Afrique centrale : La BAD provoque le consensus
L’atelier de Yaoundé salue la justesse de la stratégie d’optimisation de l’intégration régionale présentée par l’institution financière panafricaine.
Les priorités d’intégration régionale, l’approche participative d’élaboration puis suivi/évaluation du document de stratégie, le portefeuille des projets intégrateurs, la disponibilité des financements et l’installation d’un bureau dédié à la sous-région Voilà des indicateurs qui ont achevé de convaincre les participants à l’atelier de présentation du document de stratégie d’intégration régionale (DSIR) de la Banque africaine de développement.
Pour la Bad, la stratégie vise à soutenir la diversification économique et la transformation structurelle à travers l’amélioration du commerce intrarégional. Une ambition qui s’appuie sur deux piliers : renforcer les infrastructures régionales (énergie, transport et TIC) d’une part, soutenir les réformes pour le développement du commerce intrarégional et renforcer les capacités institutionnelles des CER d’autre part. Cette boussole opérationnelle de la direction générale pour l’Afrique centrale de la Bad s’est faite en totale concertation avec la Cemac et la Ceeac, les autorités nationales (gouverneurs pays) et le secteur privé (opérateurs économiques, société civile). Sa mise en œuvre se fera sur 7 ans, entre 2019 et 2025. Une pause sera effectuée en 2022 à l’effet d’évaluer la mise en œuvre car il s’agit de plus de 2609 milliards de Fcfa (4,4 milliards de dollars) qui sont mobilisés.
Connectivité
C’est le maitre-mot qui a dominé les échanges. Comme illustration de ce consensus et cohérence avec le 4ème pilier de la vision décennale de la Bad : intégrer l’Afrique. Il s’agira de débarrasser les corridors des barrières non tarifaires afin de la rendre plus sûrs. Pour Ousmane Doré, Top Manager de la direction générale, en 2025, le niveau d’échange devra être porté à 6% contre 1,3% aujourd’hui. Il s’agira aussi spécifiquement d’améliorer les infrastructures de transport aérien et de surface, financer des corridors (routiers, ferroviaires, fluviaux) et faciliter le commerce transfrontalier, libéraliser et rendre plus sûre le transport aérien, développer des voies navigables éco-compatibles, renforcer la capacité du Pool énergétique d’Afrique centrale et accroître l’accès à l’énergie, appuyer la gestion intégrée des ressources en eaux transfrontalières, développer des réseaux à large bande bien réglementés et concurrentiels, favoriser les systèmes nationaux d’identité digitale harmonisés, promouvoir l’administration électronique et les services financiers en ligne.
Fragilités
Pour y arriver, il faudra un écosystème favorable en termes de gouvernance saine (politique, économique et sociale), de quiétude socioéconomique pour les investissements de la Bad et autres PPP à encourager, un meilleur climat des affaires, une diversification économique plus ambitieuse et de meilleure capacité humaine et institutionnelle. En un mot, l’appui de la Bad à la transformation structurelle n’aura d’effet que s’il y a une amorce concrète de transformation. Le Président de la Commission de la Cemac parlera alors de « changement de comportement ».
Zacharie Roger Mbarga