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Postes de péage : la bataille des commerçants

Une virée avec les commerçants dans quelques péages se trouvant dans les entrées de la capitale camerounaise.

Une vue du commerce à un poste de péage au Cameroun

Là où la route passe le développement suit, dit-on. Désormais, là où se trouve le péage, le commerce suit. Ces endroits sont devenus de véritables pôles économiques pour des localités, en attirant les populations environnantes. Celles-ci viennent faire du commerce pour vivre. Ce commerce s’accompagne également de son lot de problèmes. Désormais on assiste aux clashs entre les vendeurs.

Ce lundi 4 février au péage de Mbankomo (Okoa-maria) sur la nationale n°3, une grosse querelle éclate entre dame Ayissi quinquagénaire et Sandrine, sa jeune collègue. La femme âgée accuse sa jeune collègue de duplicité. Elle reçoit un dépôt Mobile Money de 25 000 FCFA, de la part d’une de ses fidèles clientes résidant à Douala. La veille, cette dernière a pris un sac de bâton de manioc dans le comptoir de dame Ayissi. Subrepticement, Sandrine profite de l’absence de son aînée pour glisser sa marchandise. «Le MOMO là est le mien», dit la jeune dame. Cette phrase sonne comme un parjure pour la plus âgée. Une querelle attirant la curiosité des autres vendeuses et passagers éclate. «Voleuse de clients, tu vends, tu remplaces mon bâton par le tiens et tu le vends à ma cliente pourquoi? Alors que tu sais que cette dame vient toujours dans mon comptoir», crie la dame. La colère de sa collègue ne se fait pas attendre, «je ne peux pas vendre la marchandise d’une autre personne. La dame m’a fait comprendre qu’elle payera dans votre MOMO», réagit-elle. «Elle paye dans mon MOMO parce qu’elle croit que c’est mon bâton», explique-t-elle.

Coalition
Dans l’entrée Est de la villede Yaoundé au péage de Nkolmeyang, arrondissement de Nkol-Afamba, Mabele et Angel s’associent pour venir à bout de Magne, nouvellement venue. Elles lui reprochent de ne pas se rapprocher des anciens. Alors que la règle tacite sur les lieux est de vendre un produit spécifique. Cette stratégie permet aux vendeurs d’être spécialisés et d’avoir moins de concurrence. Sauf que Magne déroge à cette règle, elle vend presque tous les produits du coin (bâton de manioc, manioc, mbita cola ananas). Pour contrecarrer l’appétit vorace de cette dernière, elles décident de mutualiser les forces. Cela consiste à proposer les produits de l’autre vendeuse aux passagers, avant l’arrivée de Magne qui doit courir avec tous ses produits. Sans oublier la mise en quarantaine. Ce qui épuise Magne qui ne peut pas courir auprès de toutes les voitures. Au bout d’une semaine de bras de fer, elle finit par respecter la loi du péage. « Dès demain, je vais uniquement vendre le bâton de manioc», lâche-t-elle.

Espace
Du côté d’Essazock (arrondissement de Mfou) au péage de Nsimalen, il faut être «garçon», comme disent les Camerounais, pour commercer dans ce péage. Francky souhaite sortir du milieu de la drogue et se lancer dans la vente du Mbita kola. Il se heurte à un problème, où s’installer? La commercialisation du Mbita kola est la chasse gardée de certaines personnes dans ce péage. «Les anciens utilisent l’argument de la drogue pour que je ne vende pas ici. Ils craignent que je grignote leurs parts dans la vente», argumente-il. Mais avec le soutien de son ami Michel, il réalise une vente de plus de 15 000 FCFA. Avec ce résultat satisfaisant, il décide de se lancer contre vent et marée dans ce domaine.

André Gromyko Balla

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