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Ces banques africaines à la solde de la France

Au-delà des simples bâtisses logées sur le continent noir, ces institutions ne servent qu’à pérenniser l’impérialisme économique.

Le but de chaque dirigeant est de trouver les voies et moyens d’améliorer la vie de ses concitoyens. La France, après la Deuxième Guerre mondiale, est économiquement exsangue. Son leader d’alors, le général De Gaulle doit trouver très rapidement une solution pour garder le statut de grande puissance dont jouit le pays à l’époque. «Il agit en tant que patriote», reconnaît l’enseignant ivoirien.

Dans cette lancée, le général français s’inspire à la fois du système monétaire établi par les Allemands dans son pays et celui de leurs libérateurs américains. Il déclare alors, «en relations internationales, il n’y a pas d’amis, seuls les intérêts». Et c’est au nom de cette maxime que l’homme s’engage contre l’Afrique qui lui aura pourtant tendu la main pendant la guerre. La France se retourne vers ses anciennes colonies en pénétrant au cœur du système monétaire. Cette fois, il est convaincu d’une chose, précise l’économiste panafricain, Pr Agbohou : «celui qui contrôle la monnaie, contrôle le pays».

Sous-directions de la Banque de France
À l’époque, la Banque centrale de France est le bien d’une famille. Et après avoir collaboré avec les nazis, elle n’avait plus de place auprès des Français. Ainsi, De Gaulle demande à René Pléven, ministre de l’Économie et des Finances, de préparer une loi pour la nationalisation de ladite banque. La proposition de loi sera votée à 93,70%, le 2 décembre 1945.

Pour le cas de l’Afrique, le général De Gaulle, alors chef du gouvernement, va tout simplement signer un décret de loi préparé par René Pléven et Jacques Soustelle, ministre des colonies. Le document porte création du franc des colonies françaises d’Afrique. Contrairement au premier texte, il n’a pas besoin de faire passer le projet à l’Assemblée nationale», lance le chercheur ivoirien d’un ton ironique.

Le Pr Agbohou fait comprendre qu’au niveau institutionnel, les banques centrales des sous-régions, notamment la Banque centrale des Comores (BCC), la Banque des États d’Afrique centrale (Beac), la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) sont de simples sous-directions de la Banque de France.

Principes
Selon le chercheur africain, le franc CFA fonctionne sur la base de quatre principes. Le premier est celui des comptes d’opérations. Le deuxième est celui de la libre convertibilité. Le troisième est celui de la fixité des parités. Le dernier est celui de la libre transférabilité des capitaux de la zone CFA vers la France. Ainsi, précise le chercheur, «ces principes conçus à l’époque coloniale par et pour les colons français sont maintenus jusqu’à l’heure où nous parlons. Cela voudrait simplement dire que nous acceptons tout simplement la colonisation», conclut l’économiste ivoirien.

André Gromyko Balla

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