Grâce aux bidets d’occasion…des jeunes se font des sous à Mokolo
Dans ce quartier de Yaoundé, ces sanitaires sont au centre d’un commerce porteur.
Ils font pitié au premier coup d’œil. Pourtant ces jeunes commerçants sont en réalité des mains de fer dans des gants de velours. Les vendeurs de bidets défectueux gagnent énormément d’argent en vendant leurs sanitaires reçus gratuitement des particuliers. «90% de nos bidets proviennent des nantis qui rénovent leurs maisons. Ils viennent même nous chercher ici à Mokolo pour enlever ça», explique Aboubakar, un jeune ressortissant du grand nord du Cameroun, par ailleurs grand vendeur de sanitaires d’occasion. Mais, après avoir reçu la marchandise, et une fois rentrés dans leur quartier général, ils deviennent très violents et peu conciliants. Les prix sont fixés selon le bon vouloir de chacun; et ils ne sont pas nombreux dans ce business.
Dans son comptoir atypique, jouxtant la barrière en matériaux provisoires protégeant les bâtiments en construction de l’extension du marché Mokolo, Aboubakar et ses deux compères sont aux fourneaux. Ils ont 6 bidets à remettre en bon état. Pour ce faire, ils se servent du papier vert pour nettoyer le bidet déjà lavé et la colle. «Ne leur demandez pas le nom de la colle, sinon vous aurez les problèmes avec eux; et ils sont déjà vibrés (drogués)», averti un vendeur des chaussettes. En réalité, ils achètent de la colle en présentant simplement les étuis. Ils ne savent ni lire, ni écrire. Mais ils savent très exactement ce dont ils ont besoin quand ils sont dans une quincaillerie. «Les quincaillers connaissent déjà les banana. Celui-la entre et il prend la colle au comptoir. Il revient donner l’argent après», renchérit le vendeur de chaussettes. Côté relookage, seul l’état du bidet détermine le temps qu’on prend pour coller et avoir une machine prêt à accueillir des utilisateurs. Mais, celles déjà rafistolées sont mises en vente. Aboubakar à deux types de bidet. Les complets contenant le réservoir, taxés à 25000 FCFA. Dans le pire des cas, il l’écoule à 22000 FCFA. Et les simples bidets sans réservoir pour chasser dont le prix varie entre 18000 et 20000 FCFA. Un passant essayant de regarder la marchandise est rabroué par ces derniers: «on ne guette pas ici, on achète sinon passe ta route».
À 50 mètres de là, Ali lave les fiches multiples qu’il vient de dépanner. Son voisin et propriétaire de bidets est absent. Il est donc obligé de vendre, 10000 FCFA le pot et ce n’est pas discutable. Celui avec le réservoir coûte 15000 FCFA. «Souley n’aime pas discuter le prix, il vend presque tous ses bidets à 10000 alors que les autres varient», prévient Ali. Souley est donc la bête noire des autres vendeurs de bidets rafistolés. On lui reproche de ne pas s’arrimer au fonctionnement du coin.
AGB