Axe Nkolmesseng-Éleveurs: en avant les engins !
Décidé par les autorités municipales de la capitale, le chantier de la route figure désormais en tête des priorités de réaménagement urbain
C’était la grande oubliée de la voirie urbaine du 5e arrondissement de Yaoundé. Près d’un an après le début des opérations de déguerpissement, la construction de la route de Nkolmesseng a débuté. En témoigne sur le site, la présence de camions et d’engins lourds soulevant d’épais nuage de poussière à chaque passage. C’est que l’entreprise Sinohydro Corporation Limited a entrepris, depuis près d’un mois, les travaux de réalisation des rigoles préfabriquées. «On a commencé par creuser à l’endroit où doivent aller les rigoles ensuite on a posé les préfabriqués. Le même travail sera fait des deux côtés de la route. À la fin, on va bourrer les joints. Ensuite, on va procéder aux terrassements, suivra le remblai pour avoir le niveau exact de la route. À ce stade on pourra mettre la couche de base qui devra sécher avant le bitume», a expliqué à Intégration Boniface, un technicien rencontré sur le chantier.
À un rythme soutenu, des engins de Sinohydro Corporation Limited enlèvent de la terre suivant des tracés préalablement fait par des ingénieurs. Pendant ce temps, des camions multiplient des allers-retours, tantôt vides, tantôt remplies de terre. La circulation n’en est pourtant pas paralysée. Même les différents panneaux de limitation de vitesse ou les ficelles tendues à certains points ne limitent pas les déplacements des populations et des biens. Chacun vaque à ses occupations. L’avenir augurant de bonnes perspectives. «Dès que la route s’est détériorée, il m’est devenu difficile d’exposer les vêtements de ma boutique. La poussière abime les vêtements et les clients n’en veulent plus. J’avais donc opté pour les garder dans les valises et j’exposais seulement ce que la poussière avait déjà touché. Le problème c’est que ma clientèle ne peut pas grandir de cette façon parce que les gens ont besoin de voir les nouveautés avant de pousser la porte de la boutique», raconte Erico, tenancier d’un commerce à proximité de la Gendarmerie. Le projet de construction de la route de Nkolmesseng émane du Projet de développement des villes durables et résilientes du ministère du Développement urbain et l’Habitat. Il a été lancé en 2019 par la ministre Ketcha Courtès sur financement annoncé de 10 054 312 097 milliards FCFA TTC (8 431 288 970 milliards FCFA HTVA) de la Banque mondiale et du budget d’investissement public de l’exercice 2021. Lors d’une manifestation politique tenue dans le quartier au mois de septembre 2020, le maire de Yaoundé V chiffrait à 12 milliards de FCFA le montant acquis pour l’implémentation du projet et 2 milliards FCFA l’enveloppe des indemnisations des personnes impactées par le projet.
Les travaux en cours devraient permettre de relier le chef-lieu d’arrondissement de Yaoundé V aux quartiers Ngousso Éleveur et Mimboman. Il s’agit notamment des tronçons Carrefour lycée bilingue-Mombelinga-Carrefour Éleveur; Carrefour Safari- Après le chef-Carrefour Éleveur; Carrefour Momebelingua-Carrefour Fabrique. L’ouvrage porte sur un linéaire de 6,7 Kilomètres organisés sur deux chaussées de deux voies de circulation chacune, un terre-plein central de 2 mètres de largeur, des trottoirs, l’éclairage public et des arbres. Pourtant, le chantier entamé ne fait pas que de l’enthousiasme. Ci et là, des graines de scepticisme germent quant à l’aboutissement du projet. «Nous ici on ne comprend pas ce qu’ils font. Toutes les maisons n’ont pas été démolies comme c’était prévu et maintenant les travaux ont commencé. Du coup ce qu’on pense c’est qu’ils vont simplement mettre le goudron et les voitures vont s’esquiver comme sur l’axe-lourd Douala-Yaoundé», grommèle Gerard K. riverain. Sur le site du chantier, l’on se veut rassurant. «Le profil de la route n’est pas encore ressorti. Ce qui fait que le profane qui voit pense seulement que la route qu’on construit sera petite, mais ce n’est pas le cas. Elle respectera bien les prévisions», souligne Valentin, un autre technicien. Et d’ajouter : «La route qui va passer va occuper 14 mètres d’une rigole à l’autre. Ce qui fait 14 divisé par 2, soit 7 mètres pour chaque chaussée. Ensuite on calcule 7 divisé par 2 ce qui donne 3,5 mètres, donc chaque chaussée aura deux voies de circulation de 3,5 mètres, ce qui correspond à la dimension d’une voiture à peu près», souligne le même employé.
Dix-huit mois sont définis pour l’implémentation du projet de désenclavement de Nkolmesseng. À cela s’ajoute douze mois de garantie. Pour l’heure, d’autres activités ont lieu dans le quartier. Ceux-ci portent sur le remplacement des poteaux électriques, les démolitions des domiciles à la suite des récentes transactions financières liées aux indemnisations.
Louise Nsana