André-Marie Mbida : Premier arrêt après sa mort

Sous la coordination du diocèse d’Obala, en collaboration avec la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC), la commémoration du centenaire du tout premier Premier ministre du Cameroun vise à réécrire un pan important de l’histoire du pays.

«André-Marie Mbida, premier Premier ministre (PM) camerounais – 1917-1980, autopsie d’une carrière politique ». Ainsi s’intitule l’ouvrage paru en janvier 1993 chez l’Harmattan. Son auteur, Pr Daniel Abwa, met à la disposition du public des détails peuplés à la fois de célébration, d’indignation, de scandale et de controverses. En tout cas, le premier angle retenu par l’enseignant-historien camerounais relève d’une approche successivement institutionnelle, sociologique, politique et finalement chronologique. Le second éprouve la place et le rôle d’un homme à l’aune des compétitions et rivalités politiques en scène peu avant l’indépendance du Cameroun.

Ce sont ces considérations ultimes qui justifient que rédacteurs de la plaquette de la commémoration de la disparition d’André-Marie Mbida y réfléchissent justement. «Cette position primordiale ne pouvait lui être attribuée que par Dieu, le Maître du temps, dont il était lui-même un grand serviteur, au point de vouloir d’ailleurs Lui consacrer sa vie en tant que prêtre. Mais le Tout-Puissant avait d’autres desseins pour cet homme qu’il avait préférentiellement conduit dans le monde politique où il devait administrer, non pas une simple paroisse, mais toute une nation. Pour la mener où ? La réponse est simple: vers son destin, vers la liberté, vers l’indépendance et à travers la voie parlementaire, à travers des joutes oratoires dont son passé d’études classiques et son métier d’avocat lui donnaient les capacités nécessaires», y lit-on.

Au vrai…
La place tenue par André-Marie Mbida dans les choix et les orientations politiques du Cameroun doit être rappelée. «Il s’agit pour nous de faire en sorte qu’il soit définitivement rétabli dans son statut, ses droits et de lui rendre les honneurs dus à son rang d’ancien Chef d’État. De plus, la famille demande qu’on lui remette officiellement tous ses attributs de Grand maître des ordres nationaux, dont il fut le tout premier en 1957, lorsqu’il créa l’ordre national de la valeur», scande un membre du comité d’organisation.

Sans prétendre à une quelconque exhaustivité en la matière, il convient d’évoquer quelques figures se situant, y compris à ses confins, dans la galaxie André-Marie Mbida. Un nom émerge clairement : Paul Biya. Une certaine chronique dit que l’actuel président de la République du Cameroun a croisé la route André-Marie Mbida à la porte d’entrée au lycée Leclerc. Sur la base de cette anecdote, il convient de rapporter à l’interrogation générale sur l’entreprise répressive et épuratrice voulue par certains.

«Il n’est pas du tout normal qu’on encense les maquisards et d’autres personnages politiques qui agit contre la république et l’Etat et qu’on néglige ou qu’on jette dans l’oubli un vrai démocrate et un vrai républicain qui a toujours aimé et servi ce pays et son peuple dignement sans rien faire contre le peuple et les institutions qu’il a toujours défendu», peste un autre membre du comité d’organisation. Toutefois, le Cameroun profite de ce mois de mai qui est finalement celui d’André-Marie Mbida. Il a été nommé PM le 10 mai 1957 et est décédé à Paris le 2 mai 1980. Voilà pourquoi cette période est propice.

Jean-René Meva’a Amougou

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