Les consommateurs sur la corde raide
Sous l’effet de la pauvreté et de la hausse des prix, l’heure est à la débrouille.

À Yaoundé le 24 novembre 2021, Luc Magloire Mbarga Atangana n’avait pas lésiné sur la communication pour tenter d’expliquer l’action gouvernementale en faveur des consommateurs. En faisant le point sur l’évolution des principaux paramètres du marché international, le ministre du Commerce (Mincommerce) rassurait les populations sur la détermination du gouvernement à veiller à l’approvisionnement continu du marché en produits de grande consommation, dans les meilleures conditions possibles.
En prélude aux fêtes de fin d’année et du nouvel an 2022, «aucun effort ne sera ménagé pour qu’il en soit ainsi, en dépit d’un contexte particulièrement défavorable et d’une situation contrastée, en fonction des filières» expliquait-il au cours d’un point de presse. Le Mincommerce relayait ainsi les assurances du Groupement d’importateurs de riz du Cameroun (GIRC), celles de l’interprofession avicole du Cameroun (IPAVIC) ou encore celles de l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun. Sauf que devant les sénateurs le 5 décembre 2021 à Yaoundé, Luc Magloire Mbarga Atangana a reconnu que tout augmente. «Grace aux mesures avant-gardistes du gouvernement, le Cameroun s’en tire plutôt à bon compte, du moins pour l’instant, avec un taux d’inflation contenu entre 2 et 2.2 % qui est le seuil jugé convenable par la Cemac», a-t-il nuancé par la suite.
Système D
Tout augmente donc; sauf la fiche de paie. Alors, pour joindre les deux bouts, on se débrouille. Voilà une règle qui semble désormais immuable dans les habitudes de consommations des citoyens. «Nombreux sont les champs économiques qui sont actuellement chamboulés par des prix hors de portée d’une personne aux revenus très modestes comme moi», crie Léontine, agent de l’État basée à Yaoundé. Cette dernière n’hésite pas à décrire les impasses dans lesquelles les désaccords et les mésententes entre le gouvernement et les importateurs plongent les populations. «Pour faire la moindre soupe aux enfants, on se retrouve avec l’huile végétale qui a pratiquement disparu. Le salaire n’existe que pendant deux jours», s’indigne notre interlocutrice. La situation a pour corollaire un bond de l’endettement des ménages. «En permanence, un gros coup de massue nous menace puisqu’on court tous s’endetter facilement auprès des usuriers qui disposent d’immenses stocks de liquidités», crie un fonctionnaire.