Cemac : Le cœur à la CAN, la tête dans le budget
Pendant que la Commission garde un œil ouvert sur le déroulement de la compétition continentale que la sous-région accueille, l’institution finalise également le projet de budget 2022 à soumettre en février au Conseil des ministres de l’Union économique d’Afrique centrale et au Parlement communautaire.

La Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) est préoccupée par deux défis majeurs à relever en ce début d’année. D’un côté, l’institution sous-régionale se montre soucieuse de la réussite de la 33ème édition de la Coupe d’Afrique des nations de football. Dans la foulée, elle mise sur une bonne participation des pays de la sous-région à cette compétition continentale. De l’autre côté, ses équipes travaillent sous l’impulsion du président de la Commission de la Cemac à finaliser le projet de budget 2022. Celui-ci est à soumettre en février au parlement communautaire et au Conseil des ministres de l’Union économique de l’Afrique centrale (UEAC). Les deux enjeux ont justement occupé une place de choix dans l’ordre du jour de la réunion présidée ce 27 janvier 2022 par le Pr Daniel Ona Ondo. Les travaux se sont tenus en mode virtuel.
CAN Cameroun 2021
Le président de la Commission de la Cemac s’était déjà réjoui, dès l’entame le 9 janvier dernier de la CAN 2021, de ce que «notre espace communautaire accueille notre continent». Le Pr Daniel Ona Ondo avait alors clairement indiqué que cela constituait «un motif de satisfaction». Il l’a réitéré ce 27 janvier 2022 en évoquant «l’actualité sportive de l’heure que constitue la CAN 2021 qui se joue au Cameroun», rapporte l’institution sous-régionale. Le dirigeant communautaire s’est alors appesanti sur les performances des sélections de la sous-région engagées dans la compétition. Il relève avec satisfaction que «les équipes de la Cemac ont fait une belle prestation jusqu’ici. Même le Gabon, qui est éliminé, n’a pas démérité durant ce tournoi». Le président de la Commission de la Cemac forme dès lors le vœu pour la fin de la compétition: «la CAN reste dans notre Communauté. Et pourquoi ne pas rêver de voir nos deux équipes toujours en lice disputer la finale».
UEAC et Parlement
Les travaux tenus par visioconférence le 27 janvier dernier sont préparatoires à «la session extraordinaire du Conseil des ministres de l’UEAC prévue pour la mi-février 2022». Ils se sont également tenus en prélude à «la 1ère session plénière du Parlement communautaire prévue du 8 février au 7 mars 2022». Les responsables de la Commission de la Cemac ont de ce fait eu «comme plat de résistance, le projet de budget de la Communauté pour l’exercice 2022», renseigne l’institution sous-régionale.
La séance de travail concernait donc au premier chef les responsables de la chaîne financière. «Ceux-ci ont exposé sur le travail de compilation des données qui se fait actuellement». Et d’après le compte rendu des travaux, «ils ont tour à tour exposé sur le rapport à mi-parcours de l’exécution du budget au 31 décembre 2021, sur la préparation du projet de budget de l’exercice 2022 et sur celui relatif à la dette de la Communauté». Leurs interventions ont également porté sur «le format d’organisation des assises extraordinaires de l’UEAC et sur la présentation du projet de budget devant le Parlement de la Cemac», a-t-on appris.
On en retient globalement que «les responsables financiers sont à pied d’œuvre pour satisfaire aux exigences des membres de l’UEAC». Cela dans la mesure où «les informations complémentaires sollicitées lors de la 37ème session ordinaire du Conseil des ministres sont en train d’être collectées et compilées, notamment pour le projet de budget de la Communauté exercice 2022 et le dossier relatif à la dette de la Communauté», fait savoir la Commission de la Cemac.
Préparatifs
Le président de la Commission de la Cemac s’est remis au travail dès le lendemain, le 8 décembre dernier, de la 37ème session ordinaire du Conseil des ministres de l’UEAC. Le Pr Daniel Ona Ondo a en effet veillé à distribuer les rôles et les tâches. Une liste de chantiers et d’activités à mener pendant l’intersession a ainsi été arrêtée. Et pour satisfaire aux exigences des ministres en charge de l’Économie et des Finances dans la sous-région, chaque activité a été assortie d’un deadline ou d’un délai d’exécution.
Les dates du 20 janvier et du 30 janvier 2022 sont celles figurant sur le document parvenu à notre rédaction.
Rendu au 31 janvier 2022, on est en mesure d’affirmer que plusieurs dossiers sont déjà prêts. À savoir: «le bilan à mi-parcours de l’exécution du budget de la Communauté pour l’exercice 2021; le rapport au 15 septembre du Contrôleur financier; les documents relatifs à la dette qui sont déjà transmis au directeur de cabinet du président de la Commission; la matrice de la dette due à l’Union européenne; la compilation de l’ensemble de la dette intérieure de la Commission; et la compilation des documents relatifs aux informations financières».
D’autres éléments sont également à ranger dans le registre des tâches effectuées. Il en est ainsi «du rapport sur l’état de fonctionnement de la Communauté; ou s’agissant du discours du président de la Commission de la Cemac au Parlement, de la transmission du discours du président du Comité inter-États à son directeur de cabinet».
Il est aussi à noter que le procès-verbal de la 37ème session du Conseil des ministres est en cours de traitement et que le projet de budget reste à finaliser. Il reste aussi à finaliser «le discours du président de la Commission de la Cemac au Conseil des ministres, le rapport au 31 décembre 2021 du contrôleur financier sur l’exécution du budget 2021; et la matrice de la dette extérieure, notamment celle due à l’UE, en joignant en annexe les lettres de débit de l’UE ainsi que tous les documents de supports», rapporte l’institution sous-régionale.
Dans tous les cas, le Pr Daniel Ona Ondo «a insisté pour que tous les dossiers à présenter à l’instance ministérielle soient finalisés pour début février. Il a aussi demandé que les rapports d’activités soient consolidés et transmis dans les délais, notamment pour ce qui est de la session extraordinaire de l’UEAC et pour la 1ère session plénière du Parlement communautaire», a-t-on également appris.
Le dirigeant sous-régional a à cet effet remis sur la table la question de l’absentéisme en «souhaitant un bon retour aux fonctionnaires qui ont regagné le siège provisoire de l’institution à Malabo». Mais il a aussi «appelé à un retour rapide de ceux qui ne l’ont pas encore fait en demandant à la DRH de prendre toutes les dispositions afin que le travail reprenne ses droits au sein de tous les services de la Commission de la Cemac».
Théodore Ayissi Ayissi
37ème Conseil des ministres
Plusieurs attentes sont formulées à l’issue de la 37ème session ordinaire du Conseil des ministres le 8 décembre dernier. Celles présentées par les ministres en charge de l’Économie et de Finances visent «à se doter d’un budget réaliste, réalisable et à la hauteur des ambitions de la Communauté». Le président dudit Conseil, Alamine Ousmane Mey, et ses pairs veulent en somme «des prévisions qui correspondent au contexte et à leurs réelles capacités de contribution». Avec la Commission de la Cemac, ils ont en outre estimé, «à juste titre, qu’il fallait des éléments d’appréciation pour voter le budget. Parce que la dette doit rentrer dans le corpus du budget. Et on ne peut pas décider du budget alors que l’on n’a pas décidé de la dette», énonçait le Pr Daniel Ona Ondo. La dette des institutions communautaires s’élève à 20 397 393 238 FCFA.
Les États membres regrettent notamment «la structure de la dette intérieure constituée pour plus de la moitié des frais de sessions, des frais divers des personnels et des indemnités de départ à la retraite», selon une source proche du Conseil. Celle-ci précise en outre que les États exigent avant de se prononcer, de voir plus clair sur «la dette due aux partenaires au développement, et notamment à l’UE».
De son côté, le président de la Commission de la Cemac a soulevé le problème des arriérés des États au titre de la Taxe communautaire d’intégration (TCI). Au 8 décembre 2021, «le taux de réalisation était de seulement 33,32%. Et un montant de 99 836 694 107 FCFA était attendu au titre des arriérés au 31 décembre 2020». Le Pr Daniel Ona Ondo a alors invité les États à «plus de volontarisme et à se désendetter progressivement envers la Communauté et à reverser intégralement la TCI». À l’en croire, c’est le seul moyen de parvenir «à l’apurement de la dette de la Communauté concernant les droits de départ des juges, des premiers responsables et fonctionnaires qui vivent aujourd’hui dans la misère».
Un début de solution est trouvé avec la demande formulée le 30 juin 2021 par le Conseil des ministres. Celle-ci a consisté à mobiliser la Commission de la Cemac afin «de proposer un plan d’apurement et une inscription dans le budget de la Communauté». Tout porte justement à croire, au vu du compte rendu des préparatifs, que toutes ses attentes sont prises en compte par les services compétents de l’institution sous-régionale.
TAA