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  • Fusion Cemac-CEEAC:L’acte de naissance de la CER unique est prêt!

    Fusion Cemac-CEEAC:L’acte de naissance de la CER unique est prêt!

    Le traité constitutif de la Communauté rationalisée d’Afrique centrale est sur le point d’être adopté par les experts qui se réunissent toute cette semaine en visioconférence.

     

    C’est un pas décisif vers la fusion des deux communautés économiques régionales de l’Afrique centrale: la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC). Les experts des 11 États membres des deux CER de l’Afrique centrale vont plancher sur l’acte juridique qui va créer la Communauté économique régionale unique de l’Afrique centrale. Du 9 au 13 novembre, par visioconférence, ils vont examiner le traité constitutif de l’unique Communauté économique de la région.

    La validation technique des experts enclenchera immédiatement la convocation du comité de pilotage de la rationalisation qui réunit les ministres de l’Intégration, des Affaires étrangères, des Relations extérieures ou de l’Économie. Cette validation stratégique, à son tour, conduira mécaniquement à la convocation d’un Sommet extraordinaire des chefs d’État Cemac-CEEAC pour la validation politique et l’entrée en scène de la fusion.

    Monnaie unique

    Si l’on s’accorde qu’un instrument d’échange est désormais nécessaire, maintenant que la Cemac et la CEEAC sont un marché unique, la question monétaire se pose avec acuité. Les experts sont donc appelés à plancher sur le cadre de supervision à réserver à ce défi. Deux avant-projets de texte y relatif les occuperont. Il s’agit du protocole instituant la Haute autorité monétaire et financière et du protocole instituant la Haute autorité des marchés financiers. C’est dire que le rapprochement institutionnel dans la rationalisation a intégré la coopération monétaire comme élément essentiel.

    La réunion des experts qui examinera tous ces documents est placée sous la présidence du Comité de pilotage de la rationalisation des communautés économiques régionales en Afrique centrale (COPILCER-AC), à la tête duquel se trouve le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire de la République du Cameroun.

    Évolution

    La deuxième phase de l’étude sur le rapprochement institutionnel des deux Communautés en activité est close. Elle permet ainsi les avancées soumises à l’adoption des représentants des États et des deux CER. Le cabinet Carletas, ayant conduit l’étude, a transmis le rapport finalisé de cette deuxième phase de l’étude, assortie des avant-projets de textes de la nouvelle CER d’Afrique centrale.

    On se rappelle que le 19 mai 2018 à Yaoundé, le Cadre de concertation et de coordination CEEAC/CEMAC/COPILCER-AC, comprenant le président du comité de pilotage, le secrétaire général de la CEEAC et le président de la Commission de la Cemac, avait ajusté et enrichi les termes de référence de l’étude. Une première présentation de la commission de la nouvelle CER leur avait été faite par le cabinet Carletas.

    Pour entamer la finalisation de ce processus, la réunion de la cellule des experts rassemblera 80 participants, dont 33 experts des pays membres du COPIL/CER-AC (ministère en charge de l’Intégration régionale/Affaires étrangères, ministère des Finances et ministère de la Défense), 47 experts des institutions de la CEEAC, de la Cemac, du secrétariat technique du COPIL CER-AC, des Banques Nationales d’Angola, Burundi, République démocratique du Congo, São Tomé et Príncipe, du Rwanda, des bourses de valeurs de Luanda et de Kigali.

    Bobo Ousmanou

  • Relance de l’économie de la CEMAC :  Le plan en 3 de l’UEAC

    Relance de l’économie de la CEMAC : Le plan en 3 de l’UEAC

    Les choix des ministres de l’Économie et des Finances des pays de la Cemac font la part belle à l’anticipation sur les déséquilibres macroéconomiques, le renforcement de la libre-circulation et la rationalisation des Communautés économiques régionales (CER) 

    Le ministre Alamine Ousmane Mey (au centre)coordonnant la 35ème session de l’UEAC

    C’est par visioconférence que les ministres de l’Économie et des Finances des pays de la Cemac se sont retrouvés, le 10 août 2020, sous la présidence de Alamine Ousmane Mey, ministre de l’Économie du Cameroun. Principal enjeu de cette 35e session du Conseil des ministres de l’UEAC (Union économique de l’Afrique entrale), les mesures à adopter en vue de relancer les économies de la sous-région durement frappées par la crise sanitaire liée au Covid-19.

    Selon Charles Assamba Ongodo, « les ministres ont réfléchi sur des mécanismes d’alerte précoce des déséquilibres macroéconomiques, c’est-à-dire un outil qui aide à détecter et à corriger les évolutions économiques porteuses de risques pour ne plus subir les chocs tels que ceux du Covid-19. Ce nouvel outil sera utile pour corriger, le cas échéant, les déséquilibres préjudiciables qui se seraient accumulés au fil des ans. Il est indispensable, pour rétablir une croissance durable et créer de l’emploi, de mener des politiques budgétaires saines et de détecter et corriger rapidement les déséquilibres économiques préjudiciables ».

    De l’avis du directeur de la Coopération et de l’Intégration régionale au ministère camerounais de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), le Conseil des ministres a pensé qu’une telle initiative est gage de complémentarité et de subsidiarité, deux données essentielles dans le domaine complexe de la prévisibilité économique.

    Sur la base d’un tableau de bord comprenant des indicateurs variés, le Conseil des ministres de l’UEAC pense que l’embellie économique passe aussi par le renforcement de la libre circulation et la rationalisation des CER (Cemac et CEEAC, NDLR). Aussi a-t-il de l’harmonisation à 100 mille francs CFA, les frais de séjour dans les 6 pays de l’espace communautaire. Pour Charles Assamba Ongodo, comme prolongements de cette mesure, d’autres actions seront menées sur le terrain pour accompagner la circulation des hommes et des biens. Il s’agit du démantèlement de certaines barrières (douane, postes frontaliers).

    S’agissant de la rationalisation des CER, il est acquis que le Conseil des ministres de l’UEAC a pris acte de la création de la Commission de la CEEAC ainsi que des avancées sur le plan des réformes. « Bientôt, on pourrait bien voir comment rendre plus effective cette rationalisation. Une date avait été avancée, certains prévoient que cela se passe avant, à mesure où il a été relevé que des textes pertinents sont rendus disponibles, du moins au niveau des experts, et attendent la sanction des autorités hiérarchiques supérieures », répond Charles Assamba Ongodo.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • La BAD réaffirme son soutien à la CEEAC

    La BAD réaffirme son soutien à la CEEAC

    La Banque Africaine de Développement (BAD) réaffirme son soutien indéfectible à la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale(CEEAC).

     

    La déclaration a été faite le 14 octobre par  Hervé LOHOUES, économiste en chef à la BAD au cours de l’audience que le Secrétaire général de la CEEAC, l’ambassadeur Ahmad Allam-mi a accordée à la délégation de cette institution financière internationale. La délégation de la BAD est venue faire un bilan à mi-parcours de l’exécution des projets signés avec la CEEAC, notamment en matière des statistiques. « Nous sommes là pour vous appuyer et travailler main dans la main, car notre appui est orienté beaucoup plus vers les Communautés Economiques Régionales », a précisé le chef de la délégation de la BAD.

    Au cours de la revue à mi-parcours les regards des experts des deux institutions se focaliseront non seulement sur les succès engrangés au cours de l’exécution du projet, mais surtout sur les difficultés et les failles enregistrées aux fins de les éradiquer.

    Le chef de la délégation de la BAD a remis au Secrétaire général la nouvelle édition du Document de stratégie d’intégration régionale 2019-2025 et la stratégie pour l’harmonisation des statistiques en Afrique centrale 2017-2026.

    Le Secrétaire général de la CEEAC a expliqué à ses hôtes les dossiers brûlants de la CEEAC, à savoir :

    Ø  Le processus de réforme institutionnelle en cours à la CEEAC qui débouchera sur deux rendez-vous majeurs que sont le Sommet Extraordinaire des Chefs d’Etat qui pourrait se tenir d’ici le mois de Décembre et qui validera les textes fondamentaux de la Réforme et la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement (Sommet ordinaire) prévu pour le premier trimestre de l’année 2020 et qui installera la nouvelle Commission sur les cendres du Secrétariat général actuel ;

    Ø    Le Comité de pilotage du processus de rationalisation des Communautés Economiques régionales des Etats de l’Afrique Centrale qui travaille pour la création à terme d’une communauté Economique Régionale(CER) unique plus forte et plus fiable.

    L’ambassadeur Allam-mi a rappelé les entraves à la bonne marche de l’intégration régionale causées entre autre, par la juxtaposition, voire le chevauchement des deux CER(CEEAC et CEMAC) qui  pose ainsi le problème de la capacité de nos Etats à assurer d’un point de vue institutionnel la dynamique d’adaptation aux normes émises par ces deux Institutions. « Ces difficultés d’harmonisation se révèlent contre-productives tant pour le développement de la région que pour la marche vers l’idéal communautaire prôné par l’Union Africaine. », a martelé le Secrétaire général de la CEEAC.

    Les deux interlocuteurs ont échangé sur les avantages que procurent la Libre Circulation des personnes, des biens et services et la nécessité d’étendre ce processus déjà enclenché par la CEMAC à l’ensemble des Etats de la CEEAC, toute chose qui concourt au renforcement et à la fluidité des échanges commerciaux entre Etats.

    Après l’audience, les experts des deux institutions se sont retrouvés pour mieux affiner les dossiers.

    Source: CEEAC

  • Parlement panafricain : Kofi Annan for ever!

    Parlement panafricain : Kofi Annan for ever!

    L’organe consultatif de l’Union africaine veut des commémorations annuelles en l’honneur du Ghanéen. Une résolution est déjà transmise pour examen lors de la session ordinaire de l’Assemblée des chefs d’État de l’Union africaine (UA), prévue à Addis-Abeba en janvier prochain.

    L’Afrique comme asymptote, voilà le cordon ombilical entre l’UA et le Parlement panafricain

    C’est une des résolutions de la cinquième législature du Parlement panafricain (PAP). À Kigali (Rwanda), lors de la clôture de la première session ordinaire, Roger Nkodo Dang a annoncé l’adoption d’une résolution prévoyant des commémorations annuelles en reconnaissance aux contributions apportées par feu Kofi Annan. Le président du PAP a précisé que cette résolution serait transmise, pour approbation, l’année prochaine à l’Assemblée de l’UA en Éthiopie. Une fois adoptée, ladite résolution légitimera les commémorations annuelles mettant en valeur l’héritage diplomatique de l’ancien secrétaire général des Nations unies (ONU), a indiqué Roger Nkodo Dang.

    Valeurs ajoutées
    À travers cette initiative, le Parlement panafricain veut contribuer à la création des valeurs et des repères nouveaux pour la jeunesse du continent. «Kofi Annan restera une source d’inspiration et d’encouragement. Grâce à ses nombreuses réalisations, il a été une source de fierté pour l’Afrique», scande Moussa Fakir Mahamat, le président de la Commission de l’UA.

    Pour Michèle Alliot Marie, ancienne ministre française de la Défense et des Affaires étrangères, Kofi Annan avait « une vision extrêmement équilibrée de ce que devait être le monde ». Dominique de Villepin, ancien Premier ministre français, dit de lui qu’il «connaissait les rapports de force entre les États, le jeu des intérêts, mais ne s’en satisfaisait pas. Il était certainement le meilleur secrétaire général de l’ONU».

    Autres
    Durant cette session, le Parlement, exceptionnellement réuni à Kigali au Rwanda, a également adopté d’autres résolutions. L’une d’entre elles porte sur l’harmonisation des lois protégeant les personnes souffrant de handicaps en Afrique. Une autre résolution se situe dans le prolongement du thème de l’année 2018 en Afrique à savoir : «Remporter le combat contre la corruption : une voie durable vers la transformation de l’Afrique». Cette résolution appelle les pays à adopter des législations strictes pour lutter contre la corruption et les crimes associés.

    Les parlementaires ont également discuté de paix et de sécurité en Afrique, du rôle et de l’impact des missions d’observation des élections de l’UA. Des résolutions y afférentes sont produites à l’attention du Chef et seront examinés à titre consultatif.

    Zacharie Roger Mbarga

    Réforme de l’Union africaine 

    La bataille finale ?

    L’organisation continentale veut échapper à ses propres contradictions. C’est la dynamisation ou la perpétuation !

    Le comité des représentants permanents de l’Union africaine (UA) a achevé sa session extraordinaire le 8 novembre. Le Conseil exécutif prendra le relai les 14 et 15 novembre prochains. Les ministres des Affaires étrangères vont arbitrer les travaux des représentants permanents et préparer les dossiers des chefs d’État.
    Le sommet extraordinaire de l’UA se tient les 17 et 18 novembre prochains. Les réformes de l’organisation continentale portent sur la sélection et la structure du gouvernement continental, la souveraineté financière, la division du travail, les mutations organiques et les échanges de vues sur les propositions de rénovation des organes.

    De manière précise, le sommet extraordinaire d’Addis-Abeba aura pour sujets : la structure et les portefeuilles des hauts responsables de la Commission, la sélection des hauts responsables de la Commission. En matière de souveraineté budgétaire, l’on envisage, entre autres, des négociations sur les réformes administratives et financières/budgétaires. La transformation du NEPAD en Agence de développement de l’UA (AUDA), la répartition du travail entre l’UA, les CER, les organisations continentales et les États membres, le renforcement du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), le renforcement du Conseil de paix et de sécurité (CPS) sont aussi à l’ordre du jour.
    Au sujet des organes, les chefs d’État vont échanger les vues sur les propositions de réforme du Parlement panafricain, de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples et de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples.

    Contradictions
    Encore une fois, l’Afrique est face à ses propres dissensions. Si la nécessité d’une réforme fait l’unanimité, les conditions et les termes de cette réforme créent de vives oppositions. Entre les petits États contraints de plafonner leurs contributions et les grands États qui voient exploser leurs contributions.

    Il en est de même du nouveau régime de sanctions devant frapper les insolvables. Désormais, avec un an cumulé d’impayé, le pays peut perdre le soutien de l’UA pour un poste international. Il peut être suspendu à des postes au sein des organes de l’UA, il peut en outre perdre le siège de certaines institutions spécialisées.

    Tout ceci rend ce sommet de l’UA très sulfureux ! L’Union est à rude épreuve!

    ZRM

    Planification du développement

    Le Cameroun à l’école de l’approche inclusive

    Pour mieux atteindre les objectifs fixés, réaliser les attentes des populations et réduire la pauvreté, le gouvernement a été initié à l’introduction de la reddition des comptes dans la définition des politiques publiques et les interventions de l’État.

    Le bureau sous régional pour l’Afrique centrale de la Communauté économique des nations unies pour l’Afrique (CEA) propose au gouvernement camerounais un nouvel outil. Il servira à rendre ses politiques publiques plus efficientes, et nettement orientées vers la réalisation des attentes des populations à la base, avec la participation de celles-ci.

    Face à l’aggravation des inégalités, il est normal pour la CEA de rendre les politiques publiques plus responsables et redevables de leur résultat. Comment faire correspondre l’investissement public aux besoins réels des populations ?

    Sylvain Boko, conseiller principal régional et chargé de la planification et de la statistique au bureau régional de la CEA, dit qu’il s’agira pour le gouvernement camerounais «de prôner une approche participative dans la planification du développement. Cette action se fera à travers l’inclusion des couches non étatiques : le secteur privé, la société civile, les organisations culturelles, les femmes, les jeunes…»

    Modus operandi
    L’approche participative de la planification repose sur deux aspects essentiels. Il s’agit de la double dévolution des acteurs (de l’État vers les citoyens et des organisations vers l’État) et la qualité des statistiques sur les besoins exprimés. Cette approche magnifie pleinement la gestion axée sur les résultats. En effet, elle aide à définir des «données démocratiques», notamment les résultats escomptés, les cibles, les indicateurs d’appréciation, tout ceci avec la contribution des bénéficiaires finaux.

    Sylvain Boko de la CEA explique que «l’obligation de rendre compte n’est pas un concept négatif. C’est de pouvoir aller vers ceux qui sont les bénéficiaires des projets et programmes de la planification et leur expliquer les résultats de l’action (en cas d’atteinte ou de non-réalisation des objectifs). L’implication des couches non étatiques dans la gestion des ressources du pays est plus une question de sécurité et d’amélioration de la gouvernance».

    Pour l’expert, «il ne suffit pas de construire puis inaugurer des centres de santé ou des salles de classe. C’est certes des indicateurs, mais il s’agit de résultats partiels. Avec la redevabilité, le gouvernement réduit le risque de l’approximatif. En effet, elle permet de répondre aux données récoltées sur le terrain, notamment sur l’intérêt des infrastructures et les conditions de leur utilisation optimale par les populations».

    ZRM

  • La RDC s’estime « boudée » dans la CEEAC !

    La RDC s’estime « boudée » dans la CEEAC !

    Les plénipotentiaires lors de la signature de l’accord de siège entre la RDC et la CEEAC.

    À l’occasion de l’ouverture d’un bureau de représentation de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), la République démocratique du Congo (RDC) a tenu à passer un message au top management de l’institution régionale. Léonard She Okitundu, vice-premier ministre, ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration régionale du pays, a exprimé la gêne de Kinshasa face à son rôle trouble dans la conduite des affaires de la Communauté économique régionale (Cer).

    Pour le chef de la diplomatie congolaise, la RDC attend à être régulièrement tenue informée sur les activités de la CEEAC, afin qu’elle accompagne les administrations en charge de la mise en œuvre des projets communautaires. En d’autres termes, le gouvernement de la RDC attend une chose: que le bureau de la CEEAC serve de courroie de transmission entre les deux parties, afin que le pays soit davantage impliqué tous azimuts dans le suivi de la mise en œuvre des projets, programmes et politiques de la Communauté retenus pour le compte de la RDC.

    Accord de siège
    Alors que les deux parties matérialisaient l’accord de siège pour l’établissement du bureau, le vice-premier ministre a fait valoir qu’avec l’ouverture de ce bureau à Kinshasa, la RDC croit désormais que la CEEAC a résolument opté pour soutenir les efforts de démocratisation.

    Pour sa part, le secrétaire général de la CEEAC, Ahmad Allam-mi, a remercié les autorités et le peuple congolais pour la générosité avec laquelle l’accord de siège a été négocié. Mais aussi pour l’accréditation de Théodore Njikam en qualité de chef de bureau de la CEEAC. De ses propos, «la RDC l’a fait, non pas comme une simple partie, mais comme une partie prenante».

    Zacharie Roger Mbarga

  • Conquête du marché de la CEEAC : Le calvaire des exportateurs camerounais

    Conquête du marché de la CEEAC : Le calvaire des exportateurs camerounais

    Bien qu’agréés aux régimes préférentiels, leurs produits sont interdits d’accès, en franchise de droits de douane, dans certains pays de la région.

    Francis Nana Djomou, le patron des laboratoires Biopharma, en difficulté

    Les exportateurs camerounais sont en colère. Ils dénoncent le non-respect des agréments CEEAC par certains pays de la région. «On ne peut pas comprendre que malgré les relances qu’un pays comme le Congo-Kinshasa refuse d’appliquer les agréments difficilement obtenus. Pour exporter au Congo-Kinshasa, on est obligé de passer par le Congo-Brazzaville et acheminer la marchandise par le fleuve Congo. Ce qui fait que les quantités sont moindres et les risques élevés», fulmine Jacquis Kemleu. En cette fin de mois de janvier 2018, le secrétaire général de l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc) prend part à la conférence annuelle du ministère camerounais de l’Economie organisé sur le thème «accélérer la diversification de l’économie pour une croissance forte et durable». A l’occasion, les autorités promettent de se saisir du dossier. Mais jusqu’à ce jour la situation demeure non résolue.

    Lors d’un atelier de sensibilisation sur les procédures d’agrément des produits industriels au Tarif préférentiel harmonisé CEEAC-Cemac, organisé du 03 au 05 juillet dernier à Yaoundé, les mêmes récriminations sont revenues. «Nous avons saisi courant mai 2018 le ministre du Commerce pour lui faire part de ces entraves», informe le directeur administratif et financier des Laboratoires Biopharma dont plusieurs produits ont obtenu un agrément. «Il a promis revenir vers nous avec des solutions satisfaisantes», ajoute Paul Tchengang avec peu de conviction.

    Illégalité

    L’agrément est le document qui atteste de l’origine CEEAC d’un produit et devrait lui donner le droit de circuler en franchise de droits de douane, sans contingentement, restriction ou prohibition dans tous les 11 pays de la communauté du fait de la zone de libre-échange (ZLE) instaurée en 1983 par le traité créant la CEEAC. Il s’agit de l’Angola, du Burundi, du Cameroun, de la République Centrafricaine, République du Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, République Démocratique du Congo, du Rwanda, de Sao Tome & Principe et Tchad. Le problème est qu’à ce jour, seul le Cameroun a entièrement créé les conditions de mise en œuvre de cette ZLE (tarif préférentiel CEEAC inséré dans la loi de finances, comité national d’agrément des produits au tarif préférentiel en place et fonctionnel…). C’est d’ailleurs le seul pays dont plusieurs entreprises possèdent le fameux agrément.

    Les décisions précisant les modalités de mise en œuvre de la ZLE ont pourtant été adoptées depuis 2004 par la Conférence des chefs d’Etat. Lors d’un autre sommet tenu en 2012, l’échéance de sa mise en œuvre effective avait été fixée en 2014. Au secrétariat général de la CEEAC, le problème est bien connu. A la suite d’un engagement pris en mai 2016 par les ministres en charge du commerce et des finances de rendre finalement opérationnelle la ZLE en janvier 2017, l’institution avait mené dans les Etats des missions de sensibilisation et de plaidoyer.

    «Les autres pays sont en pleine violation du droit communautaire parce que les décisions de la conférence des chefs d’Etat sont applicables de plein droit dans tous les Etats 30 jours après leur publication au journal officiel de la communauté», y indique-t-on aujourd’hui, un brin agacé. La Cour de justice communautaire n’étant pas encore fonctionnelle, il ne reste plus qu’au Cameroun d’engager une procédure de règlement politique de la situation en saisissant formellement les instances exécutives statutaires (le Conseil des ministres ou la Conférence des chefs d’Etat). Pour l’instant, le Cameroun peine à taper le poing sur la table.

    Aboudi Ottou

    Selon les chiffres du Comité technique de la balance commerciale, en 2015, le Cameroun a exporté vers les autres pays de l’Afrique centrale des marchandises d’une valeur d’environ 185 milliards francs CFA. Avec, à ce jour, 71 entreprises, pour un total de 568 produits bénéficiant des agréments aux régimes préférentiels de la Cemac et de la CEEAC, les marges de progression des exportations vers la région restent très importantes et pourraient permettre au Cameroun de réduire le défi de sa balance commerciale. Sauf que la pénétration des produits camerounais dans le marché régional est illégalement entravée par certains pays. Cette situation provoque le courroux des exportateurs camerounais. Saisies à de nombreuses reprises les institutions communautaires peinent à résoudre le problème. Les autorités camerounaises, bien informées du problème, tardent à taper le poing sur la table. 

     

    Entraves au commerce, un problème structurel

    Entre nécessité de rationalisation des instruments et méconnaissance de ceux déjà existant, le marché unique régional de l’Afrique centrale reste très improbable.

     

    En 2015, la valeur des échanges intracommunautaires de la CEEAC représentait 1 milliard 500 millions de dollars soit 3% du volume des échanges. Le Pib régional, lui, est estimé par la Banque mondiale à 600 milliards de dollars en parité de pouvoir d’achat (PPA). Comparé aux autres communautés économiques régionales, le volume des échanges dans la CEEAC est «en deçà de la moyenne admise et surtout largement en dessous du potentiel de nos économies».

    C’est que l’Afrique centrale demeure un marché fractionné en plusieurs espaces de commerce. Dans cet espace en processus d’intégration, cohabitent 2 voire 7 dispositifs de marché unique. On observe que la CEEAC et la Cemac font chevaucher leur mécanisme de libre-échange. Outre ces deux, les 5 pays de la CEEAC non membre de la Cemac appartiennent soit à une autre Communauté économique régionale (Cer) soit n’appliquent pas le dispositif unique de ladite CEEAC. Cette situation couve depuis plusieurs années. Le processus de rationalisation en cours, qui prévoit l’unicité des instruments de mobilité préférentielle dans la sous-région, reste au stade des études et de la recherche budgétaire.

    Recommandations

    A cela s’ajoute la méconnaissance des règles communautaires liées à la circulation des biens. Bien des opérateurs économiques sont sous informés des règles applicables en matière de commerce régional. Les participants à l’atelier de Yaoundé appellent à renforcer les capacités des membres du comité national sur les dispositions additionnelles liées aux règles d’origine qui sont contenues dans les récents accords commerciaux.

    Pour résoudre tous ces problèmes, les participants à l’atelier de sensibilisation sur les procédures d’agrément des produits industriels au Tarif préférentiel harmonisé CEEAC-Cemac, organisé à Yaoundé du 03 au 05 juillet par le bureau sous régional de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique centrale, ont formulé des propositions susceptibles d’optimiser la capacité de mobilité des biens dans la région. Ils demandent d’améliorer l’accessibilité des dossiers d’agrément et la qualité du traitement. Ils sollicitent la mise en disponibilité des différents formulaires d’agrément en ligne, au sein des démembrements des organisations patronales et des chambres consulaires. La poursuite des activités de sensibilisation et de vulgarisation en direction du privé et du public.

    Zacharie Roger Mbarga

    ‘’Il y a la peur de la compétition’’ 

    Tidiane Chetima

     C’est du ressort du ministère du Commerce de venir en aide aux opérateurs économiques du pays 

    Le chef du cluster initiatives sous régionales au Bureau Afrique centrale de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique pointe les responsabilités dans le non-respect des agréments CEEAC.

     

    Quel est le niveau d’appropriation des instruments communautaires de la libre circulation des biens par les opérateurs économiques de l’Afrique centrale ?
    Le niveau d’appropriation est très pauvre. La preuve en est qu’aucun opérateur d’un pays autre que le Cameroun n’a fait la moindre demande pour bénéficier de ce tarif préférentiel. Nous avons fait le constat au Gabon où nous avons animé une formation. Nous nous sommes rendu compte que le secteur privé n’est pas du tout au courant. La plupart des opérateurs économiques ne sont pas sensibilisés sur les avantages que leur donne cette zone de libre-échange que ce soit ceux de la Cemac ou de la CEEAC.

    Qu’est ce qui selon vous peut expliquer cette situation ?
    L’explication est que ces décisions prises au niveau de la communauté ne sont pas intégrées dans les législations des Etats. D’autre part, il y a une méconnaissance quasi-totale car les décisions restent au niveau des CER [Communauté économique régionale]. Logiquement, une fois que ces décisions sont publiées au journal officiel de la CEEAC ou de la Cemac, les Etats devraient prendre le relais et assurer la vulgarisation de ces instruments. A l’effet d’en faire bénéficier à leurs opérateurs économiques. Malheureusement nombre d’opérateurs économiques n’ont pas connaissance de l’existence de ces dispositions mais en plus ne savent même pas où aller chercher l’information.

    Il y a donc une part de responsabilité des administrations publiques des Etats membres de la région ?
    C’est même une grande responsabilité parce que c’est du ressort des fonctionnaires du ministère du Commerce de venir en aide aux opérateurs économiques du pays. Aider ceux qui ont la capacité d’exporter vers les pays membres de la communauté. Le secteur privé ne sachant pas toujours ce qui se trame dans les organisations sous régionales, il revient aux représentants de l’administration de rendre compte au public qui a le droit de savoir quelles sont les décisions prises au niveau communautaire. Donc, il y a un effort de vulgarisation que les Etats sont tenus de faire.

    Quels sont les critères d’origine d’éligibilité au régime préférentiel que les produits doivent respecter pour bénéficier de l’agrément régional ?
    Il faut revenir à la définition du tarif préférentiel généralisé. Il s’agit d’un tarif appliqué dans une Communauté économique régionale telle que la Cemac ou la CEEAC où les Etats mettent en commun leurs ressources pour commercer entre eux et développer leur tissu industriel. Pour que ces industries-là soient compétitives, on leur donne un avantage : c’est le tarif préférentiel pour les produits communautaires et le tarif extérieur commun pour les produits venus de l’extérieur.
    Pour ce qui est donc des critères, trois règles ont été harmonisées en Afrique centrale (CEEAC/Cemac). Ce sont : l’entière obtention (lorsque toute la matière première vient de la sous-région), l’incorporation (lorsque le produit justifie de l’utilisation de 40% de matière première de la région dans son processus de fabrication) et le taux de valeur ajoutée (malgré l’importation de matière première hors de la communauté, la fabrication du produit manufacturé a introduit 30% de valeur ajoutée). Mais à cela s’ajoute le suivi de la procédure de vérification qui procède par des calculs.

    Ceci est fait par les comités nationaux d’agrément aux produits industriels qui, après validation, soumettent les dossiers au comité régional (composé de deux douaniers de chaque Etat) qui réexamine la même demande. C’est donc cette instance qui décide en dernier ressort de la fiabilité du produit. Motivant ainsi la délivrance de l’agrément communautaire par le secrétariat général de la CEEAC ou la Commission de la Cemac. Je voudrais juste préciser que c’est le produit qui reçoit l’agrément et non l’entreprise. Une entreprise qui a 10 produits doit obtenir un agrément à chacun de ses produits pour les exporter en franchise dans la sous-région.

    Le secteur privé camerounais pose un ensemble de préoccupations liées à la qualité du traitement des dossiers d’agrément. Quelle est votre lecture ?
    Le secteur privé veut toujours aller vite. Ce qui est tout à fait normal compte tenu des enjeux. Il ne se plaint pas véritablement. Le comité national est tout à fait conscient de la nécessité de traiter ces dossiers dans les meilleurs délais. La seule question c’est le volume de demande. On ne peut pas demander à l’administration ou au comité national de se réunir chaque fois qu’ils ont une seule demande. Ils ont souvent besoin d’un nombre critique qui n’est pas déterminé pour se réunir et rendre leur traitement plus efficace. Ce qu’on sait ce qu’ils se donnent un certain délai à partir duquel même s’ils n’ont reçu qu’un seul dossier, ils ont l’obligation de se réunir et d’examiner ce qui est soumis à leur étude. Il est généralement de 3 mois.
    La recommandation que nous faisons toujours est que le comité devrait se réunir le plus souvent possible pour ne pas retarder le traitement. Car il y a une deuxième étape plus importante. Elle se joue au niveau régional et là, il y a des retards. Le comité régional, je ne pense pas qu’il se soit réuni plus de deux fois l’an. La solution serait peut-être qu’il y ait plus de demandes. Lorsque ce n’est que le Cameroun, ça peut poser problème. Mais si ce sont les 11 Etats membres qui transmettent des dossiers, ça veut dire que tous les deux mois voire moins, il y aurait une telle fréquence plus importante.

    Les exportateurs camerounais de savon accusent la République Démocratique du Congo de ne pas respecter les agréments. Est-ce que le tarif préférentiel est suffisamment généralisé et incorporé dans les pays?
    Je peux même dire que vous avez répondu à votre question. Nous l’avions un peu abordée déjà. L’un des obstacles majeurs reste la non incorporation des textes communautaires dans les lois nationales. Et malheureusement c’est ce qui fait force de loi. Lorsqu’un produit arrive dans un pays et que le tarif préférentiel n’apparait dans aucun texte. Il n’y a pas de référence pour pouvoir accorder le bénéfice de l’agrément au TPG [Tarif préférentiel généralisé]. Il y a même des cas où c’est inscrit mais c’est méconnu. Le douanier qui est à la frontière, n’est pas du tout au courant de ces instruments communautaires signés par le pays. Mais si personne ne le lui dit, pour lui chaque produit qui arrive doit payer des droits de douane quel que soit l’origine. Voilà pourquoi la campagne actuelle de renforcement de capacités est nécessaire pour nous. Il y a deux semaines [fin juin], nous étions au Gabon. Nous nous sommes adressés au secteur privé pour leur présenter les outils communautaires. Mais aussi au secteur public qui traite de ces dossiers. Nous avons partagé avec eux l’expérience du Cameroun qui est très bonne. Il revient au secteur privé de pousser l’administration pour que les dispositifs soient implémentés au niveau national et de faire le lobbying au haut niveau pour qu’ils soient appliqués dans les autres pays de la sous-région.

    Est-ce que l’ouverture des barrières commerciales avec le Tarif préférentiel régional ne bute pas sur l’inexistence des avantages comparatifs ? N’y a-t-il pas d’une part une grande similarité de production manufacturière et d’autre part une grande variété du coté camerounais ?
    Il y a aussi la peur de la compétition. Le secteur privé aimerait que leur marché soit protégé et qu’il soit le seul à pouvoir fournir des produits dans la sous-région. Or, nous sommes à l’époque de la mondialisation. Le commerce est libre dans toutes les régions du monde. L’Afrique ne peut pas y échapper. La solution pour nos entreprises et nos industries c’est de se réveiller et d’être compétitive : en matière de qualité et de prix. Et lorsque vous êtes compétitifs, vous n’aurez peur d’aucun produit, même local. A plus forte raison un produit qui viendrait d’ailleurs. Un produit pour lequel le transport a été payé et sur lequel ont été prélevées des taxes. Bizarrement, ces produits d’origine lointaine sont encore les moins coûteux dans nos pays. Donc, les opérateurs économiques devraient se poser la question de savoir: pourquoi est-ce que les produits importés sont moins chers que les leurs souvent à qualité égale ou même à qualité meilleure ? Il faudrait que les entreprises changent leur process et se mettent au pas de la qualité et de la productivité s’ils veulent survivre. Sinon c’est cette compétition-là qui va les balayer et faire place à d’autres produits qui viendront d’ailleurs.

    Interview réalisée par
    Zacharie Roger Mbarga

  • Depuis Yaoundé: L’Union africaine affiche ses ambitions de puissance

    Depuis Yaoundé: L’Union africaine affiche ses ambitions de puissance

    Le 13 juillet dernier, lors d’une conférence à l’Institut des relations internationales du Cameroun, le président de la Commission de l’UA a présenté les tenants et les aboutissants de la réforme de son institution.

    La réforme de l’Union africaine (UA) vise «le renforcement de notre intégration continentale. C’est surtout un moyen opportun de positionner notre continent comme un acteur crédible sur la scène internationale. Nous devons désormais parler d’égal à égal. De continent à continent. Mais cela passe par le renforcement de notre union», a déclamé Moussa Faki Mahamat à l’Iric vendredi dernier. L’Afrique doit augmenter sa «capacité à se positionner stratégiquement dans le multilatéralisme et même d’en avoir une vision singulière à elle», dévoile le président de la Commission de l’UA. En novembre prochain, à Addis – Abeba, les chefs d’Etat et de gouvernement du continent se réuniront en conférence extraordinaire pour adopter la réforme de l’Union africaine. Autant le dire, si plusieurs axes ont connu des avancées, plusieurs autres attendent le consensus ou sont en cours de discussion.

    Souveraineté budgétaire

    Toujours dépendante de subventions extérieures à hauteur de 90% de son budget, l’UA – dans le cadre de la réforme – va mettre en application la taxe de 0,2% sur les importations non africaines. A ce jour, 26 pays ont intégré le mécanisme dans leur loi de finance. Le Cameroun en fait partie. «Sur dix ans, cette taxe pourrait permettre à l’organisation de récolter 1milliard 500 million de dollars de budget» affirme le président de la Commission de l’UA. Cette taxe permettra de financer nos opérations de maintien de la paix, pour les rendre «conformes à nos cultures et adapter aux menaces». C’est la raison d’être du forum Tana que préside l’ancien président ghanéen John Dramani Mahama.

    La souveraineté budgétaire de l’UA est également le gage de la «rupture du cordon ombilical» avec les puissances colonisatrices d’hier et néocolonialistes d’aujourd’hui, aux velléités d’impérialisme jamais assouvies. «Notre sécurité auto-entretenue, nos projets intégrateurs à travers l’agenda 2063 pour dynamiser l’interconnexion du continent, le fonctionnement de notre organisation ; voilà les clés de notre indépendance dans ce monde incertain» tranche Moussa Faki. Le financement autonome est donc une impérieuse nécessité.

    Du point de vue opérationnel, la division du travail est le premier et principal résultat que vise la réforme. Il s’agit de responsabiliser et de bien faire jouer leur rôle à chacun des acteurs de l’intégration continentale, en l’occurrence les Etats, la Commission de l’UA, les Communautés économiques régionales (Cer), les institutions spécialisés de l’UA, les agences d’exécution…

    Autant le président de la Commission de l’UA salue la mutation déjà actée du Nepad en agence de développement, autant il insiste sur le besoin d’introduire plus de performance au sein la Commission, non sans rappeler le rôle central à jouer par les Cer. De fait, l’une des articulations nouvelles de la réforme est de réinstaller les Cer dans leur rôle de pilier de l’intégration continentale. A travers une meilleure convergence entre les programmes des Cer et une densification du jumelage programmatique entre les Cer et l’UA. Une instance de concertation permanente entre les tops management des Cer et de l’UA devrait voir le jour à cet effet.

    Afin d’introduire de l’efficience au sein de la Commission, un mécanisme de sélection des commissaires est prévu. La répartition régionale de deux commissaires par région sera sauvegardée. Mais le respect des profils et la recherche de l’excellence constitueront la nouvelle trame de désignation des commissaires. Pour Moussa Faki, à travers cette inflexion du mode désignation, l’UA compte renforcer l’exécutif et atteindre la célérité nécessaire.

    Dans le diagnostic justifiant la préparation de la réforme, Paul Kagame affirmait: «nous avons une organisation dysfonctionnelle dont la valeur pour nos Etats membres est limitée, qui a peu de crédibilité auprès de nos partenaires internationaux et en laquelle nos citoyens n’ont pas confiance» (Rapport Kagame, p8). Pour le président rwandais, président en exercice de l’institution supranationale africaine, l’Afrique et son organisation continentale souffrent aussi d’une déconnexion à ses citoyens. Ce qui amplifie l’absence d’une citoyenneté communautaire ou continentale. Le rôle du Parlement panafricain dans ce processus de transformation de l’organisation continentale est aussi souligné.

    Inquiétudes

    A côté de la nécessité impérative de la division du travail entre les acteurs de l’intégration continentale et la réalisation d’une souveraineté financière ou budgétaire, il y a un besoin de représentativité et de légitimité. D’où la pertinence à renforcer les mécanismes de contrôle de l’action du gouvernement continental (Commission) et les dispositifs de suivi de l’exécution physique et financière du budget.

    A prendre également en compte: l’établissement de la loi (protocole additionnel, directives) représentative de l’environnement des citoyens africains. Parallèlement, le besoin d’équilibre des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) à la tête de l’UA est une dimension muette. Le renforcement des pouvoirs du président de la Commission de l’UA qui promeut la réforme n’est-elle pas susceptible de remettre en cause ce principe démocratique ? Surtout que pour le Président Kagame, en charge des réformes, «sans respect des principes démocratiques, notre organisation demeurera moins performante et peu crédible».

    La sécurité est un pan important que veut corriger la réforme. Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA aura ses compétences renforcées. Le nouveau mode de financement va favoriser le dynamisme du fonds africain pour la paix. Aujourd’hui constitué de 15 membres dont 3 par région, le CPS/UA sera assisté d’un comité technique et stratégique.

    Celui-ci sera constitué des ministres africains de la défense ou des chefs d’état major des armées. Avec la mise en eau de la base logistique de la Force africaine en attente, il est attendu «une mise en œuvre plus opérationnelle de l’architecture africaine de paix et de sécurité», explique le chef de la Commission UA. Dans ce sillage, la force africaine en attente (FAA) devrait connaitre un déploiement plus offensif. A travers l’entrée en scène plus régulière des brigades régionales, on peut espérer un tiédissement des tensions opérationnelles qui guettent certaines armées (Afrique du sud, Soudan, Ethiopie, Tchad, Cameroun…) Ce qui pourrait également limiter le nombre d’opérations de maintien de la paix.

    «Au Sahel, en Lybie, autour du Lac Tchad, en Centrafrique, au Cameroun… la sécurité en Afrique est un enjeu de tous les instants. Nous devons nous renforcer de la prévention à la méthode curative. Comment ces hydres de la mort parviennent-elles à être financées, à s’informer, à se fournir en logistique, à se mouvoir ? Nous devons mutualiser nos forces pour qu’ensemble nous venions à bout de ces agents de la déstabilisation du continent», plaide Moussa Faki.

    Zacharie Roger Mbarga

    Iric 

    Une tradition de fleuron de la diplomatie africaine

    Une fois de plus, l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric) a déroulé le tapis rouge à un dinosaure des relations internationales, en visite au Cameroun. Dans l’après-midi de ce 13 juillet, la colline bleue d’Obili est noircie de véhicules et de dignitaires. Les étudiants de l’auguste académie de diplomatie cherchent un chemin pour écouter le patron et le porte-parole de la plus grande organisation continentale.

    Devant un dispositif de sécurité renforcé, le protocole est rigoureux. A son arrivée, le président de la Commission de l’Union africaine est accueilli par le ministre des Relations extérieures. La conférence débute après l’exécution des hymnes du Cameroun et de l’Union africaine. L’amphithéâtre 300 de l’Iric est plein comme un oeuf.

    Dans son mot de bienvenue, le directeur de l’Iric Salomon Eheth parle d’«un institut qui, en près d’un demi-siècle d’existence, se dévoue dans la formation de l’essentiel de l’élite diplomatique africaine». Un haut lieu aux «missions d’enseignement et de recherche… son internationalisation et le renforcement de sa posture d’observatoire des relations internationales», indique le directeur de l’Iric. Et d’ajouter en anglais, «Disons que l’Iric qui vous accueille a été créé en 1971, il aura bientôt cinquante ans.

    Conçu à l’origine comme une académie diplomatique, au service de la performance des États africains, dans un contexte où l’action diplomatique des États africains était centrée sur la libération du continent, la construction de nations solides et l’assistance de son développement. Aujourd’hui, l’Iric est progressivement devenu un centre de référence pour la production et l’acquisition de connaissances et de savoirs-faire dans les métiers internationaux. À ce jour, il a formé des centaines de diplomates et de stagiaires ; et je dois souligner qu’une cinquantaine de nationalités sont passées par ce campus.

    Ils sont Africains, Américains et Asiatiques. De plus, il y a deux jours, notre institut a mis à la disposition des Etats partenaires le 46e groupe de stagiaires diplomatiques et protocolaires. L’Iric est une institution multiculturelle, avec une belle atmosphère, qui reflète l’intégration africaine, digne d’une académie diplomatique continentale. L’Iric est un véritable laboratoire de l’intégration africaine, à travers ses enseignements et le mélange de différentes nationalités, différentes cultures, différentes religions».

    Zacharie Roger Mbarga

    Message 

    Akono dit merci à Paul Biya

    Dignitaires traditionnels et élites de l’arrondissement l’ont scandé à Yaoundé le 15 juillet 2018. Ils se félicitent de la nomination de Gaston Eloundou Essomba au poste de ministre de l’Eau et de l’Energie (Minee). 

    Leurs mots sortent tout droit des tréfonds de l’arrondissement. Pour un cérémonial à forte tonalité traditionnelle, le format reste celui voulu par une quarantaine de chefs Mvog-Tsoung Mballa et Elega. Sa Majesté Jean Ondoua, leur porte-parole, fixe le cadre: «ce qui nous réuni ici c’est la nomination de notre fils Gaston Eloundou Essomba au poste de ministre de l’Eau et de l’Energie». En termes de prétexte, c’est tout trouvé pour remercier le président de la République. «Sa plume et la main de Dieu ont reconnu la valeur de notre enfant dans un Cameroun où fourmillent mille et une intelligences», jure le chef Mvog-Tsoung Mballa.

    Dans un phrasé hautement proverbial , le tout Akono exhorte l’heureux promu à tenir la dragée haute. Bien plus, les gardiens de la tradition invitent le Minee à s’écarter des postures répréhensibles. Celles qui, par le passé, ont construit une scabreuse réputation autour de l’arrondissement d’Akono. L’acte de nomination de Gaston Eloundou Essomba et le maintien de Cathérine Abena Ondoa , insistent les chefs, soulignent d’une meilleure manière, l’attention que le chef de l’Etat porte sur cette contrée et à ses fils. D’où l’exigence d’un merci appuyé et d’une promesse de vote massif au scrutin présidentiel d’octobre 2018.
    En rapport avec l’environnement sociopolitique actuel dans le pays, la confrérie traditionnelle d’Akono en a profité pour se désolidariser solennellement des fauteurs de troubles et des vautours de la sécession.

  • CER en Afrique centrale: le processus de rationalisation en examen

    CER en Afrique centrale: le processus de rationalisation en examen

    Le Cameroun abrite dès ce lundi 09 juillet, la 5e réunion du comité de pilotage de la rationalisation des Communauté économique régionale (Cer) de l’Afrique centrale.

    La photo officielle d’ouverture du dernier Copil Cemac-Ceeac à Yaoundé

    Cette réunion se tient après celle de novembre 2017. Elle a consacré l’urgence de l’harmonisation des instruments communautaire de politiques commerciales, d’intégration monétaire et de la libre circulation des personnes en Afrique centrale, le cadrage institutionnel de la nouvelle Cer en gestation et l’extrême besoin de financement.

    Cette réunion du Copil se tient au moment où les voyants économiques de l’Afrique centrale semblent revenir progressivement au vert. Ce sera l’occasion d’avancer sur les dossiers épineux laissés en suspens lors de l’édition précédente. C’est le cas du financement des programmes du secrétariat technique à la rationalisation des Cer. Les ministres avaient décidé d’une épuration de la dette des Etats. Il avait été dit que les Etats ne devaient verser que deux annuités. Les Cer, elles, vont s’acquitter de 80% de leur dette parce qu’étant financées par les Etats.

    Pour ce qui est de l’unification des instruments, l’urgence n’est plus à démontrer dans un contexte où dans les deux principales Cer, les échanges intracommunautaires ne représentent que 3%. L’institution en cours de la zone de libre-échange au niveau continental est un autre signal d’alarme. D’où l’impérieuse nécessité pour l’Afrique centrale de préparer son marché unique.
    C’est en octobre 2007 que la 13e conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEEAC, tenue à Brazzaville (Congo), a pris une déclaration invitant la CEEAC et la Cemac à mettre en place conjointement un comité de pilotage de la rationalisation des CER. Plus de 10 ans après, on n’a pas beaucoup avancé dans la construction d’une Cer unique en Afrique centrale.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Maintien de la paix et la sécurité: Appel à la tropicalisation des solutions

    Maintien de la paix et la sécurité: Appel à la tropicalisation des solutions

    C’est le plaidoyer et le maitre mot de la 7ème édition du forum Tana sur la paix et la sécurité en Afrique qui vient de s’achever à Bahir Dar en Ethiopie.

    Allocution d’ouverture du président de la Commission de l’UA.

    I/ Une plateforme de réflexion en consolidation
    Tenu du 21 au 22 avril 2018 sur le thème «l’appropriation des solutions de paix et de sécurité en Afrique: financer et réformer l’Union africaine», le 7ème forum Tana vient de réunir en Ethiopie un parterre de hauts responsables.

    Au nombre desquels Abiy Ahmed Ali, Premier ministre de l’Éthiopie ; Omar al-Bashir, Président du Soudan ; John Dramani Mahama, ancien Président du Ghana ; Dr Aminata Touré, ancien Premier ministre du Sénégal, Kgalema Motlanthe, ancien président d’Afrique du Sud ; Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères du Rwanda ; Workneh Gebeyehu, ministre des Affaires étrangères de l’Éthiopie ; Eusebio Lambo, ministre des Combattants du Mozambique ; Graça Machel, fondatrice et directrice du Graça Machel Trust ; et Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine.

    Dans son allocution d’ouverture, Abiy Ahmed Ali a félicité le forum de Tana pour avoir «prouvé qu’il méritait d’être pris au sérieux en tant que véritable plateforme de discussions animées et ciblées sur les défis urgents, concrets et pertinents de la paix et de la sécurité auxquels l’Afrique est confrontée».

    Dans son propos, Moussa Faki Mahamat note que «les seules réponses viables aux défis auxquels nous sommes confrontés seront endogènes». Et d’ajouter que «l’expérience a montré trop souvent la futilité des solutions qui font fi des contextes dans lesquels elles sont censées être mises en œuvre», a déclaré Moussa Faki Mahamat.

    Cette appropriation ne se fera certainement pas sans le concours des partenaires dont le rôle «ne doit pas être minimisé ou négligé. L’indépendance signifie un engagement constructif avec différentes parties prenantes intéressées par l’Afrique, sur un pied d’égalité» précise le président de la Commission de l’UA.

    Dans cet élan, Moussa Faki Mahamat annonce la formalisation d’un Accord de coopération sur la paix et la sécurité entre l’institution qu’il dirige et la Commission européenne en ce mois de mai. Il permettra de «formaliser les relations déjà étroites qui existent entre nos deux institutions», a-t-il précisé. John Dramani Mahama, ancien président de la République du Ghana, lui, est péremptoire et affirme sans ambages que «le forum de Tana a pris de l’ampleur et est devenu le premier groupe de réflexion

    Management

    Au terme de cette édition, la présidence du conseil de ce forum a vu son dirigeant le président Obasanjo céder son fauteuil après sept années de fondation. Son mandat, qui a débuté en 2012 avec la création de la plateforme, a vu le forum Tana devenir l’une des cadres les plus pertinentes sur la paix et la sécurité en Afrique.

    La cérémonie de passation a été conduite par l’ancien Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, qui a remercié Obasanjo pour son engagement. L’ancien président ghanéen John Dramani Mahama lui succèdera à ce poste. Pour Hailemariam Desalegn, le nouveau venu est une personnalité avec «un pedigree de panafricaniste éprouvé et engagé, mais aussi d’homme d’État respecté».

    Le nouveau patron a tout de suite souligné l’importance des systèmes de connaissances traditionnelles africaines en tant que «riches répertoires de la science, de la technologie et du savoir en général. Vous y trouverez des leçons de gouvernance, de stratégie, d’inclusivité, de spiritualité, de responsabilité et de leadership».

    Il a en outre appelé à un «changement de mentalités pour s’approprier et promouvoir notre savoir traditionnel africain et intégrer également les meilleures pratiques d’ailleurs dans le renforcement des capacités de nos peuples et de nos institutions».

    Une expression qui semble donner un aperçu de l’orientation qu’il donnera à la tête du forum. Si le baobab fait partie de l’identité africaine, il en est de même du lieu où se tient le forum. Le lac Tana, le plus grand d’Ethiopie et le quatrième d’Afrique, a donné son nom à la plateforme. Source du Nil Bleu, le lac Tana compte plus de 21 îles dont celle de Bahir Dar.

    L’Institut des études de paix et de sécurité (IPSS) de l’Université d’Addis-Abeba sert de secrétariat au Forum. L’IPSS gère également le Programme de paix et de sécurité en Afrique (APSP), un projet conjoint avec l’Union africaine. L’APSP vise à renforcer les capacités africaines pour développer et mettre en œuvre des solutions africaines en matière de paix et de sécurité en Afrique.

    Dans ce contexte, les résultats du forum alimentent les activités de l’institut en matière d’éducation, de recherche et de dialogue politique, dans le cadre d’objectifs plus larges d’information, de formulation et de mise en œuvre des politiques à l’Union africaine, et des communautés économiques régionales (Cer).

    II/ Finances et réforme de l’Union africaine
    Reconnaissant la nécessité pour les États membres de financer leur propre sécurité, Abiy Ahmed Ali, Premier ministre éthiopien, estime que «Ce n’est que grâce à un financement à long terme durable que l’UA pourra suivre un programme indépendant qui réponde aux pratiques et besoins communs de ses États membres».

    Dans une mise à jour aux participants sur l’état actuel du plan de réforme, le président de la Commission de l’UA a indiqué que «41,6 millions USD ont été versés au fonds pour la paix, avec pour objectif, la mobilisation de 65 millions USD pour l’année en cours. C’est la plus importante contribution jamais versée au Fonds pour la paix depuis sa création en 1993».

    Concernant l’ambitieux prélèvement de 0,2% sur les importations admissibles qui serviraient de contribution des États membres à l’UA, il a reconnu que «davantage de négociations politiques» seraient nécessaires pour s’assurer que les États appliquent «fidèlement» la taxe.

    Dans un environnement politique mondial en constante évolution, il existe un besoin manifeste de disposer d’institutions plus puissantes et efficaces et ayant la capacité d’assumer une forte appropriation des questions continentales et mondiales. L’UA a un agenda très chargé et ambitieux qui comprend, entre autres, la paix et la sécurité, la libéralisation du commerce, la sécurité alimentaire, l’utilisation durable des ressources naturelles et de l’énergie, les changements climatiques et les migrations.

    Ces activités ont abouti au développement de plusieurs initiatives de réforme, telles que le nouveau programme de financement de l’UA, ainsi que sa réforme institutionnelle. Ces réformes aspirent à une intégration à l’architecture mondiale de la paix et de la sécurité où l’Afrique assume la responsabilité principale de sa propre sécurité par opposition à la situation actuelle où il existe encore une forte dépendance envers des partenaires et des acteurs extérieurs.

    Zacharie Roger Mbarga