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Lutte contre la haine tribale : du discours politique à l’acte

La Gendarmerie nationale procède désormais à l’arrestation de toute personne se rendant coupable de ces faits.

Le Cameroun sanctionne d’un emprisonnement d’1 à 2 ans et d’une amende de 300 000 à 3 000 000 FCFA toute personne qui tient des discours de haine ou incite à la violence sur autrui sur la base tribale. Cette disposition légale est prévue dans le Code pénal version 2019. Elle marque les premiers pas du pays dans la lutte contre les discours haineux. Cet article de la loi est cependant resté, jusqu’au 25 mai 2023, une simple émanation de l’ambition des politiques. Il a fait l’objet d’un rappel du ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, et du président de la Commission nationale du bilinguisme et du multiculturalisme (CNPBM), Peter Mafany Musonge, le 18 mai dernier. Pendant ce temps sur la scène publique, la tendance est aux attaques tribales et à la valorisation du repli identitaire.

Yves Landry Galax Etoga, patron de la Gendarmerie nationale, sonne la fin de la récréation. Il appelle ses collaborateurs à «procéder systématiquement à l’interpellation et à l’ouverture des procédures judiciaires à l’encontre de toute personne se rendant coupable d’apologie de haine tribale». Dans un message-porté ce 25 mai, Galax Etoga décrit toute l’ampleur qu’a pris le phénomène. «L’apologie de haine menée par certains leaders d’opinion et des individus malveillants dans les réseaux sociaux et autres plateformes communicationnelles constituent actuellement une préoccupation socio-sécuritaire majeure susceptible de fragiliser l’unité et la cohésion sociale», écrit-il.

Il donne ainsi corps aux ultimatums du ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji. Ce dernier a mis en garde médias et citoyens le 22 mai dernier, contre la propagation des messages haineux, tribalistes et xénophobes. Il appelle par ailleurs à revêtir les valeurs du vivre-ensemble.

Louise Nsana

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