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Transport des écoliers et élèves à Yaoundé : surcharge à risque sur les motos

L’activité périlleuse et en voie de banalisation met les forces de l’ordre sur les dents depuis la reprise des classes.

 

«Tous les moyens sont bons pourvu qu’ils soient efficaces», entend-on souvent dire. Ce vieil adage trouve une résonnance particulière dans l’activité de mototaxi pratiquée sur le tronçon Kondengui-Ekounou à Yaoundé. Il est presque 7h20 mn ce 14 septembre 2023. Sur plusieurs engins à deux roues et à usage commercial, au moins trois élèves en tenue de lycée à bord. Certains sont même assis sur les porte-bagages.

Le phénomène est observable dans les deux sens. Ceux en direction d’un autre établissement scolaire situé au lieu-dit Mobil Kondengui s’y adonnent également à cœur joie. Même le petit embouteillage récurrent du carrefour Carossel et sa rude montée ne sont pas suffisants pour décourager les motostaxis surchagées. Il faut rallier les établissements scolaires le plus rapidement possible.

«Nous empruntons la moto au lieu du taxi en raison de sa mobilité rapide. Même dans les endroits les plus impossibles à pratiquer, elle pénètre» arguent deux clients – adolescents à la descente d’une moto devant le lycée d’Ekounou. Le balai infernal des motos se poursuit allègrement, agrémenté quelquefois par les acrobaties de toutes sortes. Certains conducteurs n’hésitent pas à foncer à une vitesse de plus de 30 km/h, foulant parfois au pied toutes les règles de sécurité routière.

Au-delà des élèves
Patrick est rencontré en pleine action. En costume et cravate, l’homme s’apprête à enfourcher une moto avec ses deux filles. «Ce n’est plus nouveau pour moi. Je fais recours à un moto-taximan tous les matins parce que c’est très pratique. Du coup, cela réduit les multiples chances de tomber dans un embouteillage», précise le cadre en service au ministère de l’Eau et de l’Énergie et résidant au quartier Okoui (4è arrondissement de la ville Yaoundé).

Le phénomène de la surcharge à moto connaît une montée fulgurante dans cet arrondissement de Yaoundé 4, et particulièrement sur la route Nkomo-Awae. Une voie où le trafic routier est en effet dominé à certaines heures de la journée par les engins à deux roues. Tout comme sur le tronçon Kondengui-Ekounou et même partout ailleurs dans les différents arrondissements de la ville de Yaoundé et de Douala, selon nos sources.

Une activité périlleuse qui ne laisse pas indifférentes les Forces de maintien de l’ordre (FMO). En cette matinée du 14 septembre 2023, elles multiplient des interpellations en direction de certains motos-taximen qui se livrent à ces excès. Ils vont parfois jusqu’à descendre certains passagers des motos.

Mintransports
C’est également le sens d’une campagne de sensibilisation menée par le ministère chargé des Transports au Cameroun. Baptisée «campagne digitale contre la surcharge à moto», celle-ci vise principalement à sensibiliser les élèves et les étudiants friands de ce mode de transport. Objectif, faire respecter le code de la route et éviter les accidents comme celui qui a causé la mort d’une jeune élève inscrite au collège Père Monti au courant l’année scolaire 2022.

Dans un rapport rendu public en 2018 sur la sécurité routière, les Nations unies soulignent que les conducteurs de mototaxis sont responsables de nombreux accidents de la route au Cameroun. Car la plupart des conducteurs de motos-taxis n’ont pas reçu de formation en conduite de motocycle et de ce fait, ils ne respectent pas toujours le code de la route. Une chose reste toutefois constante. Quoique risqué, ce moyen de transport très rapide et apprécié des d’élèves rythmera le cours de l’année scolaire 2023-2024 au Cameroun en général et dans la capitale en particulier.

Joseph Ndzie Effa, stagiaire

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