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Tickets de match de la CAN et de la Coupe du monde : Équation à plusieurs inconnues pour la Fécafoot

La Fédération camerounaise de football reçoit habituellement de la CAF et de la FIFA une dotation de titres d’accès dans les stades, lorsque ses équipes nationales participent à des compétitions continentales ou mondiales. Quelle utilisation elle en fait ? Enquête dans les dédales du marché noir de la billetterie mise à la disposition de la Fécafoot.

Siège de la fédération camerounaise de football

La CAN ivoirienne remet au goût du jour la problématique de la mafia dans la vente des billets de matchs par la Fédération camerounaise de Football. Lorsqu’on évoque le problème de billetterie par rapport à la CAN se déroulant au pays de Laurent Gbagbo, des personnes physiques et morales, à l’exemple du Cradec (Centre régional africain pour le développement endogène des communautés), militent pour que la mémoire ne s’efface pas.

France 98
La coupe du monde de football en France est entrée dans les annales du football camerounais, du fait des malversations dans la vente des tickets de stade par la Fecafoot. Lors de cette compétition, Vincent Onana, alors président de l’instance faitière du football camerounais n’est pas de l’expédition camerounaise en France. Il est pris à partie par la justice camerounaise. Les chefs d’accusation sont nombreux. On parle de détournement des biens publics, d’outrage à un membre du gouvernement, d’abus de confiance, d’abus de fonction et de pression sur les prix. S’agissant des prix, Vincent Onana est alors accusé par la justice de son pays d’avoir vendu les billets aux hooligans (supporters extrémistes et violents) anglais. Cette affaire fait grand bruit et le président de la Fecafoot de l’époque regardera toute la compétition sur le petit écran, depuis les geôles de la prison centrale de Kondengui à Yaoundé.
La Fecafoot est suspendue par la Fédération internationale de football association (FIFA) en janvier 1999. Ses comptes bancaires sont gelés en France et en Suisse. Les sélections camerounaises sont exclues, pour une période indéterminée, des compétitions internationales de football. Cela fait suite à «l’ingérence de l’Etat du Cameroun dans les affaires de la Fécafoot». La FIFA et la CAF, après avoir appris l’emprisonnement de Vincent Onana, président de la Fecafoot d’alors, proposent un plan de sortie de crise. De manière concrète, la FIFA établit une liste de 8 membres désignés par elle, et 4 autres de la société civile camerounaise pour gérer le football. Mais, Joseph Owona, ministre de la Jeunesse et des Sports, fait la sourde oreille. La résistance du patron du sport dure près de six mois.
À la suite des effets des sanctions, le gouvernement Camerounais abdique. Peter Mafany Musongue, Premier ministre à cette époque-là, désavoue son ministre de la Jeunesse et des Sports. Il écrit une lettre à la FIFA, pour accepter le respect de son plan d’action. Ce dernier vise à doter la Fédération camerounaise d’un nouveau bureau directeur élu. Cette volte-face du Cameroun amène la FIFA à annuler ses sanctions. À l’issue de cette affaire, une cellule exécutive provisoire de 12 membres est mise en place. Cette dernière a pour président Iya Mohammed. Objectif, organiser des élections transparentes à la Fécafoot.

Brésil 2014
Au mondial brésilien, c’est une vente très insignifiante des tickets par la fédération camerounaise de football qui fait débat. La FIFA a mis à la disposition de la Fécafoot 8035 billets d’entrées au stade, pour les matches de poule. Pour le premier match, la fédération a 1075 billets; pour le second match, elle a 1993 billets; et 4067 billets pour le dernier match. Outre lesdits billets, la FIFA ajoute 700 autres tickets nommés «communauté du football». A l’occasion, la vente digitale est adoptée. Pour éviter le marché noir, elle exige des fédérations une commercialisation en ligne des billets. S’agissant du Cameroun, la date butoir pour cette vente est fixée au 7 février 2014. Mais à échéance, force est de constater que la fédération Cameroun de football n’a quasiment pas vendu de tickets d’entrée dans les stades. Cette situation scabreuse est incompréhensible. Joseph Owona, président du comité de normalisation à l’époque, charge pourtant Sylvestre Gwett Matip, son directeur de cabinet de la réussite de cette opération. L’heureux élu va même suivre plusieurs stages organisés par la FIFA. Pourquoi ça coince ?
Les différents protagonistes se rejettent les responsabilités. La Fecafoot accuse la procédure mise sur pied par la FIFA. Cette procédure est qualifiée de trop longue et fastidieuse. Tandis que l’opinion publique dénonce les coûts trop élevés des billets. D’autres parlent de corruption ou de marché noir de vente des billets.

Après enquêtes, plusieurs raisons justifient cet échec. La Fecafoot n’a pas exploité la première période de vente des billets du mois de novembre. Elle rentre tardivement dans le processus de vente de tickets. Bref elle n’explique pas bien aux Camerounais le processus de vente de billets. Sylvestre Gwett Matip fait son mea-culpa au cours d’une conférence de presse. Il regrette n’avoir pas dupliqué le modèle de vente en ligne lors du mondial 2010. La Fecafoot publiait les informations relatives à l’acquisition des billets sur son site internet. Malgré cette sortie, il est trop tard, le Cameroun accuse 2 mois de retard. Puisqu’il lance la vente des tickets au mois de Janvier 2015. L’autre blocage: le coût des billets est trop élevé. On note qu’ils varient entre 45000 et 500.000 FCFA. En plus, la FIFA exige l’achat des billets via des cartes bancaires. Pis encore, la Fecafoot justifie cette situation par un mécanisme d’acquisition complexe, mis sur pied par la FIFA.

André Gromyko Balla

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