Ambassade d’Allemagne au Cameroun : Le temps de «l’omni-diplomatie»
Depuis son arrivée, S.E. Corinna Fricke, la patronne de la chancellerie germanique à Yaoundé, a un gros œil sur tous les projets dans lesquels son pays est impliqué.

S.E. Corinna Fricke! Depuis quelques jours, le nom de l’ambassadrice de la République fédérale d’Allemagne (RFA) au Cameroun claque dans l’actualité diplomatique à Yaoundé. De manière révélatrice, la diplomate germanique exprime son goût de la proximité et des gens. «La mission la plus importante et exaltante de l’ambassade d’Allemagne au Cameroun est de raffermir les relations déjà intenses et multiformes entre nos deux pays. Pour cela nous avons besoin de vous – votre intérêt, votre opinion, vos idées», écrit-elle grandement sur le site officiel de la chancellerie dont elle a officiellement la charge depuis le 14 août 2020.
Jetée dans le bain d’une offensive diplomatique dans son pays d’accueil, S.E. Corinna Fricke a déjà fait le tour de plusieurs administrations publiques. Le 29 septembre dernier, elle a rendu visite à Mounouna Foutsou. Avant de débarquer chez le ministre de la Jeunesse et de l’Éducation civique, l’ambassadrice de RFA au Cameroun était chez le Premier ministre, Chief Joseph Dion Ngute, le 16 septembre 2020. Cette étape a été suivie d’une audience que Louis-Paul Motaze (ministre des Finances) a accordée à la plénipotentiaire allemande le 18 septembre 2020. L’on n’oublie pas l’escale de la représentante d’Angela Merkel chez Jules Doret Ndongo (ministre des Forêts et de la Faune) le 8 août 2020.
Motivations
«Cette dame endosse pleinement le costume inhérent à sa charge», constate un observateur sous anonymat. Cette charge, c’est un portefeuille d’environ 34 milliards FCFA injectés dans 13 projets au Cameroun, à en croire une évaluation faite le 2 octobre 2020 par Mittelafrika.com, le portail digital sur l’information diplomatique et stratégique entre l’Allemagne et l’Afrique. Au-delà de tout cela, le «périple» de S.E. Corinna Fricke est perçu par certains comme l’installation progressive d’une forme d’adéquation entre le discours et l’action allemands au Cameroun.
Complétant ces mots, l’internationaliste Elvira Mbatoumou suggère d’y voir «la fin de la sacrosainte culture de retenue allemande partout dans le monde». «En effet, il y a dans cette démarche une volonté d’assumer des responsabilités internationales élargies dans une perspective d’un nouvel ordre économique mondial post-Covid-19», appuie-t-il. On se souvient qu’en janvier 2014, le la a été donné lors de la conférence sur la sécurité à Munich. À cette occasion, Joachim Gauck, le président allemand d’alors, insistait sur le fait qu’«il faut que l’Allemagne s’implique plus rapidement, de façon plus résolue et plus fondamentalement dans les affaires du monde. L’Allemagne est trop grande pour se contenter de faire des commentaires sur la politique internationale en simple spectatrice».
Jean-René Meva’a Amougou