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Kennedy à Yaoundé : l’Avenue de tous les combats

Rien ne va toujours pas entre la mairie de la ville et les commerçants dans cet espace commercial, où le jeu du chat et de la souris dure une éternité.

L’Avenue Kennedy comme un ring

Le «Plan de mobilité urbaine soutenable», c’est le slogan trouvé par la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) pour redonner une image nouvelle à la capitale. L’Avenue Kennedy est un de ces endroits où est censé prendre corps cette vision. L’objectif de Luc Messi Atangana, maire de la ville, est en réalité de ne plus voir les vendeurs écumer cette place marchande à la réputation déjà bien établie dans la capitale. Ces commerçants ont été délogés pour être réinstallés au marché « Ongola » situé à quelques pas de là. Mais force est de constater que les choses ne se passent pas comme voulues par les autorités communales. Les vendeurs de téléphones, ordinateurs portables, chargeurs de téléphones et ordinateurs, lunettes, photos, vêtements et chaussures… occupent de nouveau cet espace. La raison donnée par les concernés est que le marché Ongola est déjà saturé. « Nous faisons un commentaire pour vendre, il n’y a plus de place là-bas, tout est occupé. En plus, il existe toujours un marché noir dans toutes les grandes villes, ce marché ne peut pas disparaître », confient-ils.

Mode opératoire
Comment ces gens font-ils pour s’installer alors que les agents de la mairie sont là ? Cette question posée par Ruth, une passagère qui se rend au marché central, trouve la réponse auprès d’Oumarou. Le vendeur des chargeurs de téléphone raconte son quotidien et celui de ses collègues en cet après-midi du 10 août. Pour lui, il a fallu que les commerçants s’adaptent en « réduisant la taille des comptoirs et des marchandises exposées ». Ce qui permet aux uns et aux autres d’être toujours parés face aux agents de la mairie et de la police. « Nous pouvons ramasser très rapidement nos marchandises », explique-t-il. Ceux qui sont dans la vente des vêtements sont obligés d’avoir leurs marchandises avec eux. «Quand  »awara » (appellation des agents de CUY, Ndlr) arrive, tu portes simplement ton sac et tu les traverses. Ils ne peuvent pas te déranger parce que tu es mobile», dit-il. Les rambardes, qui sont destinées à empêcher la circulation des véhicules, des comptoirs et des bancs aux commerçants. « Nous avons même plus d’espaces qu’avant », ajoute Ayano, vendeur de veste. Une nouvelle conception est même créée. « Ne jamais être loin de sa marchandise ». Parce que c’est «chacun pour soi», confie encore Oumarou.
S’agissant des ventes, son collègue Fabrice, vendeur de vestes, est satisfait. Il salue également le retour des clients. «Nous recommandons à avoir des clients et aujourd’hui, j’ai plus de 12 000 FCFA de bénéfices», se réjouit-il.

CUY
La mairie de la ville peine à chasser ces derniers, malgré un appui de la police. Des commerçants et certains agents de la CUY confirment pourtant que des descentes sont effectuées quand la route est libre. «Awara fait des descentes quand il n’y a pas d’embouteillages. C’est à ce moment qu’ils en profitent parce que leurs voitures roulent vite et ils peuvent donc ramasser les marchandises», apprend-on auprès des différents protagonistes. Mais en début d’année, la CUY était plus incisive. Certains agents communs la disent face à un dilemme : celui du libertinage et des arrestations arbitraires. Des sources présumées auprès de la CUY avouent que les plaintes liées à ces arrestations ont commencé à généraliser les autorités. «Ils ont dû abandonner cette méthode pour des débarquements surprises», ajoute la même source. « Avant, quand ils s’arrêtaient, on t’amenait au commissariat et tu devais payer à partir de 50 000 FCFA pour sortir. Moi personnellement, j’ai donné 100 000 FCFA parce que j’ai été arrêté deux fois», assure-t-il.

André Gromyko Balla

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