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Assainissement du transport urbain et interurbain : nouveau leurre gouvernemental pour les syndicats

La vaste campagne annoncée par le ministre de l’Administration territoriale (Minat) est, selon des témoignages, à mettre sous le vocable d’effets d’annonce.

Les syndicats s’impatientent

Après le communiqué du ministre de l’Administration territoriale (Minat) sur l’insécurité galopante dans le transport urbain, périurbain et interurbain, les syndicats crient au statu quo. En effet, Paul Atanga Nji avait annoncé il y a plusieurs mois des mesures fortes, entre autres l’identification de chaque chauffeur de taxi, l’enlèvement de la circulation des véhicules aux vitres fumées. Rien n’est fait jusqu’alors sur le terrain. Les taximen circulent sans identifiants sur les portières et des rutilantes aux vitres fumées se voient de plus en plus sur nos routes. Selon Augustin Ngangoua, président du Syndicat national des conducteurs routiers, urbains, périurbains et interurbains du Cameroun (Syncrurpicam), la sortie du Minat s’apparente à «un coup d’épée dans l’eau. C’est chaque fois qu’il fait des grandes sorties pompeuses, pour donner les mesures à respecter dans le secteur des transports. Sauf qu’après, il n’y a rien». Et le leader syndical de signaler «qu’avant l’annonce du 17 juillet dernier, les syndicats, le Minat et le ministre des Transports, Jean Ernest Massena Ngallé Bibehe, ont tenu une réunion sur le même sujet. De nombreuses résolutions ont été arrêtées parmi lesquelles la lutte contre le transport clandestin, l’identification des mototaxis pour savoir qui est propriétaire de la moto et qui est chauffeur. On avait évoqué les numéros de portière qu’il fallait relancer. Il est question que les propriétaires de véhicules se rendent dans les mairies de leur localité pour se faire attribuer un numéro de portière, et enfin, il y a le problème des badges qu’ils ont renvoyé à plus tard». En dépit de toutes ces résolutions, «nous nous rendons compte que nous faisons du sur place, les pouvoirs publics ne veulent véritablement pas assainir notre secteur d’activité», regrette Augustin Ngangoua. «Je vous mets au défi, rien ne va se passer», lâche-t-il.

Tolérance et laxisme
Le syndicaliste partage et approuve les mesures gouvernementales. Car le secteur des transports est en lambeaux et il y a des décennies que «nous décrions l’insécurité galopante à bord des taxis et mototaxis». Selon Patrice Samen, président de la fédération nationale des syndicats des chauffeurs professionnels du Cameroun (FNSCPC), depuis la lecture du communiqué du Minat, il n’y a pas «d’opération d’assainissement dans la ville de Yaoundé», constate-t-il. Cela s’explique par «le laxisme et la gestion de la cité par la tolérance. Il y a trop de tolérance administrative, le préfet a sorti un communiqué et fixé le délai jusqu’au 15 août. Question: est-ce que les taximan vont se conformer», s’interroge Augustin Ngangoua.

Outre des préventions routières qui relèvent des mairies, les mêmes annonces ont été faites trois mois par le préfet avant la dernière réunion du Minat. En réalité, pour avoir des effets escomptés, le gouvernement «doit travailler sérieusement avec les responsables des syndicats pour mener certaines activités. Malheureusement les mairies ne nous impliquent pas malgré les pétitions faites pour une franche collaboration». Je ne sais quelles sont les réticentes, elles se contentent d’envoyer les motos en fourrière et de prendre les pénalités. Or, ce n’est pas cela l’essentiel, il faut réorganiser tous les sous-secteurs d’activité dans chaque mairie d’arrondissement. Elles ont reçu ce pouvoir, mais elles ne le font pas. On va essayer de voir avec le préfet pour qu’une réunion ait lieu», envisage-t-il.

Olivier Mbessité

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