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Journal Intégration

Étiquette : Boko Haram

  • Pour l’homme du 6 novembre, l’Histoire ou la poubelle

    Pour l’homme du 6 novembre, l’Histoire ou la poubelle

    M. Paul Biya prête serment ce 6 novembre 2018. Pour un nouveau bail de sept ans à la tête de l’Etat. Le président réélu inaugure son septième mandat dans un contexte de morosité, en contraste avec sa prise de pouvoir le 6 novembre 1982.

    En effet, l’homme du 6 novembre est désormais loin de la quasi unanimité et de l’enthousiasme autour de sa personne, après le discours de démission du président Amadou Ahidjo. Au soir du 4 novembre 1982, Paul Biya hérite, dans une ferveur populaire inédite, d’un pays bien portant. Presque tous les indicateurs sont au vert. Une économie des plus florissantes. Un pays pacifié des démons de la guerre d’indépendance. L’autosuffisance alimentaire palpable. L’éducation de qualité pour tous. Évidemment, le Cameroun de 1982 n’est pas un paradis. «La rigueur et la moralisation», dont se prévaut le chantre du Renouveau national, suggère à souhait la crise de gouvernance qui travaille le pays en début des années 80.

    Aujourd’hui, après 36 années de «Renouveau», la plupart des indicateurs du pays sont longtemps passés au rouge. La crise économique secoue le pays depuis deux décennies, malgré les remèdes (inopérants) des institutions de Bretton Woods. Le pays est exsangue et lessivé par des plans d’ajustements structurels ayant détruit toute la politique sociale du Gouvernement. Le chômage des jeunes atteint des pics effroyables. L’éducation et l’enseignement sont sinistrés. Il faut désormais payer le prix fort pour envoyer les enfants à la bonne école. Le panier de la ménagère n’arrête pas de maigrir, conséquence de l’érosion continue du pouvoir d’achat des populations. La classe moyenne de la population a totalement disparu. La pauvreté a pris ses quartiers partout. Selon des statistiques fiables, environ 32% de la population vit sous le seuil de la pauvreté.

    Sur le plan politique, le multipartisme imposé par les vents d’Est dans les années 1990 n’a pas entraîné l’alternance démocratique souhaitée. Il y a comme un verrouillage du jeu électoral par Paul Biya, qui a réussi à concentrer l’essentiel des pouvoirs en ses mains. Ce qui met tout le monde politique à ses pieds. L’opposition, les syndicats et la société civile sont atones. La moindre contestation dans la rue est réprimée par les forces de sécurité, à défaut d’être interdite par une administration publique aux ordres. Grosso modo, le Cameroun de 2018 est comme une dictature douce parée des atours démocratiques.

    Pas d’état de grâce
    Autant l’accession de Paul Biya à la magistrature suprême en 1982 a suscité espoir et engouement ; autant l’inauguration de son nouveau mandat ce 6 novembre 2018 suscite inquiétude et scepticisme. Et pour cause, Paul Biya entame son nouveau septennat avec des handicaps préjudiciables à la bonne conduite de ses promesses de campagnes. Le malaise né d’une réélection aux résultats contestés par ses deux principaux challengers (Maurice Kamto et Cabral Libii) a laissé une population divisée. Mobiliser et remettre au travail tout le monde n’est pas gagné d’avance. La fracture sociale sans cesse grandissante, dans un environnement économique incertain, est également un facteur défavorable à l’élu aux 85 printemps. La confiance des populations au processus démocratique reste à (re) conquérir.

    En attendant d’y parvenir, les investisseurs resteront sur leurs gardes. Ils le seront d’autant plus que le président réélu doit adresser efficacement les problématiques sécuritaires qui secouent de toutes parts le pays: la crise dite anglophone, le débordement de la guerre civile centrafricaine sur la frontière Est du Cameroun ; les coupeurs de route dans la région de l’Adamaoua, la secte terroriste Boko Haram dans l’extrême – nord du pays… À coup sûr, des éclaircies sur le ciel ombrageux du pays sont attendues du président de la République. De quelle baguette magique va-t-il se servir pour réussir ?
    À n’en point douter, Paul Biya est à un virage décisif de sa longue carrière de chef de l’État. En négociant bien ce virage, il rentrerait dans l’histoire comme «celui qui a apporté la démocratie et la prospérité au Cameroun». À défaut, il rentrera dans les poubelles de l’histoire du pays. À l’évidence, Paul Biya commence un septennat de tous les dangers. Certainement le mandat le plus compliqué de son «règne». «To be or not to be, that’s the question», lui murmure Shakespeare.

    Thierry Ndong Owona

  • Paul Biya : le destin de nos compatriotes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest s’inscrit dans le cadre de notre République

    Paul Biya : le destin de nos compatriotes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest s’inscrit dans le cadre de notre République

    • Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
    • Monsieur le Premier Vice-Président du Sénat,
    • Monsieur le Président du Conseil Constitutionnel,
    • Monsieur le Premier Président de la Cour Suprême,
    • Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
    • Mesdames et Messieurs les Députés,
    • Mesdames, Messieurs,
    • Chers compatriotes,

    Qu’il me soit tout d’abord permis de remercier Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale pour ses paroles de bienvenue et ses encouragements au début de ce nouveau mandat.

    Je tiens à exprimer une fois encore devant vous ma reconnaissance au peuple camerounais de m’avoir renouvelé sa confiance. Celle-ci sera pour moi un soutien indispensable dans l’exercice des hautes responsabilités que j’aurai à assumer au cours des prochaines années.

    Le serment que je viens de prêter « devant le peuple », selon les termes de l’article 7 de notre Constitution, en présence de ses représentants, revêt une haute valeur symbolique à un double titre :

    • il implique une fidélité absolue aux institutions de la République, à laquelle je ne saurais déroger ;
    • il a d’autre part valeur d’engagement personnel irrévocable à se conformer aux obligations qui sont celles du Chef de l’Etat, telles qu’elles sont définies par notre loi

    Comme par le passé, ce sont ces principes qui guideront mon action au service du peuple camerounais au cours du septennat des « Grandes Opportunités » qui s’ouvre aujourd’hui.

    • Mesdames, Messieurs,

    Avant d’en évoquer les perspectives, je souhaiterais que nous jetions ensemble un rapide regard en arrière, ce qui nous permettra de faire le point sur la situation présente.

    Le septennat qui vient de s’achever ne s’est pas écoulé comme un

    « long fleuve tranquille ».

    Au plan de la sécurité, nous avons d’abord été confrontés aux attaques répétées du groupe terroriste Boko Haram, qui a semé la terreur et la désolation dans l’extrême-nord de notre pays. Nous avons fait face, de concert avec nos voisins et avec l’aide de nos partenaires traditionnels. Nos forces de défense et de sécurité, auxquelles je tiens ici à rendre, à nouveau, hommage, ont repoussé l’ennemi hors de nos frontières. Aujourd’hui, la situation est stabilisée mais nous restons vigilants et déterminés.

    Par la suite, dans nos régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, des forces négatives ont cru pouvoir profiter de revendications  d’ordre corporatiste pour essayer de mettre en œuvre un projet de sécession. Il s’en est suivi une succession d’actes de violence terroriste auxquels le gouvernement a répondu en prenant des mesures nécessaires pour préserver l’ordre public, ainsi que la sécurité des citoyens et de leurs biens.

    Il va sans dire que l’objectif des sécessionnistes porte atteinte à notre Constitution, qui consacre le caractère « indivisible » de notre République.

    En revanche, le désir maintes fois exprimé, de nos populations d’être mieux associées à la gestion de leurs affaires locales, nous a conduits à prendre des mesures nécessaires pour accélérer le processus de décentralisation.

    Ces tâches prioritaires ne nous ont pas détournés de la nécessité d’œuvrer à l’amélioration de notre économie, affectée par les effets de la crise économique et financière mondiale, ainsi que par la baisse des cours des matières premières.

    Dans ce but, nous avons poursuivi la mise en œuvre de nos réformes structurelles et pris des mesures pour redresser notre situation budgétaire. Notre « résilience » a été saluée par le FMI avec lequel nous avons conclu, en 2017, un programme économique et financier appuyé sur une « facilité élargie de crédit ». Nos efforts expliquent sans aucun doute le retour progressif de notre croissance.

    Parallèlement, tout en veillant à la soutenabilité de notre dette extérieure, nous avons donné une nouvelle impulsion à nos grands projets d’infrastructures concernant la production d’énergie, la distribution d’eau potable et la construction des routes. De nombreuses réalisations en portent témoignage.

    Malgré les difficultés de la conjoncture, de nombreux chantiers ont été ouverts dans les domaines de la santé, de l’éducation et des services sociaux. Il est indéniable que sur ce plan, des avancées notables ont été réalisées.

    Nous avons, par ailleurs, continué le parachèvement de notre édifice institutionnel et démocratique, avec la mise en place effective du Sénat et du Conseil Constitutionnel.

    Ainsi, contre vents et marées, nous avons maintenu notre cap vers l’émergence.

    Ce rapide bilan, qui est loin d’être exhaustif, montre bien que notre pays est en pleine transformation et qu’il avance résolument dans la voie du progrès.

    • Mesdames, Messieurs,

    D’une façon générale, au cours du septennat qui s’annonce, nous veillerons à consolider nos acquis, tout en explorant les pistes nouvelles, nous permettant de saisir toutes les opportunités d’un monde en constante évolution.

    Dans cet esprit, il va de soi que nous allons poursuivre nos réformes structurelles afin de renforcer notre équilibre budgétaire et de conforter la soutenabilité de notre dette. Des finances saines sont en effet la condition de l’attractivité d’une économie et, donc, de son aptitude à accueillir les investissements.

    A ce propos, je voudrais appeler votre attention sur les changements qui sont en cours au niveau international et qui ne manqueront pas d’avoir des répercussions sur notre pays.

    Les règles qui régissaient la mondialisation des échanges depuis plusieurs décennies sont remises en cause. Les tendances au protectionnisme, voire à l’isolationnisme gagnent du terrain. Il y a là le risque clair d’un effet déstabilisateur pour de nombreux pays, en particulier pour ceux en développement comme le nôtre. Nous allons de plus en plus subir  les effets des changements climatiques qui impacteront la vie de nos concitoyens, notamment ceux du monde rural.

    Dans ce contexte, il me semble opportun de nous attacher à développer les secteurs de notre économie qui pourront réduire sensiblement nos importations de biens et services. Cette politique présentera l’avantage de nous permettre de rééquilibrer notre balance commerciale chroniquement déficitaire.

    Par ailleurs, nous allons réaliser une véritable « révolution agricole » en modernisant nos moyens de production et en transformant davantage nos produits agricoles. Cela devrait aller de pair avec la mise à disposition de nouveaux équipements, magasins de stockage et routes d’accès. Ainsi pourrait se conforter notre statut de grenier de l’Afrique Centrale.

    Une économie moderne ne saurait se concevoir sans l’existence d’un secteur industriel performant. Nous disposons d’un Plan Directeur d’Industrialisation qui définit les contours et le contenu d’un projet d’envergure dans ce domaine. Sa réalisation sera une des tâches prioritaires du septennat.

    L’industrie, comme l’agriculture, exigent un apport d’énergie stable et suffisant. Nous avons entrepris des efforts importants dans ce secteur depuis un certain temps déjà. Les barrages et les centrales hydroélectriques que nous avons construits devraient nous permettre, à plus ou moins brève échéance, de répondre pleinement aux exigences de notre économie et aux préoccupations de nos populations en la matière.

    Mais nous ne nous arrêterons pas là. Nous continuerons d’exploiter tous les sites et cours d’eau disponibles afin de faire du Cameroun un grand producteur d’électricité dans notre continent. Nous ne délaisserons pas pour autant les zones rurales en les dotant progressivement de centrales solaires.

    De la même façon, nous continuerons à développer nos infrastructures de transport (routes, ports, aéroports) au bénéfice de notre économie, mais aussi pour faciliter les communications avec nos voisins.

    D’autre part, conscients que la finalité de la démocratie est d’apporter au plus grand nombre des conditions de vie aussi bonnes que possible et une véritable égalité des chances, je persisterai à consacrer tous mes efforts :

    • à favoriser la relance de la croissance économique, créatrice d’emplois, notamment pour les jeunes, et susceptible d’améliorer le pouvoir d’achat ;
    • à promouvoir le rôle des femmes dans notre société ;
    • à faciliter l’intégration sociale des jeunes en développant encore davantage notre système éducatif, à tous les niveaux, et en mettant l’accent sur la professionnalisation ;
    • à lutter contre l’exclusion, notamment par une meilleure protection des personnes vivant avec un handicap ;
    • à améliorer l’accès aux services publics de l’eau potable et de l’électricité ;
    • à renforcer notre système de santé, en ouvrant de nouveaux hôpitaux et en finalisant un dispositif de sécurité sociale efficace ;
    • à mettre en valeur une politique d’habitat social digne de ce nom ;
    • à valoriser notre patrimoine culturel ;
    • et enfin à apporter au secteur sportif le soutien qu’il mérite, pour que les efforts que nous avons consentis pour accueillir la CAN 2019 reçoivent leur juste récompense.
    • Mesdames, Messieurs,

    Les grands défis que nécessite l’accès à l’émergence de notre économie, que j’ai rappelés, et les engagements que j’ai pris pour améliorer la qualité de la vie des Camerounais, supposent en premier lieu que des conditions adéquates de stabilité et de sécurité soient réunies. Je puis vous donner l’assurance que je ferai en sorte que ce soit le cas.

    L’objectif de l’émergence doit être érigé en grande cause nationale qui mobilise l’ensemble de nos concitoyens afin de faire du Cameroun un pays moderne et socialement avancé.

    Les agents du service public, comme du secteur privé, ont à cet égard un rôle important à jouer. Je connais leurs difficultés. Je prendrai les mesures nécessaires à l’amélioration de leurs conditions de travail afin de leur permettre de mieux participer au progrès de notre pays.

    Avant de conclure, je veux souligner que je me suis attentivement penché sur les frustrations et les aspirations de la grande majorité de nos compatriotes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Un bon nombre de réponses à ces préoccupations et à ces aspirations sera apporté dans le cadre de l’accélération du processus de décentralisation en cours. Dans les meilleurs délais possibles, des mesures seront prises pour élargir le champ de compétences des collectivités territoriales afin de leur donner les moyens d’une plus grande autonomie.

    Quant à la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme, elle continuera à être mise en œuvre par la commission qui y est dédiée.

    Ces actions et d’autres seront prises pour régler nombre de problèmes qui sont à l’origine des frustrations et des insatisfactions qui se sont manifestées ces derniers temps. Nous espérons que cela permettra de rétablir le calme indispensable au retour à des activités économiques et sociales normales. J’ai l’intime conviction que l’écrasante majorité de nos compatriotes des deux régions concernées aspirent à retrouver rapidement la paix au sein de la communauté nationale.

    Malheureusement, nombre d’entre eux, en raison de la menace que les sécessionnistes continuent de faire peser sur cette partie de notre pays, n’ont pu exercer leur droit de vote à la récente élection présidentielle et, donc, exprimer leur attachement à notre unité nationale. Je leur demande de ne pas perdre espoir et d’accorder tout le soutien possible à l’action des autorités en vue du rétablissement de la paix. Ils savent mieux que personne ce que serait leur existence sous le joug d’extrémistes qui font régner la terreur et la désolation dans leurs régions depuis quelques mois.

    A ces entrepreneurs de guerre, qui mettent à mal notre unité nationale et prônent la sécession, il faut qu’ils sachent qu’ils se heurteront non seulement à la rigueur de la loi, mais aussi à la détermination de nos forces de défense et de sécurité. Je leur lance un appel à déposer les armes et à retrouver le droit chemin. J’en appelle tout particulièrement aux jeunes qui se sont laissé entraîner dans une aventure sans lendemain.

    Il ne fait l’ombre d’aucun doute que le destin de nos compatriotes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest s’inscrit dans le cadre de notre République. Fort du soutien du peuple camerounais tout entier et persuadé qu’il existe une issue honorable, dans l’intérêt de tous, je ferai en sorte que le calme et la sérénité reviennent dans les deux régions concernées, dans le respect des institutions dont je suis le garant.

    M’adressant maintenant à mes jeunes compatriotes, je voudrais vous dire de ne pas perdre espoir, j’ai compris votre aspiration profonde à des changements qui vous ouvrent les portes de l’avenir et permettent votre plein épanouissement.

    J’ai tout aussi compris votre désir de mieux participer à la prise des décisions qui engagent l’avenir de notre pays. J’en tiendrai compte en ayant à l’esprit que le Cameroun de demain se fera avec vous.

    En étant uni, notre pays, fier de ses avancées démocratiques, économiques et sociales, s’engagera avec confiance dans le progrès et la modernité.

    C’est pourquoi je demande, ici et maintenant, au peuple camerounais dont je connais le patriotisme, de m’aider à continuer dans la paix l’œuvre de construction nationale.

    Vive la République ! Vive le Cameroun !

    Version Anglaise 

    • The President of the National Assembly,
    • The First-Vice President of the Senate,
    • The President of the Constitutional Council,
    • The First President of the Supreme Court,
    • Honourable Members of the Senate,
    • Honourable Members of the National Assembly,
    • Ladies and Gentlemen,
    • Dear Compatriots,

    Allow me, first of all, to thank the President of the National Assembly for his words of welcome and his encouragement as I begin this new term of office.

    I also wish, before you, once again, to thank the Cameroonian people for having renewed their trust in me. Such trust will represent an invaluable support to me in the discharge of the weighty responsibilities awaiting me in the years ahead.

    The oath I have just taken “before the people”, in accordance with the provisions of Article 7 of our Constitution, in the presence of their representatives, is of a highly symbolic significance on two counts:

    • it is an expression of absolute loyalty to the institutions of the Republic from which I cannot derogate; and
    • it is an irrevocable personal commitment to performing the duties of Head of State as set forth in our

    As in the past, these principles will guide my action in serving the Cameroonian people during the seven-year term of “Great Opportunities” beginning today.

     

    • Ladies and Gentlemen,

    Before outlining our prospects, I would like us to take a quick look back so that we can take stock of the present situation.

    The seven-year term that has just ended was not a bed of roses.

    Security wise, we first had to deal with repeated attacks by the terrorist group, Boko Haram, which spread terror and desolation in the far-north of our country. Together with our neighbours, and with the help of our traditional partners, we responded strongly. Our defence and security forces, to whom I once more pay tribute, chased the enemy out of our borders. The situation is now stable, but we remain vigilant and determined.

    Then, in the North-West and South-West Regions, negative forces thought they could take advantage of socio-professional grievances to try to roll out a secessionist agenda. This was followed by successive acts of terrorist violence to which the Government responded by taking the necessary measures to ensure public law and order, as well the safety of people and their property.

    It is obvious that the secessionist ambition undermines our Constitution which establishes the “indivisible” nature of our Republic.

    On the other hand, our population’s repeated desire to be more closely involved in the management of their local affairs prompted us to take necessary measures to fast-track the decentralization process.

    These priority tasks did not distract us from the need to work towards improving our economy, adversely impacted by the global economic and financial crisis, as well as falling commodity prices.

    To that end, we continued implementing our structural reforms and taking measures to improve our fiscal situation. Our “resilience” was hailed by the IMF with which we concluded, in 2017, an economic and financial

    programme backed by an “extended credit facility”. It is clear that these efforts account for our progressive return to growth.

    At the same time, while ensuring the sustainability of our external debt, we gave a fresh impetus to our major infrastructure projects regarding power generation, drinking water supply and road construction. This is evident in the many achievements recorded.

    Despite the adverse economic situation, many projects were initiated in the health, education and social services sectors. Unquestionably, considerable progress has been achieved in this regard.

    Furthermore, we pursued efforts to complete the building of our institutional and democratic edifice with the effective setting up of the Senate and the Constitutional Council.

    Against all odds, we have, thus, stayed the course towards emergence.

    This quick review, which is far from exhaustive, clearly shows that our country is undergoing transformation and that it is resolutely set on the path of progress.

    • Ladies and Gentlemen,

    Overall, during the seven-year term which is starting, we will strive to consolidate our achievements, while exploring new avenues that will enable us to make use of all the opportunities offered by an ever-changing world.

    In this light, we will naturally pursue our structural reforms to  consolidate our fiscal balance and bolster our debt sustainability. A healthy financial situation is a sine qua non for economic and, hence, investment attractiveness.

    In this regard, I would like to draw your attention to ongoing changes taking place on the world scene and which are bound to have an impact on our country.

    The decades-old rules which have governed globalization of trade are being challenged. Indeed, protectionist and even isolationist tendencies are

    gaining ground. These trends portray the obvious risk of a destabilizing effect on many countries, particularly developing countries like ours. We will increasingly suffer the effects of climate change which will impact the lives of our fellow citizens, notably rural dwellers.

    In this regard, I think it is worthwhile for us to strive to develop the sectors of our economy that could significantly reduce our imports of goods and services. Such policy will have the advantage of enabling us to balance our chronic trade deficit.

    Moreover, we will stage a veritable “agricultural revolution” by modernizing our production tools and further processing our agricultural products. This should be accompanied by the acquisition of new equipment and the construction of warehouses and access roads. Our status as breadbasket of Central Africa could thus be consolidated.

    There can be no modern economy without an efficient industrial sector. We have an Industrialization Master Plan that presents the outline and content of a major project in this area. Its implementation will be among the priority tasks to be performed during the seven-year term.

    Industry and agriculture require stable and sufficient power supply. We have been making significant efforts in this sector for some time now. The hydropower dams and plants that we have constructed should enable us, sooner or later, to fully meet the demands of our economy and our population’s energy needs.

    However, we will not stop at that. We will continue to exploit all the available sites and rivers in order to transform Cameroon into a major electricity producer on our continent. We will also pay attention to rural areas by progressively providing them with solar energy plants.

    Similarly, we will continue to develop our transport infrastructure (roads, ports, airports) to boost our economy and facilitate communication with our neighbours.

    Bearing in mind that the ultimate goal of democracy is to provide the greatest number of people with the best living conditions possible and real equal opportunities, I will continue to devote all my efforts to:

    • fostering economic growth that creates jobs, particularly for youths, and which can increase purchasing power;
    • promoting the role of women in our society;
    • facilitating the social integration of youths by further developing our educational system at all levels and focusing on professionalization;
    • fighting against exclusion, notably by providing better protection to persons with disabilities;
    • improving access to public drinking water and electricity utilities;
    • enhancing our health system by building new hospitals and finalizing an efficient social security system;
    • developing a worthwhile social housing policy;
    • developing our cultural heritage;
    • and, lastly, providing the sports sector with the support that it deserves, in the hope that the efforts that we have made to host AFCON 2019 will be rightly

     

    • Ladies and Gentlemen,

    The major challenges that must be met to ensure the emergence of our economy, which I have mentioned, and the commitments that I have made to improve the quality of life for Cameroonians, require, first of all, the creation of conditions conducive to stability and security. Rest assured that I will see to it that it so happens.

    The goal of achieving emergence must become a major national cause rallying all our fellow citizens in order transform Cameroon into a modern and socially advanced country.

    Public servants and private sector workers have a vital role to play in this regard. I am aware of their difficulties. I will take the necessary measures to improve their working conditions, in order to enable them  contribute more to our country’s progress.

    Before concluding, I want to stress that I deeply reflected over the frustrations and aspirations of the vast majority of our compatriots in the North-West and South-West Regions. A good number of these concerns and aspirations will be addressed as part of current efforts to accelerate the decentralization process. Measures will be taken as soon as possible to broaden the powers of local authorities in order to provide them with the means for greater autonomy.

    Bilingualism and multiculturalism will continue to be promoted by the commission set up to that end.

    These actions and others will be undertaken to resolve the many problems that are at the root of the frustrations and dissatisfaction that have been expressed in recent times. It is our hope that this will restore calm that is indispensable for a return to normalcy and usual economic activity. I am deeply convinced that the overwhelming majority of our compatriots in the two regions concerned aspire to a rapid return to peace within the national community.

    Unfortunately, as a result of the threats that the secessionists keep brandishing in this part of our country, many of them were unable to exercise their right to vote during the recent presidential election and thereby express their attachment to our national unity. I call on them not to lose hope and to lend all possible support to the action of the authorities aimed at restoring peace. They know, better than anyone, what their life would be like under the yoke of extremists who have been spreading terror and desolation in their regions for some months now.

    These war-mongers who are jeopardizing our national unity and preaching secession should know that they will face not only the full force of the law, but also the determination of our defence and security forces. I am calling on them to lay down their arms and get back on the right track. I am appealing particularly to youths who got involved in a futile adventure.

    I have no doubt whatsoever that the destiny of our compatriots in the North-West and South-West lies within our Republic. With the support of the Cameroonian people as a whole and convinced that there is an honourable way out in everyone’s interest, I will strive to restore peace and calm in the

    two regions concerned, with due respect for the institutions of which I am guarantor.

    Turning to my young compatriots now, I would like to ask you not to lose hope. I have understood your deep aspiration for change that will open the door to the future and enable your complete personal fulfilment. I have also understood your desire for greater participation in taking decisions that concern the destiny of our country. I will take this into account bearing in mind that tomorrow’s Cameroon will be built with your input.

    By staying united and proud of its democratic, economic and social advances, our country will confidently embrace progress and modernity.

    That is why, here and now, I am calling on the Cameroonian people, who I know to be patriotic, to help me to continue the task of nation-building in peace.

    Long-live the Republic! Long-live Cameroon!

     

  • Espionnage en Afrique : autre temps, autres mœurs, autres enjeux !

    Espionnage en Afrique : autre temps, autres mœurs, autres enjeux !

    Les années 1990, marquées par la fin de la guerre froide et la démocratisation des États sur le continent, ont renforcé le logiciel des services de renseignements. Celui-ci est essentiellement influencé par les suspicions complotistes des ordres gouvernants qui se nourrissent davantage des menaces à la quiétude de leur régime. Les opposants politiques, les missions diplomatiques, les journalistes, les chefs religieux, une certaine élite économique et une frange des hauts dignitaires de l’appareil politique au pouvoir sont tous scrutés à la loupe des « services de documentation ».

    Sous-traitance
    Sur le continent, efficacité chirurgicale dans la remontée d’informations et autosuffisance sécuritaire sont incompatibles. Drones de reconnaissance, notes d’analyse et de renseignement opérationnel, filature à l’étranger, coups d’État déjoués, authentification d’écoutes, etc. L’Afrique demeure dépendante du Big Brother de l’occident. La France, le Royaume-Uni, les États-Unis d’Amérique et désormais Israël, la Chine et la Russie se partagent le marché du renseignement en Afrique. Avec l’apparition de nouvelles menaces auxquelles font face les armées africaines notamment le terrorisme, le cordon ombilical est encore plus difficile à rompre. Et pourtant le Maroc, l’Algérie, l’Afrique du Sud et l’Égypte démontrent des avancées réelles dans le domaine. Ces pays sont également les plus avancés en matière d’intelligence économique et d’espionnage industriel.
    En Afrique, la mutualisation sécuritaire et l’échange de renseignements sont souvent le fait des réponses sécuritaires d’urgence. Généralement à l’initiative de l’ancienne métropole en sus.

    Échanger les informations autour du lac Tchad et combattre Boko Haram s’est fait sous proposition et accompagnement français. Le Niger, le Mali, le Burkina Faso, le Tchad, le Soudan, l’Algérie, le Sénégal vont mutualiser leurs services d’intelligence du fait de la déstabilisation de la région saharo-sahélienne. L’Onu, la France et les États-Unis ont réussi à leur faire entendre raison alors que tous s’accordaient à dire que l’assassinat du guide libyen et la fragilisation de la Libye étaient une poudrière.

    Suppléants
    Pour lutter contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest, le Sénégal a un forum international pour la paix soutenu par la France. La Cote d’ivoire peaufine, de son côté, l’ouverture d’une école à vocation régionale. Le ministre français des Affaires étrangères a matérialisé le satisfécit de l’accompagnement français. Dans la région, les États unis, grâce aux photos satellites, permettent de mettre la lumière sur les jeux troubles de certaines puissances.

    Le défaut de confiance entre les États africains est ancien. Depuis la guerre froide, les États n’ont jamais oublié qu’ils ont parfois servi de services supplétifs ou de satellites pour les puissances occidentales. Le Burkina Faso au Libéria, le Rwanda au Congo, l’Ouganda au Rwanda, le Gabon et le Mali au Cameroun, le Tchad en RCA et ainsi de suite. Cette situation a connu peu d’évolutions.

    Comment comprendre le mécontentement populaire des Centrafricains contre les forces tchadiennes ? Ou plutôt leur empressement à porter secours au Mali ? En relations internationales, la théorie de trois est essentielle. Pour service rendu à un allié occidental en Afrique, on est doublement récompensé. À la fois par le Chef d’État frère à qui on a porté secours et par l’ami français à qui on a apporté un coup de main ! De quelle indépendance parlons-nous sur les chaines étrangères lorsque les services secrets étrangers ont des listes de Chefs d’État « chouchous », « amis », « avenant » et « non grata » !

    Mutation ?
    Autre temps, autres mœurs, autres enjeux ! Potentielle puissance démographique, puissance énergétique latente et potentiel grenier mondial, l’Afrique aphone à l’international a d’autres enjeux. Elle doit infléchir le rapport de force mondial actuel et réussir le défi de la satisfaction de ses populations. Le défi de l’Afrique, c’est de muter de l’espionnage politique vers l’intelligence économique ? Ces deux modes de renseignements opérationnels ne s’opposent aucunement. Et la réponse est dans l’implémentation d’une interdépendance d’intelligence.

    Zacharie Roger Mbarga

  • 03 milliards de francs CFA

    03 milliards de francs CFA

     

    Selon la Banque mondiale (BM), c’est la valeur globale du bétail volé par les membres de la secte islamiste nigériane Boko Haram, dans la région de l’Extrême-Nord, depuis 2013. Ce chiffre est contenu dans le rapport intitulé «briser les obstacles au commerce agricole régional en Afrique centrale», récemment publié par l’institution de Bretton Woods. Cette dernière estime que sur une période de 5 ans, environ 17 000 têtes de bovins et des milliers d’ovins et de caprins, ont été emportés par des membres de cette secte islamiste, au cours de leurs attaques meurtrières dans les villages de la région de la région. La BM relève que cette estimation n’est que partielle. Tant il est vrai, appuie-t-elle, que les exactions de Boko Haram sur le secteur de l’élevage ne se sont pas limitées aux vols du bétail. Les attaques ont également eu des effets néfastes sur le fonctionnement des marchés du bétail, la prise en charge sanitaire des bêtes, ou encore le fonctionnement de l’activité d’élevage dans son ensemble.

     

     

  • Le prix de la quiétude en Afrique centrale

    Le prix de la quiétude en Afrique centrale

    Dans le numéro 50 de son bulletin trimestriel « Interface», le bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale (Brenuac/Unoca) présente ses options pour la paix en Afrique centrale.

    François Lounceny Fall, Chef de l’UNOCA

    Ces options ont pour la plupart été diffusées entre avril et juillet 2018. En Afrique centrale, l’insécurité est alimentée par les crises sociopolitiques. En matière de paix, l’Unoca recommande ainsi la formalisation des dialogues inclusifs devant déboucher sur des accords politiques. François LouncényFall, chef de l’Unoca, invite les dirigeants de pays à « placer l’intérêt général au-dessus de toute autre considération et à faire le choix d’un dialogue inclusif et de bonne foi pour résoudre leurs différends et tracer une voie pacifique pour leurs nations respectives».

    Pour ce qui est de la sécurité, face aux répercussions des fléaux de l’extrémisme violent, en particulier Boko Haram, l’Unoca interpelle les Etats membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale sur l’intérêt de l’accélération du processus de mise en œuvre de la stratégie régionale de lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes légères et de petit calibre adoptée en novembre 2015 à Libreville (Gabon).

    Activités

    En séjour à Bangui en mai, le chef de l’Unoca a réitéré la détermination des Nations unies à continuer d’œuvrer, aux côtés des autres partenaires du pays, pour le retour d’une paix durable en République Centrafricaine. Il en a profité pour saluer les initiatives du Cardinal Nzapalainga en appui au processus de paix. A N’Djamena, du 17 au 19 avril 2018, LouncényFall s’est entretenu avec le président Idriss Deby Itno sur la situation locale et sous-régionale. Les résultats du Forum national sur les réformes institutionnelles, la crise du bassin du lac Tchad et les menaces transfrontalières du groupe terroriste Boko Haram étaient au centre de leurs échanges.

    Suzanne Bilo’o (stagiaire)

  • Afrique centrale : Réchauffement climatique, une autre entrave à la productivité

    Afrique centrale : Réchauffement climatique, une autre entrave à la productivité

     

    Selon une étude britannique, la force de production et l’énergie électrique sont très exposées au stress thermique. 

    Le dérèglement climatique a un coût humain, un coût social mais aussi un coût économique. L’Afrique centrale sera bientôt sous le diktat économique des vagues de chaleur. En raison de sa dépendance aux exportations de matières premières, agricoles et extractives, la région court le risque de voir le stress thermique influencer le coût de production de ses entreprises.
    Le secteur des matières premières représente près de 75% de la rentabilité économique de la région. Il emploie une forte main d’œuvre. Or, la hausse des températures et la multiplication des épisodes caniculaire vont faire chuter la productivité et renchérir les coûts. Plus il fait chaud et plus le travail est ralenti.

    A cela s’ajoutent les besoins en climatisation qui vont eux aussi peser sur la facture d’électricité. Tel est le scénario de l’Afrique centrale à l’horizon 2045 tel définit dans l’étude «Heat stress: Threatens to undermine export economiesand disrupt global supplychain» du cabinet britanique Verisk Maplecroft.

    «Le stress thermique peut réduire la productivité des travailleurs en provoquant la déshydratation et la fatigue, ce qui entraîne un ralentissement du travail et, dans des cas extrêmes, la mort» prévient l’étude du cabinet Verisk Maplecroft. Les pertes de capacité de main-d’œuvre dues au stress thermique sont plus importantes dans les secteurs à plus forte intensité de travail renchérissent les deux auteurs.

    Energie

    Au regard de la demande en énergie issue du réchauffement, les entreprises de la région seront confrontées à des coûts d’exploitation en constante augmentation et à des risques plus élevés de pannes de courant. D’après les deux auteurs de l’étude Alice Newman et Richard Hewston, les pays de la région perdent en moyenne 20 % de l’électricité produite lors de la transmission et de la distribution.

    Tandis que les entreprises sont confrontées à une moyenne de huit pannes par mois. À ce jour, seulement 76 % de la population urbaine en Afrique a accès à l’électricité, indique VeriskMaplecroft.

    En 2016, la consommation mondiale d’énergie pour le refroidissement s’élevait à un peu plus de 2 000 térawattheures (TWh), et ce chiffre devrait tripler d’ici 2050.

    Pour la société de conseil, même si les gouvernements prennent des mesures pour renforcer le secteur de l’énergie, il est peu probable que l’augmentation de la capacité de production d’électricité suive le rythme d’augmentation de la demande.
    Le cabinet fait observer que seuls les pays où les activités de services sont dominantes devraient être les moins affectés. Face à cette perspective, «des mesures d’adaptation, sont envisageables. Mais elles vont forcément faire grimper les coûts de production». Les auteurs du rapport recommandent d’adapter et d’améliorer également la législation du travail.

    Zacharie Roger Mbarga 

    En 2045, l’Afrique centrale pourrait voir les exportations baisser de 7,9%. La prédiction est du cabinet britannique Verisk Maplecroft, spécialisé dans l’analyse du risque, la recherche et la prévision stratégique. Elle est contenue dans une étude intitulée «Heat stress : Threatens to undermine export economies and disrupt global supplychain» publié le 02 août dernier. Ses auteurs Alice Newman et Richard Hewston, tentent d’établir que le réchauffement climatique va réduire la productivité des travailleurs et impacter négativement le secteur énergétique. Précisément, l’étude tend à démontrer que le stress thermique pourrait ralentir la capacité de la main-d’œuvre. Tandis que la régularité de la hausse des températures et des vagues de chaleur va entraîner une augmentation continue de la demande d’énergie électrique. Au cours des prochaines décennies, soutient l’étude, le besoin de climatisation, dans les zones urbaines, sera doublement voire triplement supérieur. Ce qui posera le problème de la capacité de satisfaction des besoins en électricité. Ces deux problèmes impacteraient alors la production et par ricochet les exportations des pays de la sous-région. Les secteurs des industries extractives (près 88 % des exportations) et de l’agriculture (près de 15%) sont les plus exposés. S’agirait-il d’une analyse nouvelle d’englobement en faveur de l’industrie de l’économie verte ? Eléments de réponse. 

     

    Focus sur les secteurs vulnérables 

    Selon l’étude réalisée du cabinet Verisk Maplecroft, les importations identifiées comme les plus vulnérables au stress thermique en Afrique centrale sont issues du secteur agricole et de l’industrie extractive. Pour les auteurs, l’agriculture (agriculture, foresterie et pêche) et les activités d’extraction (mines et hydrocarbures) sont ainsi exposées du fait de leur dépendance à la température et surtout de l’intensité de travail exigé.

    Agriculture

    L’impact de la hausse des températures sur le secteur agricole se fera à travers la perturbation du calendrier agricole et le durcissement des conditions de travail du fait du stress thermique. Les agriculteurs seront confrontés à des pics de chaleurs agressifs qui vont rendre difficile le travail physique et modifier l’équilibre de la nature. Il faudra s’attendre, selon l’étude, à des vents violents, des poches de sécheresse et des pluies diluviennes en saison pluvieuse.

    L’agriculture demeure le secteur le plus important de l’économie des pays de l’Afrique centrale avec plus de la moitié de la population impliquée. Elle contribue à près de 30% au moins du produit national brut des pays. Mais cette agriculture est essentiellement de subsistance et dépend fortement des précipitations pour l’approvisionnement en eau des cultures. Elle est donc très vulnérable aux changements climatiques, à la perturbation des saisons et à la modification du régime de distribution des précipitations. Avec le réchauffement, il faut prévenir une évaporation plus marquée, des pertes avant et après les récoltes dues aux prolongements ou raccourcissements des saisons de pluies.

    Secteur extractif

    Les auteurs de l’étude du cabinet VeriskMaplecroft sont formels : les industries extractives de l’Afrique centrale vont sérieusement accuser le coup du réchauffement climatique. Le secteur extractif est central pour les économies d’Afrique centrale, où il compte pour près de 88 % de la valeur totale des exportations. L’Angola et le Gabon contribuent à plus de la moitié des ventes menacées du secteur. Le pétrole seul représente respectivement 95% et 80% de leurs exportations totales, la prise en compte des risques que pose le stress thermique pour la capacité de travail sera déterminante pour l’avenir de ces économies.

    Les effets suivants, occasionnés par la hausse des températures, vont impacter l’industrie extractive : la perturbation de la production de l’électricité (réduction du volume des eaux de surface et des eaux souterraines, hausse des températures et de l’humidité entraînant une diminution de l’efficacité de la conversion thermique, hausse de la température et baisse en volume des eaux de refroidissement), la baisse de la productivité de la main-d’œuvre, la destruction des infrastructures de transport (routes en asphalte, plateformes ferroviaires) du fait des fortes précipitations. Ainsi, le stress thermique pourrait occasionner une augmentation des frais d’exploitation, de transport et de démantèlements liés aux activités extractives.

    Zacharie Roger Mbarga 

     

    ‘’La lutte contre le changement climatique est instrumentalisée’’ 

    Caleb Nsalambi 

    L’Africain devrait se départir de la naïveté et de l’angélisme avec lesquels il aborde la scène internationale et s’acheter une conscience géopolitique 

    Le diplomate congolais (RDC) est spécialiste de la géopolitique des changements climatiques. Il éclaire sur les enjeux de ce phénomène.

    Une étude d’un cabinet britannique analyse l’impact de la hausse des chaleurs pour les économies d’Afrique centrale. Quelle différence peut-on faire entre changement climatique et réchauffement climatique ?
    Au regard des conclusions de cette étude, nous nous apercevons, sans entraves qu’il y a sur cette liste peu envieuse, deux pays de l’Afrique centrale dont l’un, notamment le Tchad, paie déjà une lourde facture de contrecoups liés au réchauffement global, avec l’amenuisement exponentiel de la surface jadis couverte par son lac éponyme qui en ce jour a déjà perdu jusqu’à 80 % de sa superficie d’antan. C’est dire toute l’ampleur du changement climatique qu’il ne faudrait pas confondre au réchauffement climatique qui n’en est qu’un élément constitutif, si l’on considère les autres éléments qui sont le vent, les saisons, les précipitations.

    En effet, la Convention-cadre des Nations-unies sur le changement climatique définit ce dernier concept comme étant « des changements du climat qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l’atmosphère mondiale et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours des périodes comparables». Par ailleurs, le réchauffement climatique ou réchauffement global en est une des manifestations. Il faut y joindre la hausse du niveau des mers et de son degré de salinité qui impacte sur l’écosystème maritime, le stress hydrique, le stress thermique, la perte de la biodiversité et la dégradation de l’écosystème, la sécheresse et la désertification, les impacts démographiques occasionnés par les migrations dû aux changements climatiques et les éventuels conflits qui peuvent en découler.

    C’est malencontreusement le paradoxe du changement climatique qui n’obéit pas à la règle qui voudrait que l’auteur d’un dommage en assume les conséquences, car l’Afrique, sans être un grand émetteur de gaz à effet de serre (à peine 5% des émissions mondiales des gaz à effet de serre), paie un lourd tribut à cette catastrophe programmée.

    Pour l’Afrique centrale, quelles peuvent être les répercussions socio-économiques de la situation décrite ?
    Si l’Afrique n’est qu’un faible émetteur des gaz à effet de serre, le hasard géographique a voulu qu’elle soit le continent le plus affecté par les conséquences du changement climatique. Il y aurait dont une géopolitique des émissions qui n’obéit pas à la logique géographique mondiale. Ces conséquences sont diverses et variées en Afrique centrale, notamment le secteur agricole et le secteur minier en seront sérieusement impactés, sans oublier le secteur forestier qui s’avère être à la fois un secteur émetteur et réducteur, la forêt étant un puits de carbone conséquent.

    La hausse des températures occasionnant la sécheresse et la perturbation du cycle des saisons et partant, de la régularité des pluies, réduira les récoltes en quantité et en qualité. Un état des faits qui cause des situations de famine dans un continent qui a du mal à se hisser au rang de ceux qui ont atteint l’autosuffisance alimentaire. En ce jour, plus de 200 millions d’africains souffrent de la famine liée à la hausse généralisée des températures, un chiffre qui représente le sixième de la population du continent.

    Même si le terme «réfugié climatique» ou «réfugié environnemental» tarde à se trouver une autonomie scientifique, faute d’une définition appropriée, le changement climatique oblige de revoir le lexique des migrations internationales, en adoptant le vocable générique de «migrant climatique». Le réchauffement global ramène certains groupes humains à un mode de vie primitif de nomadisme, à la recherche de subsistance pour eux et pour leurs troupeaux. On observe depuis quelques années, en RDC, l’afflux des réfugiés d’un autre genre, venu du Sud-Soudan menacé par la sécheresse. Un scénario similaire se vit dans les régions frontalières au Lac Tchad où un nombre important des populations riveraines s’est jeté sur la route de l’exode pour se mettre à l’abri de la misère.

    Le changement climatique fait craindre des accès de violence dans certaines zones géographiques en raison de la conjonction de plusieurs facteurs, entre autres la désertification, la dégradation du sol et l’irrégularité des précipitations… à cet égard, on est en droit d’appréhender la perspective de la raréfaction des ressources naturelles suite à la mise en compétition d’une population dont l’accroissement exponentiel subite affectera la possibilité de la satisfaction de tous. L’instabilité sécuritaire dans la région du Lac Tchad est édifiante dans la mesure où les populations qui vivaient jadis des activités en lien avec le lac, se sont vu du jour au lendemain au chômage et sans ressources, à la merci des recruteurs des terroristes de Boko-Haram.

    Bien qu’il soit difficile de démêler les causes politico-économiques, la guerre du Darfour a des origines climatiques. Ban Ki-Moon alors secrétaire général des Nations unies, a repris cet argumentaire dans un célèbre éditorial paru dans les colonnes du Washington Post en 2007, en déclarant que : « le conflit du Darfour avait aussi commencé par une crise écologique dont l’origine (tout au moins partielle) était à chercher dans le changement climatique». Le changement climatique s’avère donc être un catalyseur de conflit.

    Le changement climatique va considérablement accroître le nombre de victimes de la malnutrition. Il va aussi augmenter la prolifération des agents vecteurs des maladies tropicales telle que la dengue et le paludisme, qui selon les estimations de l’OMS déciment 25 personnes par minute en Afrique.

    Face aux analyses apocalyptiques sur l’accélération de la modification du climat, certaines voix crient à l’arnaque. Y a-t-il un agenda géopolitique et géoéconomique du changement et du réchauffement climatique ?
    C’est tout l’intérêt du débat suscité par les climatosceptiques, qui par ailleurs ne constituent pas une bande d’écervelés insouciant du sort de la planète mais parmi lesquels on peut compter des érudits dissidents du GIEC, autour de l’hypothèse d’un changement climatique dû aux émissions anthropiques. Le président Trump en est aujourd’hui l’égérie en initiant le retrait des USA de l’Accord de Paris de 2015.

    Il y a d’une part, les capitalistes libéraux que l’on peut qualifier de classique. Ces scientifiques qui soutiennent mordicus que la Planète bleue a toujours connu, depuis le bigbang, d’interminables cycles de réchauffement et de refroidissement, comme l’a démontré la théorie du «cycle de Milancovitch». Par conséquent, il ne servirait à rien de chambouler l’ordre du commerce international en modifiant le rythme et la nature de l’exploitation des ressources naturelles dont regorge la planète, moins encore de s’alarmer en ce qui concerne l’exploitation des énergies fossiles (Pétrole, charbon…) pour nourrir les appétits voraces exacerbées par la mondialisation.

    D’autre part, il y a le courant écologiste qu’il ne faut pas confondre aux écologues. Ce système, tout aussi prédateur que le précédent, se pare des apparences philanthropes pour défendre la pérennité de la Terre en prônant un modèle alternatif de la consommation des matières premières dites écologiques. Ainsi est inaugurée l’ère dite du «totalitarisme vert» que dénonce Claude Allègre. Christian Gerondeau dénonce dans «L’écologie, la grande arnaque» un construit qui consiste, non pas dans les causes anthropiques du réchauffement global, mais dans le système international de lutte contre le changement climatique, qui ne vise aucun autre but que de maintenir les équilibres Nord-Sud. On peut leur reprocher beaucoup de choses, mais il faut avouer que la voix dissonante et dérangeante des thèses climatosceptiques élargit le débat et brise le glacis de la pensée unique construit par les écologistes.

    Au regard de ce qui précède, on peut noter avec Philippe Lepestre que la lutte contre le changement climatique est instrumentalisée comme un élément régulateur des rapports Nord-Sud. Yves Paul Mandjem pour sa part, dénonce le caractère prédateur et hégémonique de ce système qui n’ambitionne que «le contrôle des matières premières et des ressources naturelles». C’est là le nœud du problème. Il faut passer derrière l’écran de fumer pour comprendre qu’au-delà des prétentions environnementales se cachent des prétentions politiques et économiques.

    Que peut faire l’Afrique en général et l’Afrique centrale en particulier pour éviter le piège supposé ou réel de la hausse des températures ?
    Pendant que l’occident se pense et repense le monde, l’Afrique se contente de vivre par procuration. L’africain devrait se départir de la naïveté et de l’angélisme avec lesquels il aborde la scène internationale et s’acheter une conscience géopolitique. Je dis bien s’acheter une conscience géopolitique, car cela nécessite beaucoup de courage face aux rapports des forces en présence dans l’arène internationale, de la subtilité et de l’argent pour former ses ressources humaines et se mettre au diapason des nouveaux défis contemporains.

    Sur l’échiquier mondial, soit on est au menu, soit on est à table. Dès lors, il est convenable de se positionner comme un acteur pertinent des mutations que connaissent notre monde au risque de demeurer inexorablement dans un statut d’enjeu. Ce n’est qu’au prix de ces efforts que l’Afrique pourrait devenir un interlocuteur sérieux de la scène internationale.

    Le plus grand drame de l’Afrique ne réside pas dans la pauvreté matérielle, mais dans son marasme spirituel et culturel qu’il entretient depuis des lustres. Vous vous demanderez certainement que vient faire la spiritualité dans une affaire de climat ? Vous me comprendrez dans la suite. Tenez par exemple : lorsqu’il a été demandé aux pays africains de produire, en prélude de la vingt-et-unième Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, leurs contributions prévues, déterminées au niveau nationale (CPDN), grand nombre des pays africains n’étaient pas prêts à fournir ce document jusqu’à quelques mois de la tenue de la Conférence de Paris.

    Fort de ce constat, il leur a été proposé des cabinets d’experts, pour la plupart français pour raffistoler à la hâte un document complet. Cette situation ponctuelle qui illustre la propension compulsive de l’africain à consommer les émissions exogènes de la pensée met en exergue la fascination que nous avons pour toutes productions exotiques, avec pour paramètre multiplicateur, l’aversion d’aller puiser dans nos cultures qui pourtant ont des solutions substantielles au changement climatique. La pensée est la première chose que l’Afrique devrait reprendre en son compte, si elle veut tenir son rang dans l’espace international.

    Interview réalisée par
    Zacharie Roger Mbarga

     

  • Guerre contre Boko Haram : Quand Jacob Kodji s’alarmait sur des vidéos tournées au front

    Guerre contre Boko Haram : Quand Jacob Kodji s’alarmait sur des vidéos tournées au front

    En novembre 2016, le défunt général révélait aux journalistes que l’enjeu n’en est pas moins, à titre principal, de fournir de la matière aux Organisations non gouvernementales, aux amis et aux familles. 

    Des soldats camerounais en action

    De son vivant, il était l’ami de la presse. Avec elle, le général Jacob Kodji pouvait, sur un ton blagueur, partager quelques potins du front contre Boko Haram à l’Extrême-nord. Devisant allègrement avec des journalistes commis pour un voyage de presse à travers les postes de combat de la 4ème région militaire interarmées (4ème RMIA), le défunt commandant de cette unité disait faire face à un problème : l’usage du téléphone par les soldats lors des opérations sensibles. Nous sommes à Maroua, le 17 novembre 2016, au réfectoire de l’état-major de la 4ème RMIA.

    «Pour le meilleur et pour le pire»

    Ici, les hommes de médias se délectent de l’étude commise personnellement par le général de brigade au milieu de ses éléments. Troublé par la récurrence des attaques surprises de Boko Haram, le haut-gradé dit en avoir identifié l’une des causes: «le téléphone androïd», avance-t-il. Last but not the least, cet instrument est presque devenu une extension corporelle de certains. «Il est vissé à leurs mains, toujours prêtes à retweeter, à liker, à partager ou répondre à tout moment à toute sollicitation. Et au front, il est à l’origine du meilleur tout comme du pire».

    S’attardant surtout sur le pire, l’officier général dit comprendre, en bonne partie, certains revers essuyés par ses hommes. «Quand un soldat manipule, en moyenne, son téléphone 200 fois en deux heures de garde, il ne peut être que surpris par l’ennemi parce qu’il est distrait», fait-il observer, avant de décrire les facettes de l’usage du téléphone par ses éléments. Aux dires de l’officier supérieur, celles-ci se déclinent en «des tournages vidéos destinées soit aux ONG des droits de l’Homme, soit aux amis ou à la famille et même à certains médias». Jacob Kodji ne manque pas de signaler que lors des opérations d’envergure, cela est devenu aussi banal qu’addictif dans les rangs. «Parce que paraît-il, beaucoup d’argent circulerait», achève-t-il.

    Sonnette d’alarme

    Capitalisant sur les indices glanés partout au front contre Boko Haram à l’Extrême-nord, l’homme entreprend de faire des rapports directs au chef de l’Etat sur l’évolution, l’état des lieux et la véritable situation de la guerre, avec une bonne rubrique consacrée à l’utilisation du téléphone. «Pendant que nous prenons nos jumelles pour contrôler les mouvements de l’ennemi, certains parmi nos éléments au front introduisent au sein de l’opinion des éléments fortuits, dévastateurs des efforts déployés par leurs camarades. Il s’agit notamment des documents audiovisuels tournés à l’aide de téléphones portables, et qui mettent parfois à découvert les stratégies militaires», brandit Jacob Kodji, en guise de résumé à l’une de ses correspondances à Paul Biya.

    Secret défense oblige, le chef militaire se veut pudique. Mais, il assume ces convictions: «quand vous voyez une vidéo indiquant des manœuvres militaires circuler sur les réseaux sociaux, cela vient bien de nos propres «réalisateurs» et non de personne d’autre». En clair, «ces vidéos sont le plus souvent réalisées par les militaires eux-mêmes», selon International Crisis group dans son rapport d’août 2018. Eclairage de plus pour identifier qui fournit de «précieux détails» aux ONG.

    Repris par la chaîne TV5 info en début août courant, le propos de Nicholas Bequelin, au sujet d’une vidéo effroyable montrant des soldats camerounais exécuter deux femmes non armées, le confirme en tout cas. «C’est une opération militaire de représailles contre les populations civiles suite à une attaque de Boko Haram contre les militaires en décembre 2014. En janvier 2015, les militaires camerounais arrivent dans ce village pour des représailles», brandit le directeur régional d’Amnesty International.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Extrême-nord du Cameroun: Aux sources de l’extrémisme

    Extrême-nord du Cameroun: Aux sources de l’extrémisme

    De l’avis des observateurs, des données de terrain juxtaposent plusieurs éléments de réponse. 

    Photo de famille à l’ouverture des travaux

    Evidence partagée et mise en exergue à Maroua du 24 au 25 juillet 2018: «la place centrale de l’individu dans la spirale de la violence est souvent oubliée et les réponses apportées pour le protéger sont, jusqu’ici, bien éloignées de cet objectif humanitaire». Dr Sévérin Tchetchoua Tchokonte se montre assertif parce qu’il a mené des travaux scientifiques dans plusieurs localités de la région de l’Extrême-nord réceptives aux messages de Boko Haram. Les conclusions du politologue camerounais débouchent sur l’idée selon laquelle «les décideurs ne prennent pas en compte des hommes». L’expert va plus loin: «on les regarde juste comme des monstres», fait-il observer.

    A elle seule, cette analyse résume le lien entre les racines de la montée de l’extrémisme et le contexte sécuritaire décrié il y a environ cinq ans. Le Pr Anatole Fogou, chercheur associé au Ceides, pointe un doigt accusateur sur la négligence (volontaire ou non) de plusieurs variables. Celles-ci, indique- t-il, sont politiques, sociales, économiques et humaines. Les détails qu’énumère ce spécialiste sont, de son point de vue, plus ou moins interconnectés. Ils vont de la gouvernance exclusive au désœuvrement de la jeunesse, en passant par la pauvreté multifactorielle, la démographie galopante, les trafics d’armes et de la drogue, les conflits communautaires et une sécurité physique des populations mise à rude épreuve.

    Egoïsme et passivité

    L’affirmation affichant la religion comme facteur exclusif d’explication est même est balayée. «L’engagement au sein des groupes extrémistes n’est que rarement motivé par la religion, mais bien plus par les logiques de protection ou des raisons économiques», tranche Gustave Gaye, spécialiste de la violence et des conflits en situation de pauvreté. Afin d’engager une meilleure appropriation de cet avis, le Pr Issa Saibou établit que «les multiples négligences de l’Etat (politiques économiques défectueuses, zones abandonnées, programmes de santé et d’éducation sans impact sur la population, indifférence face aux questions de migrations etc.) et la sous- utilisation générale des populations dans la mise en place de la politique de prévention, ne militent pas en faveur de la résilience».

    Sous les mots, se lisent les conséquences de l’égoïsme des institutions et de leur passivité. Sur ce chapitre, les participants aux travaux de Maroua citent l’exemple du regard plus ou moins attentionné des autorités sur des organisations de la société civile. «On aurait dû s’en méfier», regrette le directeur de l’Ecole normale supérieure de Maroua. S’inspirant de ses expériences personnelles sur le terrain, il révèle qu’à certains endroits à l’Extrême-nord, la société civile est considérée comme une planète diffuse, dispersée. «Elle est mal coordonnée, très politisée et parfois financée de l’extérieur pour des objectifs pas toujours nobles», situe le Pr Adder Abel Gwoda, politologue à l’université de Maroua.

    Jean-René Meva’a Amougou,

    envoyé spécial à Maroua

    L’extrémisme violent. Voilà l’un des fléaux auxquels l’Afrique fait face depuis quelque temps. Cette vérité emporté dans la spirale transformative des mentalités. Çà et là, elle a tout d’exhaustif: montée des groupes armés, contestation à la pelle, fort coefficient des indicateurs délictuels, des jeunes biberonnés à l’école de pernicieux mouvements politiques ou religieux, tueries etc. Selon ce descriptif, les idéologies structurées autour d’une Afrique mal partie trouvent justification. Surtout que, plus que par le passé, la paix, les droits de l’Homme et le développement sont sérieusement menacés.
    Selon les experts, les réponses exclusivement sécuritaires ne suffisent plus. C’est le crédo que chantent les Nations unies dans le Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent adopté le 24 décembre 2015. Ce crédo, le Centre africain d’études internationales, diplomatiques, économiques et stratégiques (Ceides) le reprend. En collaboration avec des organismes partenaires, ce think tank basé à Yaoundé ouvre une nouvelle brèche sur le thème de l’anticipation.
    A Maroua (Extrême-nord du Cameroun) dignitaires religieux, autorités administratives et militaires, activistes de la société civile, leaders des mouvements associatifs, spécialistes des questions de défense et de sécurité ont discuté pendant deux jours et élaboré des recommandations sur des sujets corrélés à l’approche préventive de l’extrémisme violent. Sous la forme d’un dialogue participatif, le curseur des travaux est resté sur l’Extrême-nord du Cameroun et son pourtour: état des lieux, défis, opportunités et perspectives d’une synergie d’action. Des sujets auxquels se penche le présent dossier.

     

    Le canon et la matraque ne suffisent pas

    Loin de réduire les offensives des extrémistes, leur usage exclusif est davantage contre productif.

    A l’Extrême- nord du Cameroun, pas un pas sans militaire. Poussé par l’épopée sanglante et meurtrière où Boko Haram dictait sa loi, le gouvernement camerounais a le doigt sur la gâchette depuis près de cinq ans. «C’est surtout le visage asymétrique d’une guerre imposée à notre pays qui a forcé l’usage du canon et de la matraque», se défend l’état-major de la région militaire interarmées numéro 4 (RMIA 4). «L’urgence et l’ampleur meurtrière justifient donc clairement l’orientation purement militaire des efforts d’éradication de la secte djihadiste nigériane», appuie Yadju Mana, enseignant à l’université de Maroua et chercheur au Ceides. A l’en croire, seules des réponses musclées ont été apportées à la précarité de la situation sécuritaire dans la région. Avec à la clé la mise sur pied d’une unité multinationale, épaulée par un corps d’élite décliné en Bataillon d’intervention rapide (Bir).

    En dépit de ses multiples atouts, cette approche au profil local, régional ou continental a montré ses limites. C’est en tout cas ce que constatent les participants à la rencontre de Maroua. Ils relèvent que si les forces de défense et de sécurité sont des acteurs essentiels de la stabilisation face à la violence armée, leur comportement est parfois source de problèmes, notamment lorsque leur déploiement s’accompagne d’exactions. Car, sur le terrain, les bidasses sont parfois confrontés à des défis auxquels ils ne sont pas préparés.

    Changement de stratégie
    Et parce qu’on ne combat pas les idéologies avec les fusils, mais avec de meilleures idées, l’heure est venue de penser une vision plus attrayante et convaincante. Pour opérationnaliser une telle vision, les forces de défense doivent, en plus de jouer leur rôle classique, s’adjoindre celui de la prévention. «Elles sont appelées à participer à la construction d’un jeu collectif car les effets synergiques de celui-ci constituent à n’en point douter un précieux atout dans la prévention», avance Abdoul Nasser, enseignant à l’université de Maroua. Il ajoute: «les armées sur le terrain doivent pour cela déployer une stratégie d’influence pour orienter l’échiquier psycho- cognitif de la région et non travailler à être uniquement des bourreaux».

    Sur cette ligne, Paul Haman, sénateur SDF de la région de l’Adamaoua suggère une coopération civilo-militaire. Celle-ci, souligne- t-il, passe par la formalisation des services de communication dans des unités présentes dans la région de l’Extrême-nord et son pourtour. Selon le parlementaire, en sus, des actions communautaires d’intérêt social doivent être menées par l’armée afin de renforcer sa notoriété et entretenir des relations paisibles avec les populations.

    Enjeu

    Le plus évident est la déconstruction de la méfiance des populations vis-à-vis des armées sur le terrain. «C’est cette méfiance qui favorise la reproduction de la radicalisation dans le temps», croit savoir Marthe Wandou, coordinatrice d’Alepa. Sur la foi des enquêtes menées par cette ONG locale, les abus de diverses natures sont le lot quotidien des populations. «Les militaires pensent que leurs armes sont des passe- droits utilisables à tort ou à raison», s’insurge l’activiste. Bien que la véhémence de son propos soit modérée par l’énumération d’une foule d’actes militaires positifs, Marthe Wandou insiste sur une «armée sociétale à la base». En filigrane de ce point de vue, il y a surtout «l’appel» lancé en direction des forces de défense à sortir de leur rigidité.

    Jean-René Meva’a Amougou

     

    ‘’Il n’y a pas de nouvelle menace, mais de menace renouvelée’’ 

    Pr Issa Saibou

    La plupart des menaces n’ont pas été résolues ou gérées de façon pertinente 

    L’historien a fait des questions de sécurité sa tasse de thé. Sa connaissance du sujet lui vaut d’ailleurs de conduire des expertises pour le compte des Nations unies, de la CEEAC, et de diverses organisations humanitaires. L’enseignant d’université livre quelques grilles de lecture des schémas de prévention de l’extrémisme violent dans l’Extrême-nord du Cameroun.

    On vous a entendu parler du renouvellement des menaces sécuritaires. Vous en avez d’ailleurs fait la ligne directrice de votre exposé. Alors, que comprendre de la différence que vous avez tenue à souligner ?
    C’est toujours un grand honneur de parler, en tant que personne ressource, dans la pléthore des spécialistes qui travaillent sur les phénomènes de violences et des menaces sécuritaires. Il faut dire que ces phénomènes sont tellement mouvants que, ce que l’on pense tenir pour acquis épistémologique, ce que l’on pense avoir épuisé la semaine précédente, se retrouve modifié par d’autres événements survenus le lendemain. Et du coup, on est pris dans la confusion. Laquelle confusion donne l’impression que ce sont des événements nouveaux alors que ce sont des événements renouvelés. Alors de mon point de vue, il n’y a pas de nouvelles menaces mais de menaces renouvelées.

    Vous parlez de confusion. Concrètement, à quoi est- elle due?
    Elle est à lier avec la convertibilité des acteurs. C’est ce qui donne l’impression de quelque chose de nouveau alors que ce sont les mêmes acteurs qui signent leur retour simplement en changeant de mode opératoire. Voilà le premier élément d’explication. Le second est à chercher dans les dynamiques de gestion des menaces. La plupart d’entre elles n’ont pas été résolues ou gérées de façon pertinente ou du moins posée. Tout est élaboré comme devant porter sur la réponse immédiate à la violence.

    …En réalité, l’extrémisme violent se singularise par son caractère multidimensionnel et complexe. La multi dimensionnalité de la menace commande de gouverner autrement, d’abandonner l’autoritarisme et l’unilatéralisme au profit d’une gouvernance globale et partagée…

    On a beaucoup parlé de la nécessité d’une collaboration civils et forces de défense et de sécurité. Est-ce un pari tenable quand on connait la verticalité des relations entre les militaires et les populations civiles ?
    Si l’implication des forces de défense et de sécurité parait assez musclée au regard de certaines pratiques présumées, les expériences et des initiatives sur le terrain témoignent de leur implication dans la prévention de l’extrémisme violent. C’est dire que les forces de sécurité et de défense, les nôtres tout au moins, jouent un rôle essentiel dans le travail de prévention. Ce travail a été fait en amont d’une part et en aval d’autre part.

    Bref par la haute hiérarchie militaire et sur les théâtres des opérations. Car en haut lieu, on a compris que le préalable à l’établissement de la sécurité est la présence de l’Etat dans la vie des populations et l’existence d’un Etat de droit. Afin de construire le front contre la dégradation de la cohésion sociale, les curricula militaires intègrent désormais le droit international humanitaire et les droits spécifiques comme les droits de l’enfant, les droits des réfugiés avec la constitution d’un pool d’instructeurs à cet effet. Pour ce qui est de l’implication des populations, même si le chemin à parcourir reste encore long en matière de participation citoyenne, il faut se féliciter de ce qu’on a obtenu jusqu’ici dans le cadre de la lutte contre Boko Haram notamment.

    …Les forces de sécurité et de défense, les nôtres tout au moins, jouent un rôle essentiel dans le travail de prévention. (…) Car en haut lieu, on a compris que le préalable à l’établissement de la sécurité est la présence de l’Etat dans la vie des populations et l’existence d’un Etat de droit…

    Qu’en est-il de la résilience face à l’extrémisme?
    Vous savez, le comportement des forces de défense et de sécurité est important à travers la conduite de la riposte face aux actions des extrémistes violents. A la vérité la qualité de la riposte renforce la capacité des populations à résister face aux pressions multiples, dissipe la crainte des représailles, établit et maintient un climat de compréhension et de confiance mutuelle entre la population et l’armée. A cet effet, en plus des initiatives comme le G5 Sahel, d’autres idées sont en cours d’élaboration pour adapter la riposte.

    Un autre pan du débat se situe au niveau de la synergie d’actions. Quel votre regard là-dessus ?
    Partant de la mise en exergue de l’existence d’un cycle de violence qui prend racine dans divers facteurs tels que la politique patrimoniale, la pauvreté, les inégalités, le chômage, on ne peut aboutir qu’à la conclusion que le cercle vicieux de la violence impose un changement de paradigme avec l’adoption d’un nouveau mode de gouvernance. Celle-ci devrait répondre aux doléances de façon concrète, pratique et objective, renforcer les mécanismes de gestion des menaces, forger l’inclusion.
    En réalité, l’extrémisme violent se singularise par son caractère multidimensionnel et complexe. La multi dimensionnalité de la menace commande de gouverner autrement, d’abandonner l’autoritarisme et l’unilatéralisme au profit d’une gouvernance globale et partagée. Cette dernière implique l’ouverture et impose le concours de plusieurs acteurs: l’Etat, les forces de défense, les chefs religieux et coutumiers, les organisations de la société civile, les personnes vulnérables, les organismes de coopération internationale.

    Interview réalisée à Maroua par

    Jean-René Meva’a Amougou

  • CEEAC–CEDEAO: conseil de guerre conjoint le 30 juillet

    CEEAC–CEDEAO: conseil de guerre conjoint le 30 juillet

    En marge du 31e sommet de l’Union africaine, les chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) ont tenu un conclave.

    Les chefs d’État d’Afrique centrale en séance de travail à Nouakchott.

    A l’ordre du jour figuraient les questions liées à la sécurité notamment en RCA et en RDC, au sommet de la CEEAC et à celui conjoint avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Au terme de cette rencontre, Ali Bongo Ondimba, président du Gabon et de la CEEAC, a confirmé la tenue du sommet conjoint CEEAC-CEDEAO le 30 juillet 2018 à Lomé au Togo. Il sera précédé d’une réunion ministérielle le 28 du même mois. La thématique de cette rencontre portera sur la paix, la sécurité, la radicalisation et l’extrémisme violent et donnera l’occasion aux deux sous-régions d’examiner les questions d’intérêt commun.

    Longtemps attendue par les Etats et les observateurs, la rencontre est présentée comme charnière pour deux régions donc le niveau de dépendance mutuelle s’est davantage accrue. Avec 3000 km de frontière partagée, les deux communautés économiques régionales subissent communément les menées terroristes de Boko Haram dans la région du lac Tchad. Si les deux communautés sont déjà engagées dans la réduction de la piraterie maritime dans le golfe de Guinée, la formule reste à trouver pour une montée en régime de cette stratégie commune. La question des échanges économiques n’est pas en reste non plus, l’extrémisme faisant son lit où baignent misère et précarité.

    Au cours de cette réunion, les présidents des Républiques du Tchad et de Guinée équatoriale, le Premier ministre du Cameroun et les représentants de Sao Tomé-et-Principe et du Burundi ont fait un exposé sur la situation politico-sécuritaire dans leurs pays. Par ailleurs, tous les chefs d’Etat présents, dont Ali Bongo Ondimba, Denis Sassou Nguesso, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, Idriss Deby Itno et les chefs de délégation, ont appelé à plus de solidarité dans notre zone communautaire notamment dans la prise en charge des défis et des enjeux propres à notre sous-région.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Projets intégrateurs: Les financements du pont sur le Logone bouclés

    Projets intégrateurs: Les financements du pont sur le Logone bouclés

    Des accords de prêts entre le Cameroun et la Banque africaine de développement signés le 24 mai à Busan en Corée du Sud.

    Le moment des paraphes à Busan

    Les 56 milliards de francs CFA nécessaires au financement du projet régional intégrateur du réseau routier dans le bassin du lac Tchad -reliant le Cameroun et le Tchad- sont disponibles. En marge des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (Bad), les deux derniers accords de prêts, d’un montant global de 29,65 milliards de francs CFA, ont été signés entre l’institution financière africaine et l’Etat du Cameroun.

    Le directeur général pour l’Afrique centrale, Ousmane Doré, a paraphé les documents pour la Bad. Le ministre de l’Economie de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey, en a fait autant pour le Cameroun. Cet acte marque la fin du processus de mobilisation des financements de ce projet. En effet, fin avril, il avait déjà fait l’objet d’une convention de financement signée à Bruxelles avec l’Union européenne (UE). Un don de 26,24 milliards de francs CFA, au titre de la contribution de l’UE à la réalisation du projet.

    Parmi les activités inscrites à ce projet intégrateur, il y a la construction d’un pont sur le fleuve Logone, entre les villes de Bongor au Tchad et Yagoua au Cameroun d’une longueur totale de 620 mètres linéaires; la construction d’une route de raccordement sur environ 14 km de part et d’autre des deux villes; et des aménagements connexes portant sur la réhabilitation d’infrastructures socioéconomiques et la promotion des activités entrepreneuriales des femmes et des jeunes en vue d’amplifier les impacts du projet.
    «Ce projet s’inscrit dans les priorités stratégiques des deux pays et est conforme à la stratégie à long terme 2013-2022 de la banque, qui accorde la priorité aux infrastructures à caractère régional.

    Il s’intègre à deux des axes majeurs des cinq priorités opérationnelles de la Banque, les High5 notamment, «Intégrer l’Afrique» et «Améliorer la qualité de vie des populations en Afrique», explique Ousmane Doré. «Le projet est en cohérence avec le document «Cameroun Vision 2035» qui considère que le développement des infrastructures doit être étroitement encadré par les objectifs économiques visant entre autres à transformer le pays en principal carrefour des échanges en Afrique centrale», indique pour sa part Alamine Ousmane Mey.

    Le projet vise l’amélioration du système de transport de la région du bassin du Lac Tchad et le développement de la compétitivité économique de cette zone transfrontalière, par la création d’une nouvelle route de transit. Ce projet est particulièrement important du fait des enjeux sécuritaires de la zone, en proie à la menace de la secte Boko-Haram.

    Grâce à une meilleure circulation des personnes et des biens entre les deux pays, et au désenclavement des zones à fortes potentialités économiques du Nord du Cameroun (agriculture, minerais, bois…) et du Sud – Ouest du Tchad, les coûts de transport seront réduits, les conditions de vie des populations riveraines de la route seront améliorées, le commerce et le transit facilités.

    Bobo Ousmanou

  • Climat social, insécurité, infrastructures…La peinture noire de la France sur le Cameroun

    Climat social, insécurité, infrastructures…La peinture noire de la France sur le Cameroun

    Axe Yaoundé-Douala, l’un des sujets d’inquiétude de la France.

     

    Le secrétariat d’État en charge des Français de l’étranger dresse un tableau sombre de la situation du pays.

     

    «Français au #Cameroun: les déplacements dans le Nord-ouest et le Sud-ouest sont désormais déconseillés aux voyageurs, sauf raison impérative. Avant de voyager dans le pays, consultez toutes nos recommandations sur @francediplo https://bit.ly/2ITXhUo». Emis en début d’après-midi du 26 mars 2018, le tweet de S.E. Gilles Thibault, ambassadeur de France au Cameroun, invite la communauté française résidant ou de passage dans le pays à la prudence. Dans son libellé, le post du plénipotentiaire français se structure autour de deux phrases. Indicative, la première laisse deviner clairement la situation actuelle dans la partie anglophone du Cameroun. Par les extensions qu’elle suggère, la seconde fait du diplomate français le relais des autorités de l’Hexagone.

     

    Risques

    Dans une récente édition de France Diplomatie (une publication du secrétariat d’État en charge des Français de l’étranger), le visage dangereux du Cameroun est peint grâce à un listing exhaustif des risques encourus par les citoyens français à certains endroits du pays. Le document évoque systématiquement, entre autres, le risque d’enlèvement. Il existe en particulier dans l’Extrême-Nord en raison d’incursions du groupe terroriste Boko Haram. «Les Occidentaux sont particulièrement ciblés», avisent les autorités françaises. Elles ne manquent pas d’évoquer la situation sécuritaire «dégradée depuis la fin de l’année 2017» dans le Nord-ouest et le Sud-ouest. Avec à la clé, des enlèvements ciblant des étrangers présents dans ces régions. Sont aussi évoqués, des faits de délinquance dans les villes (vols à l’arrachée, agressions), des «coupeurs de route» dans les campagnes, notamment dans les régions proches du Tchad et de la Centrafrique. Et le secrétariat d’État en charge des Français de l’étranger d’aviser: «La vigilance et le bon sens permettent de s’en prémunir (éviter de conduire de nuit sur des routes isolées, éviter certains quartiers…)». Dans les grandes agglomérations, il est conseillé de prendre des précautions, tant lors des déplacements (à pied ou en véhicule) qu’au domicile (hôtel, appartement situé en étage, villa). «Des rôdeurs isolés, mais aussi des bandes organisées, se livrent à des cambriolages et agressions nocturnes», lit-on dans la publication.

     

    Climat social

    «Les routes camerounaises sont dangereuses», dit le secrétariat d’État en charge des Français de l’étranger. A l’en croire, l’axe Yaoundé-Douala est le plus tristement réputé avec la présence de camions transportant du bois (grumiers), dont l’état des véhicules souvent défaillant et les dépassements dangereux constituent un danger permanent. «La plus grande vigilance est recommandée et la circulation de nuit est déconseillée», appuie la partie française. Plus loin, c’est une sorte de coming out expectatif montrant un Cameroun parcouru de vives tensions politiques et sociales. «Une détérioration des conditions de vie pourrait mener à des manifestations de mécontentement», lit-on.

    Jean-René Meva’aAmougou