Monnaie électronique : taux d’utilisation en hausse en zone Cemac
Selon le rapport de la Beac, la sous-région Afrique centrale fait des progrès dans le recours à ce moyen de paiement. Tous les 5 indicateurs sont au vert.
Le rapport 2022 de la Beac montre que l’activité des services adossés à la monnaie électronique progresse. Le lien en avant a été déclenché en 2021 lors de l’apparition de la pandémie à coronavirus. Cette percée des monnaies électroniques est perceptible tant sur les plans nationaux, qu’à l’échelle sous-régionale. Cela est dû à la hausse des principaux indicateurs relatifs à l’accès et à l’utilisation de ce mode de paiement par les populations. Et le Cameroun étant la principale place financière de la Cemac, la monnaie électronique et booste cette activité. Pour comprendre cette évolution, la Beac fait une comparaison sur 2 années. Elle va de 2021 à 2022. Cinq indicateurs sont mis en avant.
Indicateurs
Le premier concerne l’évolution de l’activité. Dans le rapport, au soir du 31 décembre, l’on dénombre 329 911 distributeurs Mobile Money au sein de la zone Cemac. Alors qu’en 2021 on comptait 24 576 distributeurs à la même période. On enregistre une progression de +34,15%. Celle-ci découle de la suppression de l’exclusivité des points de distribution et à la vulgarisation des distributeurs de proximité lit-on dans le rapport. En termes de transactions, la zone Cemac a effectué 2,3 milliards de transactions à travers le système de paiement par monnaie électronique en 2022. En termes de pourcentage, l’on enregistre une évolution de 20,66% différemment à l’année 2021. En termes de valeur, on passe de 20 596 milliards FCFA en 2021 à 23 332 milliards FCFA en 2022.
S’agissant de l’évolution des comptes de souscripteurs aux produits de monnaie électronique, la Cemac connaît aussi une grande. L’on compte 35 millions en décembre 2021. Alors qu’en fin 2022, l’on enregistre 37 millions de comptes. Soit une augmentation de 6,74%. Cette année-là est qualifiée par les experts de la Beac d’année de la maturité parce que le taux d’actifs est resté constant autour de 40% entre 2021 et 2020.
Recharges de portemonnaie électronique
Selon le rapport de l’institution bancaire, les recharges de portemonnaie électronique plus connues sous l’appellation des dépôts en espèces, ont atteint 8 015 milliards FCFA. Alors qu’ils sont de l’ordre de 7 419 milliards en 2021, soit une hausse de 8,03%. Au même moment, la valeur moyenne de l’opération de la monnaie électronique dans la Cemac passe de 10 817 FCFA en 2021 à 9 685 FCFA en 2022. Cette baisse «est une conséquence de la massification numérique et de l’inclusion financière», apprend-on.
Quant au paiement par monnaie électronique, l’on enregistre une forte augmentation en 2022. Le mode de paiement a en effet permis aux citoyens de la Cemac de payer leurs biens et services. Soit 2172 milliards FCFA, contre 1480 milliards en 2021. Deux facteurs justifient cette évolution. Il s’agit de l’abandon progressif du crédit téléphonique comme moyen de paiement et de la multiplication des points de distribution.
D’après le rapport, l’interopérabilité de la Gimac (Groupe interbancaire monétique de l’Afrique centrale) a traité plus de 7,303 millions de transaction de monnaie électronique en 2022. Soit un montant dépassant 224,199 milliards FCFA. Cette transaction est plus accrue entre le Cameroun et le Gabon, avec 60,5%.
André Gromyko Balla
Rapport sur les surveillances de paiement dans la zone Cemac en 2022
Rappel des dispositifs juridiques
Dans son rapport, la Banque des États de l’Afrique centrale fait une mise aux points pour les acteurs de son système financier.
«Nul n’est censé ignorer la loi». Un dicton que la Beac reprend à son compte dans son rapport. Le but est de rappeler aux États membres qu’il existe certaines dispositions légales. Elle profite aussi de l’occasion pour s’arrimer aux standards de la finance internationale. Elle rappelle alors qu’elle dispose d’une série de loi permettant de ne pas être en marge de ses homologues. Pour plus de précision, le rapport fait état de cinq règlements et deux instructions.
Règlements
Le rapport de 2022 dénombre sept lois. Parmi ces dernières, on compte la loi sur le Règlement N03/16/CEMAC/UMAC/CM du 21 décembre 2016 relatif aux systèmes, moyens et incidents de paiement. Cette dernière définit le moyen comme un «instrument qui permet à toute personne de transférer des fonds en inscrivant le montant réglé au début d’un compte ouvert dans les livres d’un établissement assujetti». Le rapport va plus loin lorsqu’il précise les moyens de payement de la zone Cemac. On a, entre autres, le chèque, la lettre de changes, le billet d’ordre, le virement, le prélèvement, la carte de paiement et la monnaie électronique. L’article 1 définit également les différents moyens de paiement dans le texte.
Le deuxième règlement est relatif aux services de paiement dans la Cemac. Il s’agit du règlement N04/18/CEMAC/COBAC du 21 décembre 20218. Ce dernier définit les activités entrant dans ce qu’elle appelle «service de paiement», sans oublier la typologie des ordres de paiement.
Le rapporté évoque également l’adoption d’un règlement sur la protection des consommateurs des produits et services bancaires de la Cemac. On parle du règlement N01/20/CEMAC/UMAC/COBAC du 03 juillet 2020. Pour cela trois types d’établissements sont identifiés comme «prestataires de service de paiement». On a: les établissements de crédit; les établissements de microcrédit et les établissements de paiement qui sont des personnes morales prestataires de services de paiement autre qu’un établissement de crédit. À en croire le rapport, ces établissements de paiement sont «soumis aux mêmes réglementations que les établissements financiers».
Le quatrième règlement est relatif à l’agrément et aux modifications de situation des prestataires de services de paiement. On parle de Règlement COBAC R-2019/01. Il est question ici de responsabiliser les opérateurs de télécommunications, «en les incitants d’une part à créer des filiales dédiées aux services de paiement et opérer par-là, une scission entre leurs activités de télécommunication et leurs activités financières».
Le dernier règlement est relatif aux normes prudentielles applicables aux établissements de paiements. On parle de Règlement COBACR-2019/02. Ici, le numéro de téléphone portable fonctionne comme un compte de dépôt ou un compte de paiement.
Instructions
Deux instructions récemment introduites figurent dans le rapport. Il s’agit précisément de l’instruction N 001/GR/2018 du 10 août 2018. Cette dernière est relative à la «définition de l’étendue de l’interopérabilité et de l’interbancarité des systèmes et moyens de paiement en zone Cemac. La dernière instruction quant à elle date du 12 mai 2021. Cette dernière est relative à la normalisation et fonctionnements des comptes de paiement et du compte de cantonnement. Il s’agit de l’instruction N 002/GR/2021.
AGB
Explosion du potentiel énergétique de la CEEAC: l’étincelle de Luanda
Le destin énergétique de la sous-région Afrique centrale s’est peut-être joué la semaine dernière à Luanda en Angola. À s’en tenir à l’objectif poursuivi par la Commission de la CEEAC bien représentée et à l’initiative de la première rencontre des organes de gouvernance du Centre pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique de l’Afrique centrale (CEREEAC) . Car pour Marie Thérèse Chantal Germaine Ngakono épse Mfoula Edjomo, «le défi majeur reste en effet l’accès aux formes modernes de l’énergie, alors que paradoxalement, la région est particulièrement bien dotée en ressources énergétiques aussi bien fossiles que renouvelables». Le commissaire de la CEEAC appelle pour cela à considérer que c’est cette « inadéquation entre le potentiel et sa mise en valeur qui explique en partie, le faible accès à l’énergie dans la région Afrique centrale (inférieur à 40% pour l’ électricité), et le faible niveau de développement économique et social, avec une industrialisation encore insignifiante».
Jean Pierre Ndoutoume, chef de l’Unité de démarrage du CEREEAC, était partie de la délégation. Un attelage dont la mission était en définitive «d’obtenir un consensus sur l’ensemble des textes fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du Centre». Marie Thérèse Chantal Germaine Ngakono épse Mfoula Edjomo a notamment insisté sur « l’appui et une forte implication de l’Angola qui abrite pour la première fois une institution spécialisée de la CEEAC ». Dans l’intérêt bien compris des populations et des économies de la sous-région. Et compte tenu du «potentiel en énergies renouvelables très appréciable et qui devrait permettre de satisfaire la demande en électricité de la région, voire au-delà», a souligné la responsabilité communautaire.
Certains indicateurs lui donnent raison. Entre autres, « le gisement solaire qui offre des flux comprend entre 5 et 7,5 kWh/m²/jour ; le gisement éolien qui recèle un potentiel de développement important; et le potentiel hydroélectrique de la région qui représente environ 58% de celui de tout le continent». Son listing mentionne en outre « l’immense forêt du Bassin du Congo qui constitue une source importante de biomasse, qui demeure encore l’énergie utilisée par 80% des ménages dans la région ; et enfin, le potentiel géothermique, qui pourrait également constituer l’un des socles du développement énergétique en Afrique centrale».
Théodore Ayissi Ayissi