Pâques fait passer le chrétien de la peur au courage
C’est à juste titre que la liturgie orientale appelle Pâques la fête des fêtes, la solennité des solennités, le jour pas comme les autres. Pourquoi? Parce que les ténèbres du Golgotha n’ont pas réussi à éteindre la lumière, parce que la peur qui habitait les humains a été vaincue.
C’est sur le mot «peur» que je voudrais axer ma méditation. Marie-Madeleine, Marie, la mère de Jacques, et Salomé se rendirent certes au tombeau, mais elles étaient tenaillées par la peur. Elles avaient peur que Jésus ait été enlevé de ce tombeau. Elles avaient peur comme Adam qui avait peur de se montrer à Dieu parce qu’il était nu, comme les fils d’Israël qui avaient peur de mourir de faim et de soif au désert et de Dieu car on ne pouvait à cette époque rencontrer Dieu sans mourir.
Nous aussi, il nous arrive bien souvent d’avoir peur: peur du qu’en-dira-t-on qui fait que certains s’obstinent à rester dans le mariage, la prêtrise ou la vie religieuse alors que tout le monde voit qu’ils y sont malheureux et complètement éteints, peur du regard et du jugement des autres, peur que les cadets ne fassent mieux et ne soient plus appréciés que nous, peur de ne pas être à la hauteur de la tâche, peur de décevoir, peur de manquer de temps ou d’argent, peur de la prison ou de la mort, peur d’être critiqué et rejeté, peur de s’engager en dénonçant l’injustice, l’imposture et la dictature, peur d’approcher celui qui est différent de nous, etc.
Or ce qu’il y a de mauvais et de dangereux dans la peur, c’est qu’elle nous paralyse, nous empêche d’agir et nous tue à petit feu.
Au cœur du message pascal, il y a d’abord et avant tout la recommandation suivante: «N’ayez pas peur!», Jésus ressuscité nous libère de toute peur.
Nous ne pouvons pas célébrer Pâques et continuer à vivre dans la peur, continuer à regarder à droite et à gauche avant d’ouvrir la bouche, continuer à penser que nous allons mourir ou disparaître si nous coupons le cordon ombilical qui nous relie à telle ou telle ancienne puissance colonisatrice, peur d’aller au village sous prétexte que nous risquerions d’être mangés ou tués par des sorciers, etc.
Ce que Pâques nous enseigne par-dessus tout, c’est que ceux qui osent frayer un nouveau chemin ou tenir un discours dérangeant ou déroutant finissent par triompher des épreuves comme Ousmane Sonko et Bassirou Faye qui en quelques jours sont passés de la prison à la présidence.
Joyeuses Pâques à tous!
Jean-Claude Djéréké