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La fusion Cemac-CEEAC : Atout géoéconomique pour la résilience de la sous-région

L’Afrique centrale est la seule région du continent qui se connecte aux quatre autres.

La géolocalisation de la sous-région par rapport aux autres CERs lui confère naturellement une position de carrefour du continent. Les dotations factorielles de l’Afrique centrale en termes de matières premières consolident ces atouts. En transformant tout ce potentiel, elle peut jouer le rôle de thermomètre des échanges économiques, commerciaux et servir de point de propulsion géostratégique du continent.
Ce second mouvement de notre analyse vise à démontrer que la fusion Cemac-CEEAC regorge des facteurs cruciaux d’optimisation des instruments et mécanismes d’échanges tout en contribuant significativement à l’efficacité du dispositif sécuritaire sous régional.

A. Afrique Centrale: un territoire commercial et industriel unique à l’approche de la Zlecaf
Une étude de la Banque mondiale intitulée «Briser les obstacles au commerce agricole en Afrique centrale» publiée en août 2018 fait remarquer qu’un camion qui transporte 7 tonnes de tomates avec pour point de départ Foumbot au Cameroun et point d’arrivée Bata en Guinée Equatoriale, fait face à 65 points de contrôle qui vont lui coûter plus de 5 heures de retard. Il va dépenser au minimum 250.000 Francs CFA pour des paiements dus et indus. Dans le même sillage, l’étude de la CEEAC sur les entraves au commerce transfrontalier en Afrique centrale avec focus sur les femmes commerçantes indique que 70% des acteurs du commerce transfrontalier en Afrique centrale sont des femmes. Elles subissent toutes formes de violations sur les corridors: physiques, psychologiques et juridiques.

Pour pallier à la fois à ce défi, mais aussi à l’état de la zone de libre-échange de la CEEAC, les instruments de libre-échange de la Cemac et de la CEEAC ont été harmonisés et uniformisés. Du fait de l’action de la rationalisation, l’Afrique centrale peut se targuer de disposer d’un marché unique à travers: un comité régional unique sur l’origine en Afrique centrale qui institue une procédure unique de demande d’agrément et ledit document est cosigné par la Cemac et la CEEAC. D’autres décisions viennent fixer des plafonds financiers pour les frais des dossiers d’agrément. Enfin, un comité régional de facilitation des échanges unique Cemac-CEEAC a été créé pour s’attaquer aux obstacles au commerce sur l’Afrique centrale. Sur ce territoire de 6 667 200 km2 et 200 millions d’habitants, il existe désormais un tarif préférentiel unique et une politique commerciale unique. Ce qui fait de l’Afrique centrale un territoire commercial.

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Plus loin, la rationalisation a permis à l’Afrique centrale de disposer d’un cadre de référence qui va inspirer l’élaboration du plan directeur d’industrialisation et de diversification économique de l’Afrique centrale ainsi que la politique commerciale unifiée de l’Afrique centrale. Des éléments déterminants pour tirer profit de la Zlecaf en protégeant le marché. Cette convergence et cette discipline économique organisée par le renforcement et l’harmonisation des tissus productifs, la dissémination des questions de normes et de métrologie, l’Afrique centrale pourrait mieux se prémunir des chocs exogènes.

B. Une Zone monétaire optimale: sortir de l’étau colonial, mais apprendre des erreurs de l’Afrique de l’Ouest

Le schéma institutionnel de la nouvelle Communauté que prépare la rationalisation prévoit une Haute Autorité monétaire chargée de mettre sur pied une plateforme pour faire converger les monnaies à travers la compensation monétaire. Pour la fluidification des échanges, la Haute Autorité devra également s’évertuer à faciliter de la circulation monétaire et les opérations bancaires intracommunautaires. La deuxième étape consistera, pour les gouverneurs de la banque centrale de la Cemac et des banques nationales de l’Angola, Burundi, RDC, Rwanda, Sao Tome et Principe, à définir le processus de création d’une union monétaire, d’une banque centrale et d’une monnaie unique. Elle sera supervisée par les ministres des finances.

Cette option permet d’entrevoir une solution endogène pour la réappropriation de l’instrument monétaire par les Africains. Elle permet surtout de sortir les Etats de la Cemac de l’étau colonial pour inclure dans la négociation des acteurs de poids tels que l’Angola, la RDC et le Rwanda. Tout en renforçant les richesses des parties contractantes à la future union monétaire.

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