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Sylvestre Essono : «Nos objectifs sont liés à la valorisation du café camerounais»

Le directeur des opérations du Conseil interprofessionnel du cacao et café (CICC) donne un aperçu des innovations attendues dès 2024 dans l’optique d’améliorer les conditions d’accès à de nouveaux marchés de café.

 

Le Conseil interprofessionnel du cacao et du café lance dès janvier prochain la «Décennie du café camerounais». De quoi s’agit-il concrètement?
Le CICC, en partenariat avec tous les autres acteurs voudrait engager le secteur vers le grade supérieur, notamment avec l’amélioration de la qualité des produits. Il y a aujourd’hui des marchés auquel le café camerounais n’a pas accès parce qu’il ne remplit pas un certain nombre de conditions. Dès 2024, nous engageons le travail et le processus devant nous conduire vers la catégorie qu’on appelle le «café de spécialité». C’est tout un segment de marché. Et il commence dès la plantation jusqu’au moment où on va le livrer. Tout doit être tracé, les processus doivent être connus et documentés de telle sorte que, celui qui prend une tasse de ce café peut cliquer et savoir que ce café vient de la plantation d’un tel; cette plantation est étendue sur deux Hectares; au moment où le café a été récolté, il l’a été grâce aux efforts de dix personnes; il a suivi tel traitement post-récolte… C’est tout ce travail que nous allons engager avec le café camerounais dès l’année 2024.

Où en sont les travaux autour de ce système de traçabilité auquel vous faites référence?
Le système de traçabilité est aujourd’hui très avancé pour ce qui est du cacao. Nous allons faire de même en ce qui concerne le café. Un premier pas est déjà fait. Une bonne partie des producteurs, et notamment tous les jeunes qui sont dans le programmes «New generation» sont déjà identifiés. C’est-à-dire que nous pouvons leur produire des cartes aujourd’hui et nous pouvons vous dire avec exactitude où ils sont situés.

La 2e phase du système de traçabilité c’est de géolocaliser leurs plantations. À ce niveau, il s’agira de mesurer les superficies de plantation de manière à améliorer la productivité. En mesurant les superficies, cela va nous permettre de rationaliser les interventions et d’améliorer la productivité. Et toutes ces données vont entrer dans le système. À partir de là, on pourra connaitre le lieu et la superficie des plantations; ainsi que le profil du planteur en peu de temps. Si c’est une femme, est-ce qu’elle est veuve? Est-ce qu’elle est allée à l’école? Si c’est un homme, est-ce qu’il travaille en groupe dans une coopérative? Maintenant il faut savoir qui achète le café auprès des producteurs. La personne revend à qui avant que le produit parvienne jusqu’en Europe. En Europe on veut savoir quel est l’itinéraire que le café va suivre. On ira même jusqu’à préciser les différents produits qui auront été utilisés pour les traitements de ces plantations. Voilà un peu le dessin du système de traçabilité qui va être lancé pour le café, dans les prochains mois. Pour ce qui est du cacao, il reste juste à finaliser mais on a déjà les chiffres. Actuellement, nous comptons près de 90 000 producteurs identifiés. Dans le même sens, on a près de 60 000 parcelles géolocalisées.

Cette décennie qui commence doit nous conduire en 2026 vers l’essor des cafés de spécialité «made in Cameroun». À quoi doit-on s’attendre?
Ce sont des cafés de luxe et quand vous êtes reconnus dans cette catégorie, les acheteurs ne discutent pas le prix du produit. Un travail a commencé dans ce sens. Nous avons des groupes de jeunes que nous avons enrôlés dans la caféiculture. Ils produisent aujourd’hui du café de qualité. Nous continuons à travailler pour que, dans les prochains mois, ils améliorent encore la qualité. De ce fait, d’ici l’année 2026 ils seront des producteurs de café accomplis. Surtout qu’entre temps, la traçabilité et l’amélioration des traitements post-récoltes seront optimisés. Le secrétaire exécutif a parlé de tout ce que nous développons comme partenariat avec ceux qui achèteront ce café hors de nos frontières. Nous sommes en train de travailler avec les indiens, qui sont réputés pour leur expertise dans le domaine, à l’effet d’atteindre ce niveau. Entre temps, des torréfacteurs français seront dans nos murs en janvier 2024. Nos partenaires indiens aussi. Ce qu’il faut savoir c’est qu’en matière de café de spécialité, le producteur vend ce qu’il produit. Donc on entre dans un système où c’est l’offre qui conduit la demande.

Interview menée par
Louise Nsana

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