Revêtement des murs et peintures en détail : les petites bourses «en haut» à Yaoundé
Tout le monde trouve son compte. Immersion dans quelques endroits dédiés à la production de la peinture en litre.
20 ans, c’est le nombre d’années passées par Jonas dans la vente des peintures en bouteilles à Yaoundé. Il est considéré dans le coin comme un grossiste pour détaillants. L’homme à la cinquantaine est propriétaire de 15 dépôts de peinture en détail dans la capitale camerounaise. «C’est un business que je fais depuis le début des années 2000. Et je ne peux plus changer parce que je suis devenu un vrai monsieur avec la vente en détail de la peinture», argumente le vendeur. Faute de moyen pour avoir une quincaillerie, Jonas dans un endroit autrefois marécageux possède aujourd’hui un emplacement stratégique, constituant aussi sa base arrière en termes de composition de peinture. Il dit être le pionnier de cette commercialisation. «C’est moi le père des bouteilles de 1,5 le litre». Et tout commence par le porte-à-porte dans les quartiers de Yaoundé 2e.
Dans son laboratoire de composition de peinture à Tsinga-Élobi, son épouse Solange est la maîtresse des lieux. À l’entrée de l’atelier, se trouve des bouteilles de 1,5 litre de toutes les couleurs (vert, jaune, rouge, marron, bleu la liste n’est pas exhaustive). «C’est la peinture à eau». Et la bouteille est vendue à 1 500 FCFA. Elle parle vaguement du processus de composition. «La plupart des gens ne maîtrise pas le processus et c’est notre secret», confesse la dame.
Vendeurs
Pour avoir le haut de gamme, c’est-à-dire la peinture à huile, il faut passer la commande et débourser 4 500 FCFA la bouteille. Jonas se vante d’être dans le cercle des rares vendeurs de peinture. Faisant de lui un homme très respecté dans ce milieu. «Je ne me vante pas, mais on ne compte pas 5 détaillants de la peinture à huile ici à Ongola (Yaoundé). Et c’est ça ma force», souligne-t-il. En dehors de Tsinga-Élobi, Jonas possède ses points de vente à Mvog-mbi, Essos et Odza. Il est également livreur dans les quincailleries de la ville. Ne lui demandez pas son chiffre d’affaires, «il y a les secrets qu’on ne révèle pas». Selon le vendeur, la composition de cette peinture ne nécessite pas trop d’outils. A en croire son épouse, en dehors des récipients, l’entonnoir est l’outil le plus indispensable. «Si tu n’as pas les entonnoirs, tu ne peux pas composer la matière, parce que l’on utilise plusieurs couleurs. Nous achetons la peinture en tonne et on compose avec les colorants», argumente la dame.
Du côté d’Olezoa, dans le 3e arrondissement, au lieu-dit «Trois Statues», dans un milieu où les récipients constituent la marchandise principale, Jean kalvin trouve son compte. Il tient un petit comptoir dans lequel il expose les bouteilles peintures. Sa stratégie est d’accoster les particuliers venus acheter les citernes pour la construction des châteaux d’eau. La plupart de ces acheteurs sont encore en chantier, cela est donc une aubaine pour lui. Avec l’aide de ses frères, il propose sa marchandise aux clients. En réalité, ce comptoir est l’arbre qui cache la forêt. Il expose les bouteilles, pourtant son domicile est une grande maison de production et de vente de peinture, explique une source. Néanmoins, il avoue avoir plus une clientèle aux revenus modestes. «Mes clients sont pauvres. Celui-là achète au maximum 3 bouteilles et il demande d’enlever quelque chose», ironise-t-il.
Peintre
Les peintres des quartiers populaires sont les plus heureux, parce qu’ils ne dépensent pas non seulement en matière de réflexion, mais aussi en économie. Mbarga, peintre attitré d’Etam-Bafia, dans le 4e arrondissement, achète uniquement les bouteilles en litre. Comme marché gagné cette semaine, une chambre dans un endroit marécageux. Ce dernier avec un sachet de King Arthur (whisky en sachet) dans la bouche achète 2 bouteilles de peinture composée. Sans discuter, il donne 2 500 au lieu de 3 000 FCFA au quincailler ambulant. «Tu n’ignores rien gars, je donne le prix du technicien. Ma cliente doit entrer demain, donc je me dépêche». D’un pas de course, il disparaît, il gagne 500 FCFA.
André Gromyko Balla