PANORAMAPORTRAIT DÉCOUVERTE

Can 2023 : Victoire, saveurs et mots ivoiriens

Images fortes d’un peuple content.

Des supporters ivoiriens

Qui aurait pu l’écrire? Qui aurait pu le deviner? La Côte d’Ivoire a remporté la CAN 2023 en renversant le Nigeria en finale, dans la ferveur du stade Alassane Ouattara d’Abidjan (2-1). Ils sont revenus de si loin: Sébastien Haller, Seko Fofana, Simon Adingra, Oumar Diakité… Les voici champions d’Afrique. Oubliée leur défaite face à la Guinée équatoriale, oubliées leurs difficultés passées. Sous la gouverne du providentiel Emerse Faé, les miraculés ont offert à la Côte d’Ivoire ce dimanche 11 février à Ebimpé un troisième titre.

À Abidjan, la victoire orangée, incandescente, a officiellement signé l’épilogue du tournoi. Mais, partout dans le pays et dans toutes les communautés ivoiriennes à travers le monde, la fête continue. A Douala, les Ivoiriens respirent encore un air de fête ce 12 février 2024. «Chacun laisse exploser sa joie par des cris, des levées de poing, des slogans et l’Abidjanaise reprise en chœur», à en croire le récit de nos confrères de la CRTV. Selon la même chaine, le soir de la victoire, même les plus rétifs aux grands rassemblements et à ses débordements inévitables se sont risqués dehors pour se mêler à la foule et vibrer à l’unisson.

Victoire
«À Brazzaville, l’allégresse de la victoire s’est confondue avec la fierté d’être Ivoirien; autour de la ferveur populaire suscitée par la victoire de l’équipe de Côte d’Ivoire, des journalistes n’ont pas hésité à parler d’union sacrée, de communion de toute la nation autour de ses joueurs», écrit Jarele Sika, du site d’informations Les Echos du Congo-Brazzaville.

Tensions
À Paris, plusieurs tensions ont éclaté dans la nuit, en marge des célébrations de la victoire ivoirienne.
«Des scènes de joies, beaucoup d’échauffourées mais peu de dégâts, selon les autorités. De nombreux supporters des Eléphants sont descendus dans les rues de Paris, afin de célébrer la victoire. Peu après le coup de sifflet final, les rues de Paris ont été inondées de maillots orange et blanc, couleurs du drapeau de la Côte d’Ivoire. À partir de 23h, des centaines de supporters se sont rassemblés dans les secteurs Château d’eau, Sébastopol et Champs Elysées. C’est surtout sur les Champs-Élysées que la fête a été de courte durée. Selon une source policière, des supporters ont tenté plusieurs fois d’envahir la chaussée, tirant des pétards et des feux d’artifice et rendant la circulation difficile. Des tensions sont rapidement apparues entre eux et les forces de l’ordre, qui sont intervenues à chaque tentative pour les disperser», rapporte Onze Mondial.

Reportage
Dans un reportage publié ce 12 février 2024, la chaine ivoirienne RTI 2 montre des supporters qui scande «des Eléphants qui donnent une belle image de Côte d’Ivoire». Sur NCI (Nouvelle Chaîne Ivoirienne) un autre reportage traite cette célébration populaire en mettant en valeur l’ampleur de ce rassemblement d’un million et demi de personnes au centre d’Abidjan. «Les gens sautent dans tous les sens, se prenant dans les bras; les plus audacieux se hissent sur le toit des bus», s’épanche le reporter. Au micro de ce dernier, des impressions. «C’est énorme! Énorme! Je suis trop fière, ils sont trop forts nos Eléphants, s’enthousiasme Justine, 17 ans, persuadée que «désormais la Côte d’Ivoire est invincible». Dans le reportage, des fumigènes embrasent la nuit, en alternance avec les lourdes détonations de pétards. Ébahis, des touristes filment la fête depuis les trottoirs, et un couple de Japonais explique n’ «avoir jamais vu ça».

Bobo Ousmanou

Le grand «ami chérifien»

Pour avoir «joué» pour les Eléphants, le Maroc est devenu un référent que la Côte d’Ivoire ne cesse de mobiliser dans sa célébration.

 

Les joueurs de la Côte d’Ivoire ont porté le drapeau de leur pays mais également celui du Maroc pendant la remise du trophée. Parmi les instants solennels ayant marqué la soirée de ce dimanche 11 février de l’an 2024, la transmission du drapeau de la Coupe d’Afrique des Nations en prévision de la 35ème édition qui sera organisée au Royaume du Maroc l’an prochain, entre le tout récent organisateur et le prochain. Fouzi Lekjaâ, en sa qualité de représentant du Maroc prochain pays hôte de l’édition 2025, a solennellement reçu des mains de M. Alassane Ouattara, président de la Côte d’Ivoire, le drapeau du pays organisateur de la CAN 2025 en présence des présidents de la FIFA Gianni Infantino et de la CAF Patrice Motsepe.

S’il y a une passation de témoin entre les deux pays, puisque le Maroc sera le pays hôte de la CAN 2025 – le drapeau marocain a été affiché sur les écrans géants du stade sous les acclamations du public -, il y avait encore un peu plus dans cette sublime image de fair-play. Si les deux nations ont toujours entretenu de bonnes relations, elles ont été renforcées à la fin de la phase de poules. Au bord de l’élimination après une humiliation contre la Guinée Equatoriale lors son dernier match de groupe (4-0), les Ivoiriens ont dû leur qualification parmi les meilleurs troisièmes grâce à plusieurs résultats dont celui du Maroc contre la Zambie (1-0). Déjà qualifiés pour les huitièmes de finale sans jouer, les Marocains avaient toutefois aligné une «équipe-type» contre les Zambiens et avaient tout tenté pour s’imposer. Ce qui avait beaucoup plu aux Ivoiriens qui avaient célébré ce succès et donc cette qualification pour les Eléphants comme il le fallait.

Bobo Ousmanou

 

CAN 2025

Coup d’envoi du suspense marocain

Le Maroc, pays-hôte de la prochaine édition, avait fait savoir que la CAN 2025 sera «disputée au royaume durant l’été 2025». Problème: la CAF n’a absolument pas confirmé cette information.

 

«Je ne vais pas faire d’annonce, nous le ferons en temps voulu. Mon message pour le peuple du Maroc et le peuple de l’Afrique est que la CAN de l’année prochaine sera un immense succès», a éludé Patrice Motsepe. Réputé proche de Gianni Infantino, le président de la FIFA, qui organisera la première édition à 32 de la Coupe du monde des clubs du 15 juin au 13 juillet 2025, le président de la CAF osera-t-il contrarier les plans du boss du football mondial en programmant la CAN au même moment ? On peut en douter. «J’ai rencontré le président de la FIFA hier (au congrès de l’UEFA, ndlr), en effet il y a beaucoup de compétitions au même moment. Nous sommes confiants sur le fait que nous pourrons trouver de bonnes dates», a concédé le Sud-Africain. De quoi laisser la porte ouverte à toutes les hypothèses…

D’après le président de la CAF, des discussions avec la Fédération internationale de football association (FIFA) et la Fédération royale marocaine de football (FRMF) n’ont pas encore abouti. Le pays hôte souhaite l’organiser en juin-juillet alors que de nombreuses compétitions sont aussi prévues à cette période dont premier grand Mondial des clubs à 32 équipes, du 15 juin au 13 juillet aux États-Unis.

Si la légitimité d’une CAN tous les deux ans, lors des années impaires et qui convoque tous les joueurs jouant en Europe, ne se pose plus vraiment, reste le problème de la saison adéquate : été ou hiver ? Pour la CAN 2025, le Maroc a, pour l’instant, opté pour l’été. Une option estivale validée en 2019 par les clubs européens mais un casse-tête en 2025 pour Gianni Infantino qui lancera vers cette période sa nouvelle Coupe du monde des clubs à 32 équipes (du 15 juin au 13 juillet, aux Etats-Unis) … Eté ou hiver : tout peut se négocier, comme on l’a vu avec le retour à la période hivernale au Cameroun en 2022 et en Côte d’Ivoire, cette année. Mais il faut agir vite, en concertation avec la fédé marocaine.

La variable d’ajustement réside peut-être dans le nombre de participants. Tout comme l’Euro, la formule à 24 participants et son repêchage des meilleurs troisièmes font durer la CAN de façon sans doute déraisonnable. Or, le pli a été pris : l’Afrique du football a plébiscité un plateau étendu où la moitié du continent est désormais invité. De plus, avec cette CAN ivoirienne, c’est justement la diversité de styles des nombreux pays présents et l’émergence de nombreux talents (joueurs et entraîneurs) qui assurent désormais la promotion et les progrès incontestés d’un football africain qu’on a toujours souhaité voir atteindre son meilleur niveau.

Bobo Ousmanou

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