Guerre médiatique: l’Afrique prise pour cible
Ces médias se servent du continent pour montrer leur supériorité. C’est ce qui ressort du panel avec Nathalie Yamb, Jules Domche et Bertrand Nkoa à l’occasion de la 6ème journée de la Semaine panafricaine, organisée par l’association African Revival le jeudi 15 décembre 2022 à Douala.
C’est la 6ème journée de la semaine panafricaine. Contrairement aux précédentes journées, la maison du parti de Bonanjo fait son plein. Notamment pour écouter et rencontrer Nathalie Yamb, redoutable activiste qui fait trembler la France et l’occident. A en croire Nathalie Yamb, France 24, Rfi, Bbc, Afp, Reuters, Deutschweller, Africa New, TV5, sont des médias utilisés par l’occident pour abrutir les populations africaines. Le thème de ce jeudi 15 décembre était centré sur: « informations et médias: la forme de guerre internationale au 21ème siècle».
Il y’a lieu d’observer que l’Afrique est le théâtre de la guerre médiatique que se livre les pays occidentaux. A cause de cette situation, le continent est littéralement pris d’assaut par ces groupes médiatiques comme c’est déjà le cas avec les bases militaires étrangères. A en croire les panelistes, ces médias ne s’y trouvent pas pour des raisons philanthropiques . «Il s’agit de la guerre d’influence des médias aujourd’hui. C’est un sujet central dans la lutte qui est celle de la restauration de la dignité africaine. La question centrale est de savoir pourquoi crée-t-on un média ? Qui crée le média ? Avec quoi crée-t-on le média ? Une fois qu’on a posé ses questions en essayant de répondre, on pourra mieux cerner la guerre informationnelle qui existe aujourd’hui entre les différents Etats sur la scène internationale», en plus, «l’autre question sous-jacente, c’est quel intérêt les Etats en l’occurrence ont à investir autant pour créer des médias de plus en plus à destination de l’Afrique ? Pourquoi la France peut mettre environ 273 millions d’Euros chaque année pour Rfi et France 24. Est-ce parce qu’ils se soucient que les Africains ne soient pas bien informés? On parle beaucoup de la France, mais il n’y a pas que la France. En effet, tous les Etats dignes de ce nom aujourd’hui ont leurs médias. Parce que les médias font partir de la politique étrangère des Etats», explique Jules Domche, directeur général de Vox Africa.
Le Dg de la chaine panafricaine ajoute : «que ce soit dans le monde anglo-saxon qu’Européen principalement, les Etats ont mis beaucoup de moyens pour fabriquer des instruments de propagande. Parce qu’en guise de conclusion, Ils ont compris que si vous voulez contrôler les gens, il faut contrôler leurs pensées. Chaque bloc important dans le monde a mis énormément d’argent pour avoir des médias. La France investit parce qu’elle veut nous faire croire ce qu’elle veut. J’aimerais aussi attirer votre attention sur les agences de presse comme Reuters, Afp qui sont en réalité ceux qui décident de ce qui fait l’actualité sur la scène internationale». Pour Nathalie Yamb, la présence de ces médias n’est pas ex nihilo, car, « ces médias étrangers ont tous un rôle à jouer », souligne-t-elle.
Une fois de plus, comme souvent, le continent répond aux abonnés absents ou du moins traine le pas, constate le panel. «Les initiatives privées ne sont pas capables de rivaliser avec ces mastodontes qui sont subventionnées par leur Etat», regrette Jules Domche. Abondant dans le même sens, «Face à nous, nous avons une armada qui est constituée non seulement des médias publics français, les médias comme Arte ou Tv5 dans lesquels l’Etat français encadre. Les médias de presse qui sont subventionnés à hauteur de 400 à 500 millions d’Euros par le gouvernement français. Je pense que ce sont des chiffres qui doivent faire rêver les médias africains. Nous avons les médias étatiques qui malheureusement très souvent se contentes de relayer les médias des autres ont dit au lieu d’aller faire le travail de recherche, de documentation et de véhiculer un narratif qui soit à notre avantage. La guerre d’influence dans quelle nous sommes existent depuis très longtemps et nous en payons le prix», déplore Nathalie Yamb.
Bertrand Nkoa quant à lui questionne les outils de collecte de l’information qu’il trouve «dérisoires». L’activiste suggère que pour sortir de cette gangrène, l’Afrique doit fabriquer ses propres sources d’information.
Diane Kenfack