Accueil » Policiers, gendarmes et douaniers : ces acteurs qui plombent la libre circulation

Policiers, gendarmes et douaniers : ces acteurs qui plombent la libre circulation

by Intégration

Les étrangers de la sous-région, venus à la Foire transfrontalière annuelle d’Afrique centrale, dénoncent des pratiques illégales dans les contrôles routiers.

 

«La libre circulation en zone Cemac n’est que de la pure théorie». Tel sont les propos de Catherine Issa Djimet, mécontente après son arrivée à Kyé-Ossi. La coordinatrice du Réseau des femmes actives d’Afrique centrale (Refac) du Tchad s’indigne des tracasseries rencontrées pendant les contrôles de routine de la police, la gendarmerie et la douane camerounaises. La cheffe de délégation des femmes du Tchad n’est pas à son premier séjour au Cameroun. Depuis 2014, elle prend part aux activités de Foire transfrontalière annuelle d’Afrique centrale (Fotrac), et elle a toujours rencontré les soucis sur le trajet routier Tchad – Cameroun. Pourtant tous ses papiers de voyage la délégation tchadienne (forte de 17 femmes) sont à jour : lettre d’invitation, lettre de mission, autorisation de sortie, visa, passeport, carte d’identité, carnet de santé, etc. «À tour de rôle, policiers, gendarmes et douaniers camerounais exigent d’autres frais supplémentaires… à payer sur place», raconte-t-elle. Mais, elle a foi que ce n’est pas une exigence des autorités camerounaises. «Quelques brebis galeuses veulent entacher les efforts mis en place pour l’effectivité de la libre-circulation par le Cameroun et les autres pays de la sous-région».

Boubé Kabako est intrigué que «c’est au Cameroun qu’on rencontre les problèmes de libre-circulation». Voyageur attitré de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le Nigérien déclare que: «nous connaissons la libre circulation chez nous dans la Cedeao. On exige pas de visas, et tu peux voyager avec la carte d’identité». Malgré la lettre d’invitation de la présidente du Refac, Danielle Nlate, l’ordre de mission des ministères du Commerce et de l’Artisanat du Niger, un visa multiple entrées valable pour six mois, le passeport et le carnet de vaccination, le naturopathe nigérien a «dû affronter les contrôleurs routiers qui voulaient autres exigences en dehors des papiers». Il pensait être paré pour circuler librement. La réalité sur le terrain indique qu’il y a encore des gens qui ne sont pas concernés par la libre circulation. «Il y a certains policiers et gendarmes camerounais qui ont tenté maintes fois de m’intimider», accuse Boubé Kabako. Mais, à certains postes de contrôle, on lui souhaitait la «bienvenue au pays après le contrôle de ces différentes pièces» et il continuait son voyage sans rien débourser. Face à ces agents «qui m’intimidaient pour que je donne quelques sous, je refusais de céder et en retour, je leur parlais de l’effectivité de la libre circulation».

Améliorations
Catherine Issa Djimet avoue que la dernière fois qu’elles ont subi ces tracasseries routières, elle et les autres femmes du Tchad avaient décidé de ne plus s’aventurier au Cameroun. Mais, grâce «aux plaidoyers que le Refac est en train de faire, il y a eu des améliorations». Selon elle, il faut une mobilisation sans relâches des gouvernements impliqués dans la libre-circulation. Elle invite des autres acteurs comme les forces de l’ordre et de sécurité à œuvrer davantage pour la circulation des biens et des personnes en toute quiétude. La coordinatrice du Refac du Tchad interpelle les femmes de la sous-région à se soutenir dans la bataille pour la libre-circulation. Boubé Kabako souhaite que «toute l’Afrique s’y mette pour la libre circulation, et les échanges en toute liberté». Le naturopathe nigérien, invite les Africains à se déplacer au-delà des frontières des sous-régions: «car, si nous avons tous nos papiers, il n’y a pas de soucis pour aller de pays en pays».

Patrick Landry Amouguy, envoyé spécial à Kyé-Ossi

You may also like

Leave a Comment