Il s’appelait Diego Armando Maradona
Footballeur génialissime, personnalité fantasque digne de rockstar, amoureux et passionné du ballon rond, symbole du possibilisme dans l’échelle sociale, Diego Maradona a fait rêver au-delà des frontières de son imaginaire.
Le monde pleure Diego Armando Maradona. Le génie, le bon vivant, le distributeur de belles nostalgies et de bonnes humeurs. Il suffit de surfer dans la bibliothèque de surnoms octroyés: «Pibe de Oro», «Pelusa», «Cerf-volant cosmique», «D10S».
Ce 25 novembre 2020, D10s nous a quittés. Arraché à nous par un arrêt cardiaque! L’Afrique pleure Diego Armando Maradona. Celui qui a fait rêver tant de générations d’Africains, de footballeurs noirs, de gamins… Celui qui a déchainé les passions les plus insoupçonnées chez des millions d’Africains.
Immortel
Pelé, Platini, Ronaldo, Zidane, Eto’o, Drogba, Cristiano Ronaldo, Léonel Messi… toute la corporation, toute la profession, toutes les légendes du football saluent la légende. Tous s’inclinent devant celui qui a donné une certaine dimension au football. Maradona a créé des exploits symboliques dans le sport le plus célèbre du monde, qui ont fait de lui une figure extrasportive, unique ou, comme, pour les fidèles de l’église de Maradoniana, une figure divine.
Il est le seul de toute l’histoire du football à avoir inscrit un but litigieux dans la légende: la fameuse «main de Dieu». Au cours du même match, quart de finale de la coupe du monde 1986, le 22 juin de cette année-là, il fait une course de 52 mètres en 10 secondes, balle au pied, déjouant les tacles et autres barrages des Anglais, pour inscrire un but anthologique. La FIFA n’aura pas de choix, le but est nommé «but du siècle».
Quelques jours plus tard, l’Argentine remportait sa deuxième Coupe du monde. Et Maradona est devenu le leader d’un peuple qui, selon le récit, n’abandonne pas.
Populiste?
Cette immortalité de Diego Armando Maradona était davantage ancrée sur sa connexion avec les classes populaires. Il savait provoquer en elles l’envie du dépassement de soi. En Amérique du Sud, en Afrique et partout dans le monde. Il savait être ami avec les hommes du peuple: Fidèle Castro, Nelson Mandela, Muhammad Kadhafi, Hugo Chávez, Nicolás Maduro, Cristina Kirchner. Parfois, il les soutenait simplement: on peut évoquer son tatouage de «Che» Guevara, son militantisme péroniste. Voilà pourquoi quand on voulait rallier les peuples, on appelait Maradona.
À chacune de ses visites en Afrique, il se faisait plaisir! Il bat le stade d’Abidjan en match amical avec Boca Juniors à Abidjan (Côte d’Ivoire) en octobre 1981. En Algérie, décembre 2013, il se lâche à un «one, two, three… Viva l’Agérie!!». Après, avoir salué la libération du peuple argentin. À ses deux passages au Maroc, il ne manque pas de haranguer la foule d’un «j’aime le roi, vive le roi!!».
Argentine VS Cameroun
Le 8 juin 1990, au mythique stade San Siro, le Cameroun de Stephen Tataw et d’Oman-Biyik rencontre l’Argentine de Maradona, championne du monde en titre. C’est le match d’ouverture du mondial 1990 en Italie. Pour le monde entier, y compris le Cameroun, le match est déjà plié. Il ne manque plus qu’à savoir quel sera le score. Maradona, le capitaine argentin, sera-t-il meilleur buteur de la compétition dès le premier match du mondial? La légende n’aide pas les téléspectateurs et surtout ses adversaires avec sa fameuse séquence de jongles précédent le coup de sifflet initial. Il jongle devant les caméras: des pieds, de la tête, des épaules.
Sur le terrain, la réalité est bien différente, une fois la partie entamée! Les Lions indomptables du Cameroun sont très engagés. En témoignent les deux cartons rouges reçus. Les Argentins eux aussi ne se laissent pas impressionner par les assauts et duels physiques imposés par les Camerounais. Finalement, c’est sur un coup de tête d’Oman-Biyik à la 67e minute de jeu qui scelle le sort de la partie. Maradona déclare que «si le Cameroun a gagné, c’est parce que c’était la meilleure équipe». Coéquipier d’Alphonse Tchami à Boca Junior entre 1995 et 1997, il va solliciter des uns contre uns au Camerounais pour avoir sa revanche!
Il s’appelait Diego Armando Maradona!!!
Rémy Biniou