Cessez-le-feu dans le Nord-ouest et le Sud-ouest : En toute discrétion, Yaoundé avance ses pions

Maxime Eko Eko, le patron des services spéciaux du pays en grand artificier des tractations entre l’exécutif et les leaders séparatistes.

Challenge de taille : Pour tenter d’endiguer la crise sociopolitique dans la partie anglophone du pays, l’exécutif n’exclut aucune option allant dans le sens de son ambition. Pour Yaoundé, la consigne est claire : «Faire prospérer, par des contacts, l’appel du secrétaire général de l’Onu en faveur d’un cessez-le-feu dans le Nord-ouest et Sud-ouest», révèlent des sources bien informées.

D’après un communiqué transmis et publié par son conseil à l’AFP (Agence France Presse) le 3 juillet 2020, Julius Ayuk Tabe, l’un des «gros bonnets» de la crise anglophone, le feuilleton a commencé la semaine dernière. « Hier, 2 juillet 2020, neuf d’entre nous ont rencontré une équipe de la République du Cameroun, pour initier un cessez-le-feu suite à l’appel de l’Onu ; les détails sont toujours en cours de discussion et nous vous tiendrons informés lorsque des avancées significatives auront été faites», a renseigné le leader séparatiste anglophone depuis sa cellule à la prison principale de Yaoundé. Approché par l’AFP, un haut responsable de l’Onu en poste dans la capitale camerounaise confirme cette information sous le couvert de l’anonymat.

Top secret
Si l’exécutif reste encore aphone sur le sujet, Jeune Afrique (JA) révèle néanmoins que «les leaders en question sont membres du gouvernement intérimaire d’Ambazonie, tous en détention à Yaoundé». Dans sa discrétion, l’exécutif s’efforce d’écrire son récit selon la mécanique qui, souvent, ordonne son action. D’après l’hebdomadaire panafricain, Etoudi a Maxime Eko Eko (le patron des services secrets camerounais). Si l’on en croit cette démarche, le lieu de la rencontre est l’un des bureaux de la prison de Yaoundé. Là, renseigne JA, Julius Ayuk Tabe, Wilfried Tassang et Blaise Shufai ont été écoutés par le directeur général à la recherche extérieure (DGRE). Sur le fond, tout est encore au stade des préliminaires ; même si l’on constate que la position de Yaoundé est soluble dans les exhortations faites aux deux parties par l’Onu. Surtout que d’après le 18e rapport sur « la situation en Afrique centrale et les activités du Bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale », (l’APLM-Socadef), une des milices acquises à la cause séparatiste a répondu favorablement à cet appel.

Positions
En tout cas, l’on ne sait pas encore qui domine le spectre des rapports de force entre les autorités de Yaoundé et les séparatistes. Les uns et les autres préservant, autant que faire se peut, leur autonomie de décision stratégique et leur capacité d’influence sur les discussions en cours. Sur la foi des tractations (organisées à Bamenda le 21 septembre 2019 sur instructions de Yaoundé par le gouverneur de la région du Nord-ouest, Adolphe Lele Lafrique Deben Tchoffo) ayant précédé la tenue du Grand Dialogue national l’an dernier, les participants avaient proposé l’alternance du pouvoir entre francophones et anglophones, l’amnistie générale pour les détenus de la crise, l’égalité de statut entre francophone et anglophone, l’indépendance du système judiciaire… Comme préalable essentielle à ces exigences, Mgr Michael Bibi, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Bamenda, appelaient les deux parties à changer d’approche en rapport avec les grands enjeux nationaux de long terme.

Jean-René Meva’a Amougou

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