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Nigéria, Cameroun, Benin et Niger : les dessous de la réouverture des frontières

by Intégration

Plus d’un an après le blocus, les autorités d’Abuja ont déverrouillé certains postes-frontières avec leurs voisins dans un contexte de récession économique que vivent les populations du pays le plus peuplé d’Afrique.

 

Plus de 480 jours de disette. Officiellement fermées le 20 août 2019 pour stopper la contrebande et encourager la production locale, le Nigeria a décidé de rouvrir ses frontières terrestres avec le Cameroun, le Bénin et le Niger. L’annonce a été faite le 16 décembre 2020 par la ministre des Affaires étrangères, Zainab Ahmed, «avec effet immédiat». Il s’agira donc de reprendre le trafic aux frontières de Sèmè au sud-ouest du pays (avec le Bénin). C’est le cas aussi de Mfun, à la frontière avec le Cameroun, et au nord de Maigatari et Illela, deux entrées vers le Niger.

Selon les informations puisées à bonnes sources, la levée de ce blocus résulte d’une pression économique ayant paralysée plusieurs secteurs d’activité. «Toutes les frontières qui généraient des recettes avec les véhicules d’occasion, ainsi que le riz ne font plus entrer de revenus. La fermeture des frontières a aussi laissé libre cours à la contrebande. Et si rien n’est fait, de la récession on passera à la dépression», prévenait le sénateur nigérian, Francis Fadounsi.

De plus, ce recul est un aveu d’échec du gouvernement nigérian par rapport aux mesures protectionnistes qu’il a adoptées ces dernières années. En effet, si l’objectif affiché par le gouvernement dans un premier temps était l’autosuffisance alimentaire du Nigeria, ce but n’a pas été atteint. Au contraire, non seulement ces mesures ont entraîné des conséquences économiques immédiates, affectant même d’autres pays de la région, notamment le Togo, mais elles ont également occasionné une hausse de l’inflation au Nigeria, les prix des denrées de base ayant considérablement flambé dans le pays. En novembre 2020, le taux d’inflation avait atteint 14,9%, son plus haut niveau en près de 3 ans.

La fermeture a également perturbé les échanges commerciaux entre le Cameroun et le Nigeria. Selon le ministère camerounais des Finances, avant la guerre contre Boko Haram, ce pays voisin était resté jusqu’en 2016 le premier fournisseur du Cameroun avec un chiffre d’affaires dépassant les 430 milliards FCFA par an. Riz, savon, carburants et lubrifiants, bois sciés, produits de beauté, barres de fer et acier sont les principaux produits exportés vers ce pays. Les importations en provenance du Nigeria concernent les huiles brutes de pétrole, le textile, les chaussures, les véhicules de transport et les produits alimentaires.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette réouverture est un clin d’œil du Nigeria en direction de ses voisins un mois après que le gouvernement a ratifié son adhésion à la Zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf). Après ces quatre points d’entrée, quatre autres devraient être ouverts ultérieurement, d’ici la fin de l’année (31 décembre 2020), selon les services du ministère nigérian des Finances, en imposant certaines restrictions.

Landry Kamdem (stagiaire)

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