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Pillages au nom du « changement »: quand l’après-élection devient la haute saison des bandits

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Pillage sous couvert du"changement"

Pendant que certains citoyens apprécient les résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre dernier, d’autres comptent leur butin avec un professionnalisme déconcertant.

Pillage sous couvert du »changement »

À Douala, capitale économique du pays, le spectacle est saisissant : étals vidés, véhicules abandonnés sur les grands axes, et commerçants interloqués qui découvrent, au réveil, que leurs biens ont voyagé sans ticket de retour. « C’est devenu une routine, un calendrier parallèle », ironise un vendeur de poisson dans le quartier Bonabéri, en vérifiant que son téléphone et son portefeuille sont toujours à portée de main.

Partout dans la ville, le scénario se répète avec la régularité d’un service postal. Dans les marchés et les ruelles, des barrages improvisés permettent à de petits malins de transformer une nuit ordinaire en chasse au trésor express. Vols à main armée, extorsions et pillages de magasins se succèdent, laissant derrière eux un parfum de chaos maîtrisé. « On pourrait presque parler de stratégie, si ce n’était pas nos poches qui trinquent », souffle un automobiliste, qui a vu son véhicule forcé sur la route de Maroua.

À Garoua, dans le Grand Nord, les habitants témoignent d’une même scène : la sécurité semble rythmée par un agenda invisible. Ici, un étal est vidé en une heure ; là, une boutique est forcée pendant la nuit. Les autorités locales, elles, se contentent de patrouilles sporadiques et de communiqués officiels alternant vigilance et silence. « On nous promet des interventions, mais on s’habitue vite à la routine », déplore une commerçante.

Débrouillardise

Face à cette situation, la débrouillardise devient un art de vivre. Les citoyens organisent des rondes de voisinage, créent des groupes WhatsApp de veille et multiplient les conseils de prudence. Le « do it yourself » sécuritaire s’impose comme une évidence, tandis que la démocratie semble parfois se conjuguer avec l’art de survivre. Dans les quartiers de Douala, le mot d’ordre est clair : compter sur soi-même, toujours.

Pour certains, l’après-élection reste un moment de réjouissance politique. Pour d’autres, il s’apparente à une épreuve de vigilance et d’ingéniosité face à des assauts réguliers. Entre espoir civique et cynisme du quotidien, le Cameroun observe, en silence ou en murmures, la répétition d’un scénario qui mêle pouvoir, hasard et opportunisme bien organisé. Les citoyens, quant à eux, savent que demain pourrait recommencer… et que la seule certitude est celle de se protéger.

Ongoung Zong Bella

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