Inclusion financière : les pays de la sous-région adhèrent
Inclusion financière
Dans les marchés émergents, la finance durable offre la possibilité d’accéder à de nouvelles sources de financement afin de développer un écosystème financier plus résilient. Elle vise aussi l’amélioration de la gestion des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance dans le secteur financier et l’accroissement des flux de capitaux vers des activités présentant des avantages environnementaux et sociaux.
À cet effet, le forum international tenu durant du 08 au 09 mai 2023 à Douala sous le thème «trajectoires vers la finance durable», avait pour objectif de sensibiliser et élaborer une vision commune dans la région tout en mettant l’accent sur l’inclusion financière, le changement climatique et le capital naturel. Cet échange de deux jours à Douala a réuni diverses institutions du secteur financier. Il est question d’évaluer avec l’appui de la Banque mondiale le chemin parcouru en matière de finance en zones Cemac et Uemoa; «L’objectif d’un forum comme celui-ci est de sensibiliser dans un premier temps les diverses parties prenantes à l’importance de la finance durable. Dans un deuxième temps commencer le dialogue et puis commencer à bâtir dans certains consensus en termes de l’étape à suivre pour introduire un cadre pour la finance durable dans la région», explique Martine Valcin, directrice coopération globale de la gouvernance au sein du Réseau de la banque et de la finance durable (Sustainable Banking and Finance Network (SBFN)). Soutenu par la SFI, il est la principale plateforme mondiale de partage des connaissances sur la finance durable pour les régulateurs du secteur financier et les associations bancaires des marchés émergents et des pays en développement. La Commission de surveillance des Marchés Financiers de l’Afrique Centrale (COSUMAF) a rejoint le réseau en avril 2022, et la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) en octobre 2022.
Diane Kenfack
Au vu des effets du changement climatique dans les pays de la Cemac, l’heure est aux réflexion et à la mise en œuvre.

«Selon les estimations, le Bassin du Congo aurait perdu environ 3,1 millions d’hectares de forêts au cours des cinq dernières années. Quant au lac Tchad, sa superficie est passée de 25 000 km2 à 1 500 km2 en l’espace de 50 ans, soit une réduction de près de 90 %. En effet, la déforestation, la sécheresse, la surexploitation et la variabilité hydro-climatologique mettent en péril les écosystèmes forestiers et les moyens de subsistance des populations avoisinante», constate Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Beac. Il y a urgence à investir dans les actions de développement durable. «L’exemple facile à comprendre c’est de permettre l’émission d’obligations vertes pour permettre de bâtir un barrage hydroélectrique qui est considéré comme de l’énergie renouvelable et qui vient diminuer des gaz à effet de serre. Pour le niveau social, favoriser la participation des femmes dans le marché du travail ou l’accès au microcrédit. C’est l’émission d’instrument financier qui permet de financer des activités qui ont des objectifs environnementaux ou sociaux», explique Marine Valcin, directrice Coopération globale de gouvernance. Fort de ces avantages, les pays de la sous-région ont intérêt à adhérer à ce projet de financement durable parce qu’il y a «beaucoup d’intérêt au niveau des investisseurs au niveau international pour trouver des opportunités d’investissements durables à travers la planète. Pour ce faire, il faut que l’Afrique se dote de mécanisme et de cadre réglementaire qui favorise la finance durable pour lesquels les investisseurs auront confiance que s’ils investissent dans une obligation verte, que les activités qui vont être soutenu par les obligations sont vraiment vertes. C’est tout un écosystème qu’on doit bâtir», ajoute-elle.
Finance verte
«Il y a le pendant vert et le pendant social. À travers ces investissements sociaux, on va permettre à nos États de concilier leurs ambitions avec les moyens financiers qui existent dans la sous-région», explique Danielle Bunduku-Latha, secrétaire général Cosumaf. Aussi «J’ai donné lors de mon panel le cas de la décharge d’Akouédo, qui était une décharge polluante avec des odeurs, on ne pouvait pas y habiter. Avec les financements cette décharge a été nettoyée et c’est devenu un Parc. Ça devient agréable à respirer. Tous les enfants y vont pour s’amuser», affirme Balima Mahamadi, responsable finance durable UEMOA.
Le besoin d’efficacité pour les entreprises du secteur financier s’impose face aux ravages que les phénomènes naturels engendrent sur les populations. Pour l’Afrique centrale est irréversible avec la sécheresse, les inondations meurtrières en cours. La situation rappelle l’urgence d’agir: «L’existence des marchés des obligations ouvertes par la Cemac, pourrait contribuer à surmonter les défis liés à la diversification de l’offre des produits et services financiers et à la mobilisation de l’épargne pour le financement des investissements verts. La pierre apportée par l’unification du marché financier sous régional pour attirer des nouveaux investissements intéressés. En attendant que les produits et service lié à la finance verte se déploie dans la Cemac, la Beac participe à l’actionnariat et à la banque de développement des États de l’Afrique centrale qui finance des projets et programmes verts notamment dans le secteur de l’énergie, de la résilience climatique et de la gestion durable des forêts», affirme le gouverneur de la Beac.
Dans les zones Cemac et UEMOA, le défi est double, la coordination des affaires en cours ou envisagé d’une part et d’autre part, la définition des standards communs devant guider la vision de la finance durable pour les pays concernés.
Diane Kenfack