Reboisement: L’urgence d’un changement de paradigme dans le septentrion

Selon les experts réunis à Yaoundé le 06 juin 2018, l’échec des anciens programmes de plantation d’arbres dans la zone sahélienne du Cameroun appelle une autre vision calquée sur les besoins des populations locales.

Sahel vert, Pafra (Projet d’appui à la foresterie rurale et l’agroforesterie), PNR (Programme national de reboisement), Projet de promotion des plantations forestières communales, communautaires et privées au Cameroun (3PF2CP)… Des programmes et des époques lointaines. Ils portent en eux l’espoir de redonner à l’Extrême-nord, au Nord et à l’Adamaoua leur verdure. Malheureusement, du fait des circonstances de leur création ainsi que des incohérences au niveau managérial et de la vision, ces programmes sont tous des échecs, engloutissant inutilement des fonds.

Ces expériences calamiteuses  montrent  également, à la faveur de l’éclatement en 2005 de l’ancien Minef en Minfof et  Minepded, toute la difficulté pour le gouvernement à coordonner l’ensemble des actions menées en faveur du reboisement, dans le cadre de la mise en œuvre du Programme sectoriel forêt environnement (PSFE). A cela, viennent se greffer des insuffisances opérationnelles et techniques ou la faible appropriation des enjeux et acquis du reboisement par certaines populations.

«Résolument, tout doit être repensé», suggère Jules Doret Ndongo, le ministre des Forêts et de la Faune à l’ouverture de l’atelier national de présentation du manuel sur les itinéraires de reboisement en zone de savanes sèches au Cameroun. Pour lui emboîter le pas, les experts invités par la coopération allemande au Cameroun proposent la «sylviculture de seconde génération».

Selon Josephine Makueti du Programme d’Appui à la mise en œuvre de la stratégie de développement du secteur rural-volets forêt et environnement de la GIZ (ProPFE), «ce concept peut être perçu comme support de cette mutation. Il jette les bases d’une nouvelle approche en matière de renouvellement des ressources forestières, et apporte un éclairage par rapport au paradigme de la vision qui se veut une approche filière structurante, basée sur une chaine de valeurs, dans laquelle l’ensemble des opérations et bénéfices doit être considéré».

Pour y parvenir, propose Michaela Braun, directrice du ProPFE), la démarche utilisée essaie de s’articuler autour d’idées novatrices, susceptibles de traduire soit une rupture, soit une mutation ou une évolution d’une vision de reboisement à une autre. Une nouvelle vision à partir de laquelle se bâtit un concept et qui explique tout son intérêt pour la science. Une nouvelle vision qui n’est pas propre au seul domaine de la foresterie.

Une vision expérimentée (et parfois) avec succès dans de nombreux domaines tels que l’art, l’agriculture, la technologie, la musique, la psychologie, l’informatique, le génie-civil. Dans ce cadre, chaque acteur détient un rôle à jouer dans la mise en œuvre de la stratégie d’adaptation. Cette partie souligne le rôle de chaque partie prenante l’état central et les services déconcentrés, les collectivités territoriales décentralisées, le secteur privé, la société civile, les chefs traditionnels et religieux ainsi que les médias, les centres nationaux de recherche et les institutions académiques, les individus et les familles, les partenaires techniques et financiers internationaux.

Jean-René Meva’a Amougou

 

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