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Le général Tiani et le combat pour les réparations

Le 14 février 2024, le général Abdourahamane Tiani a parlé haut, fort et juste en appelant “la France qui exploite les ressources africaines depuis plus de 107 ans, ce qui a entraîné l’appauvrissement des populations locales, à s’attaquer immédiatement aux dettes résultant de plusieurs décennies de pillage”.

En d’autres termes, le président nigérien exige des réparations pour les injustices subies par les Africains pendant la colonisation qui, de l’avis d’Aimé Césaire, ne fut pas civilisation mais barbarie, exploitation et chosification de l’homme noir (cf. “Discours sur le colonialisme”, Paris, Présence Africaine, 1950).

La réparation est un mot que les anciens pays colonisateurs n’aiment pas entendre. Ils veulent bien demander pardon pour leurs crimes mais ne jugent pas nécessaire de verser des réparations aux descendants des victimes. C’est le cas de l’Allemagne. Le ministre des Affaires étrangères, Heiko Josef Maas, reconnut bel et bien, le 28 mai 2021, que son pays commit un génocide (65 000 Hereros et 10 000 Namas furent massacrés) pendant l’occupation de la Namibie entre 1904 et 1908, mais il ne parla pas de dédommagement. Maas fit savoir que son pays mettra tout au plus en place “un programme de plus de 1,1 milliard d’euros sur une période de 30 ans sous forme de dépenses d’infrastructure, de soins de santé et de programmes de formation au profit des communautés touchées”.
Quand un dédommagement a lieu, ce qui est rare, il ne concerne que des individus. Ainsi, selon l’historienne camerounaise Olivette Otele, la Grande-Bretagne paya des dédommagements pour les Mau Mau du Kenya, massacrés dans les années 1950.

Le 7 avril 2003, Jean-Bertrand Aristide, alors président d’Haïti, avait demandé des réparations financières à l’ancienne puissance colonisatrice française. Ancien prêtre et partisan de la théologie de la libération qui fit florès en Amérique latine dans les années 1970 et 1980, Aristide s’était simplement rappelé que la France avait obligé son pays à rétribuer les anciens esclavagistes pour une liberté que les Haïtiens avaient arrachée de haute lutte sur le champ de bataille. L’argent versé par Haïti à la France est évalué par “The New York Time” qui a consulté des milliers de pages d’archives à des centaines de millions de dollars…

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