Sur fond de querelles à la succession…le zinzin s’invite au colloque Mvog-Manga
En plus des activités reportées sine die, arguments et contre-arguments s’entrelacent autour du trône resté vacant depuis au moins 37 ans à la chefferie de 2e degré de cette localité de la Mefou-et-Afamba.
Signés d’une main sûre, les deux formats d’affiche (le moyen et le grand) déclinent un casting assez flambant pour les quatre jours (14-18 novembre 2023) du «Colloque Mvog-Manga». Mgr Jean Mbarga (archevêque métropolitain de Yaoundé) pour une communication spéciale sur «l’Afrique humaine»; Pr Louis Martin Onguéné Essono (ancien doyen de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Yaoundé I) pour un exposé sur «Le Mvog Manga: De ses origines ancestrales à l’épreuve de la mondialisation»; Colonel à la retraite Nguede Mbarga pour parler de «l’elâŋ-ndán et du tamtam parleur chez les Mvog Manga»; Dr François Bingono Bingono (journaliste émérite et chercheur sur l’épistémologie de la crypto-communication africaine) pour dire un mot sur «La symbolique ekaŋ en thanatologie: Le discours sur la mort»… Du beau monde pour garder un fond à plusieurs objectifs: «donner des explications sur l’origine du peuple Mvog Manga, les migrations, les traditions, les considérations sur la chefferie traditionnelle, les coutumes; permettre aux générations futures de prendre le relai en toute connaissance de cause», selon Joseph Hyacinthe Owona Kono. Pendant un jour, on y croit.
Et puis… patatras!
«La Chefferie de 2e degré de Mvog Manga 2 a l’honneur de vous informer d’un léger décalage dans le programme des activités organisées dans le cadre de l’intronisation de Sa Majesté Joseph Hyacinthe Owona Kono. Le programme actualisé vous sera communiqué dans les meilleurs délais», annonce le comité d’organisation dans la matinée du 15 novembre 2023. Portées par une correspondance signée le 3 novembre 2023 par Samuel Mvondo Ayolo (directeur du cabinet civil à la présidence de la République, DCC), plusieurs indiscrétions ressortent un vieux dossier et une vieille rengaine: le «coup d’État orchestré par une tendance bien minoritaire aujourd’hui est totalement éventré». Sur les réseaux sociaux, la violence verbale est sans frein. Entre cynisme affiché et désengagement désabusé, l’ensemble se déploie selon la logique du pour ou contre. Il y en a qui bottent en touche les écrits du DCC, en les considérant comme faux. Et il y en a qui les valident d’un trait.
Argument contre argument
«Partez de la chefferie et allez confesser, la main droite sur la tombe de Étienne Mbarga, que c’est à vous que revient la chefferie». Depuis des années, Léon Mewoli Zambo tient ce discours à l’endroit de ceux qu’il décrit lui-même. «Je parle à ces hallucinés magistraux, qui font connaître à leurs rêves insensés un prolongement dans la réalité. Je parle à ces grands déboîtés de la vie quotidienne qui préfèrent caracoler sur les talus de l’insolite plutôt que d’évoluer sur les chemins de la norme». À ceux-là et à leurs suppôts, il propose un test généalogique où mythologie, sorcellerie et hermétisme s’unissent pour construire un décor à la vérité. Au sujet des disputes autour du trône de la chefferie du Groupement Mvog-Manga, cette vérité-là a déjà été dite par les vivants. «Le ministre de l’Administration territoriale nous a fait parvenir une correspondance en août 2022. Et dans celle-ci, il nous demande de saisir le préfet de la Mefou-et-Afamba, puisque la légitimité de Engelbert Ohanda, vrai descendant d’Étienne Mbarga, ne souffre d’aucune équivoque», renseigne Léon Mewoli Zambo
Depuis des années, la succession à la chefferie de 2e degré des Mvog-Manga est dérangée par des débats sans fin et des polémiques interminables. Malgré cette situation confuse, qui laisse soupçonner «un blocage» (selon lui), Engelbert Ohanda se dit conforté par des éléments de fond contenus dans la correspondance N°001446 /L/ MINAT/ SG/ DOT/ SDTCT/ SCT1/ 2 du 9 juin 2021. «C’est le document qui m’oblige à baisser le rideau du silence, sans bien sûr accepter ce hold-up orchestré par des usurpateurs pour donner une image brouillonne de la communauté Mvog-Manga», assure-t-il. Sans nommer ses «concurrents», Engelbert Ohanda clame qu’il est allé prêter serment sur la tombe de son grand-père Étienne Mbarga. «Voilà pourquoi je n’ai aucun problème et voilà pourquoi je m’insurge contre la tyrannie de la désinformation, l’apathie du public et la pauvreté des débats qui accompagnent le camp d’en face», argue-t-il.
Entre temps, Joseph Hyacinthe Owona Kono se montre serein. «Je suis Mvog-Bandolo, descendant de Étienne Mbarga, unanimement désigné comme chef de groupement Mvog-Manga selon l’arrêté 000027/A/Minat/du 23 mars 2023, prêt à jouer ce rôle après 37 ans de vacance du trône. Je voudrais d’abord compter sur toutes les bonnes volontés qui ont conscience de ce que notre appartenance à ce peuple-là, y compris ceux qui nous ont rejoint; y compris ceux qui nous ont adoptés ou que nous avons adoptés. Nous ferons la liaison; par exemple en pays Eton nous ferons la liaison avec les Beka’a ou les Bekassa, les Bayizolo. Nous avons les Nya Manga dans le Mbam. Ce sont aussi des Mvog-Manga. C’est une œuvre de longue haleine et nous allons essayer, avec l’appui des uns et des autres, de créer cette cohésion ou cette unité. Mon chantier immédiat, c’est rassembler pour qu’ensemble nous puissions relever le peuple. On a besoin des forces des uns et des autres pour que nous puissions d’abord retrouver cette cohésion et qu’ensemble nous puissions impulser le développement autour de nous», scande-t-il.
Bobo Ousmanou