Malaria en Afrique centrale: quand les morts font du bruit

Gros œil sur les chiffres compilés à l’échelle de quelques pays de la sous-région. «Les moustiques, quand ils nous vrombissent à l’oreille, ils ne se contentent pas de pourrir nos nuits. Ils nous injectent également la mort. Ils en sont les vecteurs les plus efficaces en Afrique». Sous ses airs caricaturaux, la phrase de l’épidémiologiste congolais Abel Nsyimana a de quoi faire frémir, tant les données collectées à travers le continent rebutent plus d’un. «L’Afrique concentre l’écrasante majorité des victimes du paludisme, soit 95% des cas et 96% des décès. 80% des victimes africaines sont des enfants de moins de 5 ans», renseigne l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Dans cette cartographie de la mort, l’Afrique centrale n’est pas absente.

Selon des données factuelles du Severe Malaria Observatory (SMO), «en 2023, au Gabon, le taux de morbidité a été estimé à plus de 20%». À en croire SMO, «le paludisme a aussi été à l’origine de 40% des hospitalisations dans le pays et a provoqué une moyenne de 6,73% de décès chez les enfants de moins de 5 ans». «L’incidence est de l’ordre de 472 pour 1000 enfants exposés au risque de paludisme durant cette même année», appuie Gabon Meddia Time dans son édition du 14 septembre 2023.

Centrafrique
«Avec un nourrisson sur 24 qui meurt avant d’atteindre l’âge d’un mois, la Centrafrique affiche le deuxième taux de mortalité néonatale le plus élevé au monde derrière le Pakistan. Frappant particulièrement les femmes et les enfants, la maladie est à la base des deux tiers des consultations pédiatriques des enfants de moins de 5 ans. On compte 1,3 millions de cas confirmés de paludisme en 2023, dont plus de 660 000 enfants de moins de 5 ans. Cette année, 3689 personnes sont mortes du paludisme dont 670 enfants de moins de 5 ans», lit-on dans un récent rapport de l’OMS.

Cameroun
D’après SMO, le pays fait partie des quinze pays africains les plus touchés par le paludisme, avec 2,9% de cas et de décès dans le monde et 2,4% des décès dus au paludisme en 2020. Les cas suspects de paludisme ont constitué 30% des consultations médicales et 21% des visites dans des établissements de santé ont donné lieu à un diagnostic de paludisme confirmé en laboratoire ces huit dernières années. Entre 2017 et 2020, le nombre de cas a augmenté de 3,8%, passant de 250 à 260 pour 1 000 habitants à risque. Durant la même période, le taux de mortalité a légèrement augmenté de 0,8%, passant de 0,55 à 0,56 pour 1 000 habitants à risque. «Cela en fait l’un des pays les plus touchés d’Afrique centrale», conclut SMO.

Congo-Brazzaville
La maladie tue chaque année en moyenne 850 congolais, selon les statistiques officielles. Celles-ci indiquent que dans le pays, le taux de mortalité est estimé à 18,4%. «Pour les enfants de moins de 5 ans, le paludisme représente 52,8% des causes de consultation externe, 44,1% des causes d’hospitalisation et 28% des causes de décès au niveau des hôpitaux», apprend-on.

Tchad
Sur la foi de son rapport annuel 2022 sur le paludisme, le pays fait état de 1 028 800 cas de paludisme dont 192 928 cas graves. Au total, signale le rapport, 8 880 décès ont été enregistrés. Près de 35,96% des décès imputables au paludisme concernaient les enfants de moins de cinq ans et ainsi que les femmes.

Louise Nsana