Insécurité routière : L’Onu charge les conducteurs de motos taxis
Selon les statistiques de l’Organisation des Nations unies, restituées le 23 août 2018 à Yaoundé, les engins à deux roues ont élevé le coefficient de mortalité routière au Cameroun en 2017.

Selon les statistiques officielles, entre janvier et août 2017, le pays a enregistré 4 190 accidents dont 179 mortels, 784 corporels et 3 227 matériels. Le mois d’août est le plus meurtrier de cette période : 626 accidents toutes catégories confondues, dont 34 mortels, 79 corporels et 513 matériels. «Le comble, c’est que les motocyclistes ont payé un tribut particulièrement lourd, avec une évolution de la mortalité cumulée de +7% par rapport à 2016», évalue l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la sécurité routière. Cela est d’autant plus préoccupant que ramené à la proportion du parc, le risque d’avoir un accident à moto est de 3,3%, contre 9,5% en moyenne pour une automobile.
«Show »
Evoquant l’une des lignes du rapport qu’il est venu présenter aux autorités camerounaises, Jean Todt estime que, contrairement à une idée répendue, la mortalité routière ne frappe pas au hasard mais de façon prévisible. «Elle résulte des déterminations collectives et constitue en ce sens un fait social. Un accident de la route n’a souvent rien d’accidentel: il obéit à des régularités statistiques». A cause de la vitesse, de l’alcool, des drogues, souvent associés à une certaine inconscience, les conducteurs de motos à titre commercial paient le prix fort sur la route. Le rapport sur le Cameroun souligne qu’au courant de 2017, les 18-24 ans représentent 30,5% des tués et 32,3% des blessés hospitalisés, surtout dans les grandes villes.
L’organisation onusienne estime aussi que la manipulation de smartphones et autres gadgets électroniques figure de plus en plus dans les causes d’accidents des «bend skin». Selon ses statistiques, un quart des jeunes conducteurs ont déjà fait un selfie au guidon et la moitié a pris une photo en conduisant. Ils sont 38% à avouer lire des SMS dans les mêmes conditions et 24% en envoient. Ils sont 62% à avoir déjà conduit en luttant contre le sommeil.
Pertes
Sur le plan financier, les accidents de la route coûtent au Cameroun 174 milliards francs CFA par an. Leurs conséquences économiques représentent 1% du PIB, soit plus de 100 milliards de francs CFA par an. Telle que posée, la situation est alarmante. Pour cela, l’Onu exhorte le Cameroun à tenir bon dans ses efforts de réduction de 50%, le nombre d’accidents de la route d’ici à 2020. «Cela permettrait d’accélérer durablement la croissance, et d’éviter aux familles des souffrances physiques et psychologiques, dans un contexte où le pays fait face à des chocs multiples», ponctue Allegra Baiocchi, la coordinatrice résidente du système des Nations unies au Cameroun.
Jean-René Meva’a Amougou