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Tous comme Zachee

23e dimanche ordinaire/Année A: Éz 33, 7-9; Rm 13, 8-10 et Mt 18, 15-20. Dans la seconde lecture de ce 23e dimanche, l’apôtre Paul attire l’attention des chrétiens sur le fait qu’aimer le prochain, c’est accomplir la Loi. Et il a bien raison car, au soir de notre vie, Dieu, le Juge suprême, ne cherchera pas à savoir si nous sommes clercs ou laïcs, mariés ou célibataires, catholiques, protestants, orthodoxes, anglicans, musulmans ou bouddhistes, croyants ou athées, riches ou pauvres, diplômés ou non, célèbres ou inconnus, blancs, jaunes ou noirs, mais si nous avons aimé nos frères. Pour le dire autrement, au terme de notre pèlerinage terrestre, nous serons jugés sur l’amour et uniquement sur l’amour de nos frères.
Mais en quoi consiste l’amour de nos frères? Ne pas voler ce qui leur appartient, ne pas leur ôter la vie, ne pas coucher avec leurs femmes ou maris, ne pas convoiter leurs biens. Tout cela est bien, mais insuffisant au regard de Dieu. Il faut aller plus loin ou faire davantage que cela, ce qu’Ignace de Loyola appelle “le magis”. Il faut, par exemple, interpeller celui/celle qui file un mauvais coton, recommande Jésus dans l’évangile qui nous est proposé aujourd’hui.
Mais comment reprendre la personne qui fait fausse route? Quand un frère/une sœur a péché, nous avons tendance à mettre son péché sur la place publique. Jésus est contre cette façon de faire, tout comme il désapprouve le fait de parler dans le dos du pécheur. Pour lui, il ne s’agit pas de parler du pécheur à X ou à Y, mais de le rencontrer seul à seul. En tous les cas, il est hors de question de se taire sous prétexte que chacun est adulte et mène sa vie comme il l’entend. Nous devons parler à celui/celle qui s’égare, ne pas tolérer sa faute ou ses bêtises, parce que chacun de nous est un guetteur pour le prochain comme le prophète Ézéchiel l’était pour la maison d’Israël. Le guetteur doit sonner du cor pour avertir ses concitoyens du danger qui les guette. S’il ne le fait pas, il sera le responsable de leur mort. C’est ce que nous voyons dans la première lecture quand le Seigneur déclare à Ézéchiel: “Si je dis au méchant, tu vas mourir et que tu ne l’avertisses pas, si tu ne lui dis pas d’abandonner sa conduite mauvaise, lui, le méchant, mourra de son péché, mais, à toi, je demanderai compte de son sang. Au contraire, si tu avertis le méchant d’abandonner sa conduite, et qu’il ne s’en détourne pas, lui mourra de son péché, mais toi, tu auras sauvé ta vie.”
C’est ce rôle de guetteurs et de veilleurs que jouent les évêques quand ils interpellent gouvernants et gouvernés, quand ils appellent ceux qui sont au pouvoir à une juste répartition des richesses, au respect de la vie humaine et du bien commun, quand ils condamnent la corruption, une justice à deux vitesses, le tribalisme, les tricheries, etc.
Si nous nous aimons vraiment, nous devons être capables de nous corriger mutuellement. Ne rien dire au frère qui a péché, ce n’est pas l’aimer. Les parents, qui ne réprimandent jamais leurs enfants voleurs, menteurs, violents ou paresseux, ne les aiment pas et ne leur rendent pas service. Car ces enfants, qu’ils gâtent aujourd’hui, risquent de se retourner contre eux ou de leur créer des problèmes, demain.
Que faire si le frère qui a péché refuse de nous écouter? Jésus conseille ici de prendre avec soi 2 ou 3 personnes. Et, si le frère n’écoute pas non plus ces 2 ou 3 personnes, nous devons en parler à l’Église. Et, si le frère refuse d’écouter même l’Église, alors nous pouvons le considérer comme un païen et un publicain. Les publicains ou collecteurs d’impôts n’avaient pas bonne presse à cette époque pour la bonne raison qu’ils étaient accusés de voler une partie de l’argent public et de travailler avec et pour l’occupant romain. Ces publicains, qui étaient mal vus, Jésus ne les rejeta jamais. Songeons, par exemple, à Matthieu chez qui il mangea un jour et qui devint un de ses disciples. Considérer le frère qui refuse de nous écouter comme un publicain, c’est ne pas couper définitivement les ponts avec lui, ne pas le rejeter, mais le respecter, le respecter même dans son refus d’entendre raison, prier pour lui et espérer qu’il se convertira un jour comme Zachée.
Jean-Claude DJEREKE

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