au premier trimestre 2020, et la demande de cuivre devrait chuter de 300 000 tonnes. En moyenne, le pétrole représente 71 % des exportations totales des pays d’Afrique centrale. Plus encore, les prix des principaux produits de base tels que le cuivre, le pétrole et le charbon ont déjà chuté de 20 % depuis la mi-janvier. Plusieurs informations indiquent que les acheteurs chinois ont reporté les commandes à l’étranger, certains déclarant un cas de force majeure.

Malheureusement, pour l’Afrique centrale, le volume des ventes (et des prix) des produits de base joue un rôle surdimensionné dans la collecte des recettes fiscales pour aider à financer les dépenses publiques.

C’est clair que le COVID-19 affectera les coûts du pétrole une fois de plus, dès lors que la Chine ne s’approvisionne plus de manière importante. La CEA prêche tout ce temps sur l’importance de la transformation structurelle et la diversification économique. Apparemment, c’est trop tard pour l’Afrique centrale…

C’est justement le moment de mettre en œuvre des politiques de diversification économique dans la sous-région. Comme vous le savez, l’Afrique centrale reste la sous-région la moins diversifiée du continent, ce qui la rend plus vulnérable aux chocs externes comme les défis posés par la nouvelle pandémie de COVID-19. À titre d’illustration, les recettes pétrolières représentent plus de 75 % du total des exportations en Angola, au Tchad en République du Congo et en Guinée Équatoriale, d’après les statistiques de 2018. Il faut rappeler que lors de leur dernier sommet, les chefs d’État de la CEMAC ont lancé un appel à l’urgence d’une diversification économique en Afrique centrale. C’est dans ce sens qu’à la CEA, nous avons orienté l’activité de notre bureau sous-régional pour l’Afrique centrale dans l’appui des États membres à la diversification économique et la transformation structurelle. Nous avons déjà reçu les requêtes de plusieurs États, que nous avons commencé à accompagner dans l’élaboration du plan directeur d’industrialisation et de diversification économique.

Que peut être l’impact réel spécifique du COVID-19 sur les couches vulnérables comme les femmes et les jeunes?
La population du continent étant essentiellement jeune, si cette pandémie n’est pas rapidement contenue, ses effets seront néfastes sur les couches vulnérables, les femmes et les jeunes. En effet, les ménages pauvres et à faible revenu seront principalement touchés par l’augmentation des prix des biens importés, la réduction du programme social résultant de la baisse des recettes publiques et la baisse de la production des branches où le secteur informel est dominant. Une réduction des revenus du gouvernement entraînera très probablement une diminution de l’argent alloué aux réseaux de sécurité sociale, avec un impact direct sur la pauvreté, comme cela a déjà été observé lors de la crise pétrolière de 2014.

Une augmentation du prix des marchandises importées augmentera le niveau général des prix, entraînant une baisse du pouvoir d’achat pour tous les ménages. D’autre part, en raison du poids du secteur informel dans la sous-région et de l’implication des femmes dans le commerce informel (qui dépend dans une large mesure de l’accès aux produits chinois et de leur revente), les restrictions de voyage auront un impact sur les commerçants qui fournissent une grande partie des marchandises qui sont vendues sur les marchés informels en Afrique centrale.

Les gouvernements peuvent-ils aider les entreprises qui dépendent du commerce avec les pays gravement touchés par le COVID-19 comme la Chine et l’Italie, à survivre en réduisant les taxes? Est-ce un modèle archaïque et contre-productif?
Il est clair que les gouvernements doivent prendre des mesures pour soutenir l’activité durant cette période de crise. C’est ainsi que des mesures ciblées ont été prises en Chine et dans les économies les plus touchées par l’épidémie de coronavirus. À très court terme, la fourniture de liquidités adéquates dans le système financier est également une politique clé, permettant aux banques de fournir de l’aide aux entreprises ayant des problèmes de trésorerie.

La relance des politiques macroéconomiques dans les économies les plus exposées contribuera à restaurer la confiance, à mesure que les effets de l’épidémie de virus et des perturbations de l’offre s’estomperont. La faiblesse des taux d’intérêt devrait aider à amortir la demande, bien que l’impact des changements récents et prévus des taux d’intérêt directeurs sur l’activité soit susceptible d’être modeste dans les économies avancées.
Néanmoins, le financement de telles interventions nécessitera des politiques macroéconomiques plus coordonnées, concertées, cohérentes et se renforçant mutuellement (monnaie, budget, taux de change) aux niveaux national, régional (CERs) et mondial. Ces politiques, en plus d’atténuer l’impact de l’épidémie de COVID-19, contribueront à stimuler les activités économiques sur le continent.

Il faut reconnaitre qu’il sera difficile pour les pays africains de poursuivre des politiques monétaires expansionnistes et d’imiter les mesures de relance et d’assouplissement quantitatif que le monde développé utilise pour stimuler son économie. En Afrique centrale, les programmes d’ajustement structurel en cours et les critères de convergence monétaire du franc CFA rendent la tâche encore plus difficile.

Existe-t-il une baguette magique pour développer les chaines de valeurs de produits et services en Afrique centrale comme mesures de riposte contre les effets économiques de la pandémie?
La solution au développement de chaines de valeurs régionales est une coopération renforcée entre les États. C’est aussi certainement l’un des enseignements de cette pandémie de COVID-19.

Si demain l’Afrique centrale venait à être fortement touchée par le virus en termes sanitaires, quelles seraient les mesures rapides à prendre par les États pour assurer la continuité économique?
La première action consiste à réorienter la politique budgétaire et à prioriser les investissements dans le secteur de la santé par rapport aux autres secteurs. Le but serait de s’assurer que la pandémie n’affaiblisse pas tous les autres secteurs de l’économie et de la société.

À court terme, l’Afrique centrale doit développer des capacités de test qui peuvent dépister des milliers de personnes par jour, pas seulement quelques cas suspects, mais tous ceux qui souhaitent être testés. Les pays d’Afrique centrale doivent commencer à concevoir des mesures de long terme visant à renforcer leurs systèmes de santé nationaux pour lutter contre la propagation d’épidémies comme le COVID-19.

Il est également important que les pays accélèrent leurs efforts de transformation structurelle et de diversification pour limiter leur exposition aux effets du virus. Le renforcement des systèmes de santé nécessitera une plus grande attention aux inégalités spatiales et de revenus dans l’accès au financement des soins de santé. L’élargissement des disparités entre les zones rurales et urbaines et les revenus dans l’accès aux soins de santé sapera les efforts visant à prévenir la propagation de maladies contagieuses telles que COVID-19.

Vivant dans un monde hypercapitaliste, la pandémie de Coronavirus peut-elle aussi offrir des opportunités économiques à nos pays, par exemple un ancrage dans la Zone de libre-échange continentale africaine?
La réduction de l’exposition de l’Afrique centrale aux chocs exogènes et sa dépendance de l’extérieur en tant que fournisseur semble encore plus pertinente aujourd’hui, d’où la justification de la création de pôles industriels dans la sous-région. En conséquence, l’Afrique centrale doit prioriser de manière plus énergique et résolue l’industrialisation, la création d’emplois et les transferts de technologie. Toutes ces actions doivent se faire par le biais de politiques de diversification économique en vue de stimuler le commerce intra-africain, en utilisant la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) comme levier pour une industrialisation tirée par le commerce.

Sur une note plus positive, le géant de la technologie — Apple — vient d’annoncer ce vendredi qu’elle va rouvrir tous ces 42 grands points de vente en Chine, après l’annonce de la baisse systématique des nouveaux cas du COVID-19. Est-ce une bonne nouvelle économique, surtout pour l’Afrique?
C’est une note tout à fait optimiste. Elle montre tout d’abord que la Chine, considérée comme l’épicentre de cette pandémie, observe une baisse de nouveaux cas. Cela implique donc un recul de la pandémie, mais aussi une note d’espoir pour la reprise des activités commerciales ainsi qu’une lueur d’espoir pour le continent.

Propos rassemblés par la Rédaction

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