Les crimes de l’argent venu d’ailleurs
Surfacturation, projets immatures, administration fiscale guère efficiente voire corruption, sont pointés du doigt comme les tristes résultats de la gestion des fonds obtenus par l’endettement.

« Nous sommes très proches du moment où nous récolterons les fruits d’années de sacrifices et d’efforts difficiles », se réjouissait Paul Biya en fin d’année 2005. Le chef de l’État, postulent quelques analystes, entrevoyait déjà l’admission de son pays à l’Initiative PPTE (Pays pauvres très endettés). Le 1er mai 2006, la « bonne nouvelle » retentit depuis les couloirs des Conseils d’administration du FMI et de la Banque mondiale. « Quand elles ont été décidées, ces actions devaient sans doute être un remède à prise unique et faire disparaître le problème de la dette au Cameroun. Or, à peine 20 ans après, nous voici revenus quasiment au point de départ », regrette Charles Bongwen Linjap.
L’expert de la PFIAD relève que, ces 10 dernières années, le Cameroun a obtenu beaucoup d’argent des bailleurs internationaux pour réaliser ses investissements retenus dans le DSCE (Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi). « Au final, pas grand-chose hormis quelques réussites », pose Charles Bongwen Linjap. Il explique que les trajectoires prises par « cet argent venu d’ailleurs est à l’image de la série de ratés, de projets qui piétinent (autoroutes Douala-Yaoundé et Nsimalen-Yaoundé ; Stade Paul Biya entre autres) et d’opérations contestables (500 mille ordinateurs au profit des étudiants financés par un endettement de 75 milliards FCFA) ».
Jean-René Meva’a Amougou