Can 2019: la nouvelle géographie du football africain
L’édition 2019 de la Coupe d’Afrique des Nations (Can) offrira un autre visage de la géopolitique du football sur le continent. La nouvelle configuration de la compétition a sensiblement redistribué les cartes de l’élite du football africain. Visiblement, le passage de 16 à 24 équipes en compétition a valorisé le potentiel de la grande Afrique australe. En jumelant les qualifiés des unions de fédérations d’Afrique de l’Est et australe, cette partie du continent s’arroge 9 représentants. Elle passe ainsi de 2 équipes en 2017 à 9 en 2019, soit 87,5% de places ajoutées. En d’autres termes, 7 des 8 nouvelles places de la compétition sont occupées, pour cette édition, par les sélections de cette zone géographique. Une percée fulgurante qui augmente la probabilité d’accès dans le dernier carré. Le tirage au sort, prévu le 12 avril, précisera les scénarii.
La seconde forte représentation est celle de l’Afrique de l’Ouest. Avec 9 qualifiés, elle est l’union fédérale la plus représentée. L’Afrique de l’Ouest confirme son leadership. Lors des 3 dernières éditions de la compétition continentale, au moins deux équipes de cette région ont toujours été en demi-finale. En 2013, le Mali, le Nigeria, le Burkina Faso et le Ghana nous ont offert une demi-finale, puis une finale 100% ouest-africaine. Avec le nouveau format de la Can, la région a eu deux équipes supplémentaires par rapport à l’édition de 2017.
Pour les 6 dernières places, l’Afrique du Nord et l’Afrique centrale se les partagent. Avec l’Égypte comme pays organisateur et trois sérieux candidats (Maroc, Algérie Tunisie), l’Afrique du Nord n’est pas mal lotie. Le Cameroun (sous réserve de l’issue de la plainte déposée au Tas par Les Comores) et la République démocratique du Congo (RDC) défendront l’honneur de l’Afrique centrale, ainsi que le sacre de 2017.
Opposition de styles
De toute évidence, il faut s’attendre à une compétition tactique. Cette édition de la Can nous réservera sans doute une opposition de styles. D’abord entre l’ouest et l’est. L’Afrique des lacs défiera l’Afrique savonneuse. Ainsi deux principaux styles seront aux prises : le style est africain, physique, basé sur la vitesse et le jeu au corps ; l’exigence ouest-africaine de conservation et de contrôle du ballon, avec des attaques explosives.
Avec de bons techniciens évoluant dans les meilleurs clubs en occident, l’Afrique du Nord est plus proche du style ouest-africain, mais avec moins de physique. Ses équipes sont plus connues pour les longues phases de préparation de jeu, visant à désorganiser la mise en place tactique de l’adversaire. Quant à l’Afrique centrale, on pourrait plus s’attendre à un jeu malicieux d’adaptation à l’adversaire. Le Cameroun et la RDC ne sont véritablement pas des équipes qui évoluent en imposant leur jeu à l’adversaire.
Somme toute, la Can nous a toujours habitués à être cette compétition tactique d’opposition de style. Au fur et à mesure que la compétition évolue, les équipes cèdent au réalisme. Entre économie d’énergie, gestion de l’épuisement physique, profondeur du banc de touche, adaptation à l’adversaire, le vainqueur a parfois été le plus réaliste, et quelquefois chanceux.
Une démarche qui se renforcera sans doute. En effet, la Can se tient désormais en fin de saison, et le tournoi est devenu plus long avec l’introduction des 8e de finales (passage à 24 oblige). Pour atteindre la finale, il faudra jouer six matchs et remporter au moins quatre de ces confrontations. Le temps de préparation et de concentration que cela impose achève de convaincre qu’on aura bel et bien droit à une compétition tactique et réaliste.