Stratégie marketing des nouveaux : le démarchage à domicile fait école à Yaoundé

Dans la capitale, le porte à porte est la méthode choisie par les responsables des établissements privés laïcs du primaire et du secondaire.

La prolifération des établissements scolaires à la veille de la rentrée scolaire à Yaoundé amène les promoteurs et les enseignants à repenser leurs stratégies pour avoir le maximum d’élèves. Les bonnes vieilles campagnes publicitaires menées ces dernières années via des véhicules diffusant des spots et vantant les mérites des établissements scolaires semblent désuètes. Même les tracts publicitaires semblent aussi dépassés. Pour la rentrée scolaire 2023-2024, les promoteurs ont décidé de privilégier des campagnes de sensibilisation dans les domiciles. Le but visé par ces derniers est clair : présenter leurs écoles sous un angle glorieux aux parents d’élèves. « Nous faisons le porte à porte que nous baptisons prospection. L’objectif est d’amener les parents à inscrire leurs enfants dans notre école qui offrent un cadre meilleur et innovant»,

Déploiement
Parcourir le maximum de domiciles à travers le déploiement des équipes de prospection est la tactique arrêtée. Les moyens de déploiement diffèrent toutefois. Certains responsables allouent des moyens de transport. C’est le cas avec le Complexe scolaire La Merveilleuse de Mikan où les équipes bénéficient d’un bus de transport des élèves. Celui-ci dépose les enseignants dans des endroits précis à l’instar de la chapelle de Meyo, afin que ces derniers commencent le pèlerinage.

Au complexe Maxel par contre, les instructions sont données aux enseignants de commencer la prospection dès le matin. «Plus besoin de repartir à l’école pour les instructions du principal et du directeur», affirme Michel Nga, enseignante dans cet établissement. On apprend de cette dame que les prospecteurs sont répartis en groupe avec un chef d’équipe. «Celui-ci détient un appareil de géolocalisation. Il marque le parcours de tout un chacun», révèle le chef d’équipe.

Ce matin du mercredi 16 août 2023, six prospecteurs d’établissements différents prenant position au lieu-dit Borne 12 Odza. Ils sillonnent le quartier pour attirer les élèves via leurs parents. Parmi eux, Queen, potentiellement enseignante au Complexe scolaire Ave Maria de Toutouli (Yaoundé 4e). Elle veut elle-même conduire les parents dans l’établissement. La jeune dame veut maximiser ses chances, puisqu’elle postule pour être recrutée dans cet établissement. « J’ai déposé mon dossier et on nous impose la prospection. On va faire comment ?», s’interroge-t-elle.

Appréciation
Les populations vivantes à Meyo, Toutouli, Barrière, et Borne 10 pour ne citer que ces quartiers du sud de la capitale, sont contentes et bénéficient de cette promotion, compte tenu des difficultés que leur progéniture éprouve pour se rendre dans d’autres établissements. L’autoroute Yaoundé-Nsimalen a chamboulé la géographie du coin. Catherine Nkou, parent d’élèves, dit ne pas être au courant de l’existence d’une école à moins d’un kilomètre de son domicile. «Mes enfants ne parent plus au Lycée de Minkan. Il y a trop de risques pour traverser l’autoroute», se satisfait la dame fait aux prospecteurs. «La prospection consiste aussi à informer les populations que les écoles existent dans leur environnement direct», ajoute l’une des enseignantes anglophones rencontrées chez la dame.

Enquêtes
De nombreux autres parents qualifient cette méthode de harcèlement. Dame Ahanda, parent d’élèves, en vient quasiment aux mains avec certains prospecteurs. «Ils se comportent comme certains évangélistes; ce qui n’est pas bon», insiste la dame.

«Il faut d’abord voir l’école et discuter avec les responsables avant de faire quoi que ce soit», ajoute Essama, parent d’élèves résidant à Ayéné dans l’arrondissement de Yaoundé 4e. Il pense qu’on peut avoir à faire aux marchands d’illusions.

André Gromyko Balla