“Obom” : Quand l’habit fait le chef chez les Ekang
Tenue traditionnelle d’apparat, elle cristallise la flamboyance des dignitaires des régions de l’Est, du Sud et du Centre du Cameroun.
Les beti, bulu, Sanaga, Ntumu et les Fang. Voilà les tribus dans lesquelles on retrouve cette tunique appelée «Obom». Et ce n’est pas n’importe quelle personne ou n’importe quand qu’on arbore cet anorak. Il est exclusivement réservé aux chefs traditionnels, voire à une personne ayant acquis une certaine place dans la société. C’est un symbole de noblesse et de grandeur. Autrement dit, les personnes habilitées à le mettre sont de façon restrictive les chefs supérieurs de 1er degré, les chefs de 2e degré ou chef de groupement et les chefs de 3e degré ou chef de village et de quartiers, sans oublier les notables.
Historiographie-renaissance
Entendre parler d’Obom est synonyme de «solo» dans le football ou de grosse culote gonflé au niveau des jambes. Que non, c’est une tunique traditionnelle que les chefs Ekang arborent de plus en plus avec fierté. Le vêtement étant considéré comme la seconde peau, et les humains venant au monde avec une peau fragile, exposé aux agents dangereux contre la nature, se protègent. Pour Bingono Bingono anthropologue et patriarche, «la fibre végétale de l’Obom a été découverte chez les peuples de la forêt, particulièrement les Ekang. Cette usage est venu avec le tissage, c’est-à-dire le tissage des jupes en pailles».
Mais le renouveau de ce vêtement survient lors du Comice agropastoral de 2011 d’Ebolowa, capitale régionale du Sud. Toujours selon Bingono Bingono, «c’est lorsque le président de la République a été fait Nnom Nguii», évoque-t-il. Il ajoute que «C’est là, le point de redépart et d’affirmation du revêtement d’apparat des peuples de la foret». Il tient à ajouter que c’est la communauté culturelle qui créée un vêtement. «Cet habit a été laissé un tant soit peu avec la découverte de la toile moderne», précise le traditionaliste.
Usage
Arborer l’Obom dépend des orientations au sein du grand groupe Ekang. Ainsi, «le Bene ne le porte pas comme un Ewondo», déclare sa majesté Justin Amougou Manga, chef de village Nkolmeyang II. Selon lui, le bene le porte pour presque toutes les cérémonies traditionnelles. Alors que le chef Ewondo le met pour des circonstances exceptionnelles. Pour plus d’informations, le souverain renseigne que le bene le porte lors des mariages traditionnels, les deuils, les rites expiatoires (tso) ou encore les fêtes importantes. Quant au chef Ewondo, il ne le met que pour des grandes cérémonies comme l’intronisation.
Où le trouver
C’est un habit fait à base d’essences très précieuses et riches en symbole comme le Baobab, l’essingan ou encore l’ilon, pour ne citer que ceux-là. «Il existe très exactement cinq essences via lesquels on fabrique l’Obom». D’après l’anthropologue patriarche en effet, «seul cinq essences sont utilisés, elles représentent cinq couleurs». Le processus d’obtention des tissus est très minutieux, il nécessite plus de temps et de tact.
Mise en garde
Selon le président des chefs traditionnels du Mfoundi Abanda PI, «quiconque s’hasarde à porter cette tunique s’exposent à de lourdes représailles métaphysiques». Ce que réfute Bingono Bingono. Car selon le patriarche, «toute personne peut porter cette tunique». Seul, les prix d’achats font la différence.
André Gromyko Balla