À partir de 2026, les entités publiques devront s’acquitter régulièrement de leurs factures, non sous la contrainte, mais sous le signe d’une responsabilité partagée.
Dans les méandres d’un réseau souvent secoué par les dettes et les promesses différées, l’État camerounais a choisi la lumière plutôt que le blâme. Dès 2026, les administrations publiques seront tenues de régler leurs factures d’électricité de manière régulière, non pas sous la pression, mais dans un esprit de responsabilité collective. Avec le soutien de ses partenaires, le Cameroun veut bâtir un mécanisme pérenne de paiement intégral et régulier des consommations publiques. Les établissements d’État verront leurs factures intégrées aux fichiers de salaires, les arriérés seront budgétisés, et les subventions viendront équilibrer les comptes. Une symphonie comptable où chaque note vise la continuité du courant.
Au cœur de cette réforme, c’est une main tendue vers Eneo, gardien parfois chancelant de l’énergie nationale. Ce mouvement s’inscrit dans le Compact énergie national, feuille de route vers un avenir plus durable.
Depuis des années, les retards de paiement des administrations pèsent comme une ombre sur les comptes du concessionnaire. La trésorerie vacille, les investissements s’essoufflent, et l’équilibre du service public se trouve menacé. Mais Yaoundé refuse de céder à la facilité du reproche. Le gouvernement agit avec bienveillance, choisissant d’assainir, de stabiliser, de réparer. La logique punitive s’efface au profit d’un pacte de confiance et de transparence.
Modèle
L’État central, lui aussi, veut montrer l’exemple. Selon nos informations, avant fin 2025, il réglera ses dettes croisées avec Eneo et installera des compteurs intelligents sur ses sites officiels. Un texte réglementaire fixera le tempo des règlements, gage de prévisibilité pour l’opérateur.
« Nous émettons près de sept milliards FCFA de factures mensuelles, mais les paiements restent souvent en deçà », confiait récemment Amine Homman Ludiye, directeur général d’Eneo. Le Trésor, tel un ange gardien, a déjà plusieurs fois pris le relais, évitant que la flamme ne vacille.
En 2021, face aux dettes d’Alucam dépassant cinquante milliards, l’État s’est encore substitué à son entreprise pour préserver la stabilité du réseau. Ce geste, loin d’un simple secours financier, illustre une philosophie : celle d’un État protecteur, conscient que la lumière est un bien commun.
En rallumant la confiance et en disciplinant la dépense, le Cameroun éclaire la voie d’un partenariat réinventé. Entre rigueur et solidarité, l’électricité retrouve son souffle. Et dans cette clarté nouvelle, l’État et Eneo avancent ensemble vers un horizon où l’énergie devient promesse, et la promesse, lumière.
Ongoung Zong Bella
