Mondial 2030: les curiosités d’une candidature maghrébine

Depuis l’interview de Taïeb Baccouche, secrétaire général de l’Union Maghreb Arabe (Uma), l’idée d’une candidature maghrébine à la coupe du monde 2030 a fait son bonhomme de chemin.

Mieux, elle a déjà récolté des soutiens à travers le monde. A l’origine, c’est le député tunisien RiadhJaidane, président du mouvement l’Appel des Tunisiens à l’étranger, qui en est l’instigateur. Sa proposition consiste en une candidature conjointe du Maroc, de la Tunisie, de la Mauritanie, de l’Algérie et la Lybie. Le parlementaire tunisien vend cette idée au patron de l’Uma lors d’un entretien le 18 juin. Tout de suite, il est arrêté qu’un conseil des ministres des sports de la région devrait plancher sur la question. Depuis lors, le gouvernement tunisien, la fédération algérienne de football ont souscrit à cette idée. C’est dire la pertinence du projet. Mais de nombreux défis doivent être surmontés.

Région fantôme

En pleine rivalité entre les deux géants de la région (Maroc et Algérie), le niveau d’interactions entre les pays du Maghreb est très faible. L’Uma vit au rythme de cette opposition sur le Sahara occidental. Les échanges intrarégionaux sont inférieurs à 5%. Outre la fédération algérienne, les deux géants ne se sont pas officiellement prononcés sur l’idée d’une candidature du Magreb.
De l’aveu du secrétaire général de l’Uma, «le sport pourrait être le vecteur d’une union maghrébine plus forte». Le député tunisien Riadh Jaidane, lui, estime que, seul, le Maroc n’a aucune chance. Surtout qu’il pourrait se heurter à un trio redoutable «Urugay-Argentine-Paraguay».

Face à cela, Pascal Boniface assure que «la candidature par excellence serait une candidature maghrébine associant d’autres pays de la région». Le ballon rond adoucirait-il les mœurs diplomatiques ?
La candidature l’Amérique centrale qui vient de remporter l’organisation de la coupe du monde 2026 parle aux pays de l’Afrique du Nord. S’ils veulent accueillir une coupe du monde dans leur région, il n’y a pas de solutions miracles sinon de taire les antagonismes s’étant toujours avérés contreproductifs. Les retombées économiques de l’organisation d’une coupe du monde pourraient en être le ciment suffisamment séduisant.

Même si des officiels marocains brandissent déjà le soutien acquis du Qatar lors d’un coup de fil entre l’émir et le Roi Mohammed VI dès le 13 juin, il est difficile de ne pas songer au scénario de 2026. Si tôt défait, si tôt en scelle ? Lorsqu’on sait que la probable candidature d’Amérique latine peut faire mal. Elle a l’atout du marketing sportif. Juste au travers des anciennes gloires toujours restées populaires. Sur le plan financier, ce sont des pays qui pourront compter sur un certain nombre de facilités.

Il y a donc matière pour le Maghreb de mieux se déployer. Quand on sait que sur le plan géographique, le Maghreb est fortement avantagé. La région ne dispose d’un fuseau horaire proche de l’Europe, le plus gros investisseur de la Fifa en matière de droits de diffusion. Le Maghreb n’a qu’une heure de décalage. La passion pour le foot est bien entrée et les pays sont ouverts sur le monde à travers le réseau aérien et maritime. Grâce au tourisme de masse, l’infrastructure hôtelière n’est pas très en retard. Enfin, une candidature conjointe permettrait de mieux amortir les dépenses d’investissement. Pour la seule candidature de 2016, le Maroc a chiffré son budget à 15 milliards de dollars. Pourtant rendu à sa 5ème proposition d’organisation.

Epines

L’UMA compte 5 pays que sont : l’Algérie, la Lybie, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie. L’inquiétude la plus forte est celle de la sécurité. Située en amont de la région sahélienne, l’Uma est très inquiétée par le phénomène d’intégrisme et de radicalisation. La Lybie est une poudrière permanente depuis bientôt près d’une décennie. Ce pays alimente le corridor du crime en Afrique subsaharienne. Au Maroc et en Algérie, des cellules dormantes peuvent surgir. C’est le cas de l’attaque au couteau dans une mosquée de Casablanca en mai dernier, ou encore de l’attentat à la voiture de 2017. En juillet 2015, sur une plage de Rabat, des baigneurs avaient été dépouillés par des hommes armés de sabres et de couteaux. En Algérie, la prise d’otages d’In Amenas en 2013 est toujours dans les esprits. Loin d’être des obstacles naturels, ces problèmes de sécurité devraient pour voir trouver solutions.

Zacharie Roger Mbarga

 

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