Cacao durable : le nouveau sillon de la coopération Cameroun-Union européenne
Le Mincommerce, le Minader et l’ambassadeur chef de la délégation de l’UE au Cameroun ont procédé ce 18 novembre 2021 à Yaoundé au lancement des «Cocoa Talks».
À l’image de celui existant avec la Côte d’Ivoire et le Ghana, le Cameroun souhaitait avoir un dialogue inclusif avec l’Union européenne (UE) sur le Cacao durable. Depuis ce 18 novembre 2021, c’est chose faite. Les ministres camerounais du Commerce (Mincommerce), de l’Agriculture et du Développement rural (Minader) et l’ambassadeur chef de la délégation de l’Union européenne au Cameroun ont concrétisé cette volonté.
Ils ont procédé au lancement à Yaoundé des «Cocoa Talks». Il s’agit d’un dialogue dont l’ambition vise à assurer «la production et la survie des producteurs camerounais. Étant entendu que cela amène à la question fondamentale de la rémunération de ces derniers», expliquent Luc Magloire Mbarga Atangana et Gabriel Mbaïrobé.
Cette position est au demeurant également défendue par Philippe Van Damme. Même si pour sa part, le diplomate européen préfère mettre en valeur une autre dimension. Notamment le fait que la plateforme de discussion vise aussi à «accompagner le Cameroun pour le préparer à la nouvelle législation européenne en matière de cacao. Puisqu’une directive va interdire l’importation de produits qui contribuent à la déforestation».
L’idée est alors que «le Cameroun puisse se repositionner de la façon la plus compétitive possible sur le marché européen, même s’il est déjà très bien positionné avec 3% du cacao camerounais déjà certifié», précise l’ambassadeur chef de la délégation de l’UE au Cameroun.
Pour ce faire, «nous avons mobilisé 5 millions d’euros, soit environ 3 milliards FCFA pour accompagner le dialogue avec une expertise technique. On pourra ainsi arrêter un plan stratégique pour créer une chaîne de valeur», fait encore valoir Philippe Van Damme.
Piliers
Quatre éléments clés structurent au final le dialogue sur le cacao durable au Cameroun. Ainsi qu’ils sont présentés par un expert de la Commission européenne, ils «portent sur le prix, le standard, la traçabilité des produits et sur une production durable».
Ces paramètres permettent en somme aux deux parties de prendre en compte plusieurs problématiques importantes. Celles notamment liées à l’interdiction du travail des enfants et à la protection de l’environnement. L’institution européenne constate par exemple pour le déplorer, que «l’arrivée d’un nouveau pays sur le marché du cacao s’accompagne toujours de déforestation».
Alors que du côté du Cameroun, on ne perd pas de vue les aspects concernant l’épanouissement des producteurs, mais aussi la satisfaction du consommateur. Le plaidoyer du Mincommerce, du Minader et du Conseil interprofessionnel du Cacao et du Café (CICC) consiste alors à veiller à ce que «le Cameroun soit compris et accompagner dans ce processus». Car, «prix et durabilité sont les deux faces d’une même pièce», souligne à l’intention de l’UE, Luc Magloire Mbarga Atangana.
Perspectives
Selon le Conseil interprofessionnel du Cacao et du Café, la production annuelle de cacao au Cameroun est d’environ 300 000 tonnes. Avec le lancement des «Cocoa Talks» et compte tenu d’un certain nombre d’actions prises par le gouvernement et le CICC, «cette production devrait passer à 640 000 tonnes à l’horizon 2025. Cela sans déforestation et sans appauvrir le sol», se félicite Gabriel Mbaïrobé.
Le Minader tient en outre à préciser s’agissant du travail des enfants, qu’il existe déjà un programme gouvernemental de remédiation. Il reste cependant à s’assurer qu’en termes de rentabilité, le pourcentage censé revenir au producteur soit revu à la hausse. Le Mincommerce relève à titre illustratif que «sur 100 milliards de dollars, celui-ci n’a que 2 milliards, soit seulement 2%». Une réalité qui constitue pour le consommateur européen l’un des ressorts «du plaisir coupable» évoqué par Philippe Van Damme.
Tables rondes
Le lancement des «Cocoa talks» pose pour l’essentiel la question non négligeable de la définition d’une approche commune et de la mise en œuvre cohérente des conclusions arrêtées au cours des échanges. Ces deux aspects sont censés être abordées dans le cadre des tables rondes thématiques.
Les meilleures estimations parlent d’un démarrage au premier trimestre 2022. D’autres sources proches de l’UE laissent entendre que «le calendrier sera défini conjointement avec le Mincommerce; et que l’ordre du jour de chacune des tables rondes sera établi et communiqué à tous les participants à la rencontre».
Théodore Ayissi Ayissi