Ndangueng dans la Mefou-et-Afamba: Quand la Sanaga se creuse dans le Nyong

Une variété de sable, très prisée dans le secteur du bâtiment et travaux publics, fait le bonheur des jeunes entrepreneurs de cette bourgade de Mfou.

Du sable Sanaga au bord du Nyong à Ndangueng.

C’est désormais leur nouvelle vie: chaque jour, des «creuseurs» quittent les maisons et descendent dans les carrières. Des enfants et des adolescents, pieds nus, pataugent dans l’eau  noire, des bêches et des outils miniers d’amateurs à la main, sur leur lieu de travail informel, situé en contrebas de vastes portiques de forêt entourant le fleuve Nyong à Ndangueng (département de la Mefou-et-Afamba).

La fièvre saisit tout le monde. «C’est hallucinant! Les jeunes abandonnent l’agriculture pour creuser frénétiquement le sol avec de simples pelles», s’exclame  Paul Zang Foé, patriarche du groupement Mvog-Amoug II. Ici, on fait avec les moyens de bord, en utilisant la méthode artisanale. Les creuseurs plongent avec des paniers dans la lagune et ramènent du sable qu’ils remplissent dans les barques. Le contenu des barques est ensuite entassé au rivage, pour être vendu aux camionneurs venus de Yaoundé.

Transporté par camions depuis les rives du fleuve Nyong, le sable arrive dans la capitale du pays située à une soixantaine de kilomètres. Ce produit miracle s’appelle «Sanaga», très apprécié par les entrepreneurs exerçant dans le bâtiment et les travaux publics.

«Manne fluviale»

Oubliés, dès lors, les champs cèdent la place au sable. Pour les jeunes creuseurs de Ndangueng, le boom de l’immobilier dans la capitale et ses environs a constitué une «divine surprise». Une solution inespérée à la misère récente d’une région pourtant fertile. Il y a quelques années, le village avait en effet la réputation d’être le grenier du département de Mefou-et-Afamba, fournissant tubercules et légumes jusqu’à Douala, la capitale économique du pays.

Mais, l’état calamiteux des routes a coupé Ndangueng de Yaoundé. Privés de débouchés, les jeunes voient leurs revenus fondre rapidement. La situation était donc catastrophique, lorsque survint le «miracle» du sable «Sanaga». D’ailleurs, on raconte que les cours s’emballent. «Le camion dix roues est passé de 80 à 120 mille francs Cfa dans les différents espaces de livraison de Yaoundé», raconte joyeusement Mimboé, un jeune natif du coin.

«En réalité, c’est un sable qui a de la valeur», explique Ndi Anyou. La trentaine alerte, accroché au téléphone portable qui le relie à des camionneurs en ville, c’est un jeune prospère qui affiche aussi des ambitions sociales. «J’ai acheté une moto et un salon. Je compte d’ailleurs faire plus… me marier par exemple», explique-t-il. Et même si à côté, il minore subtilement la palette des risques, le tout revient à «on n’a pas de choix»

Bobo Ousmanou

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